La vitamine C en médecine vétérinaire

nov. 16, 2023

L’acide ascorbique est la substance chimique qu’on appelle couramment « vitamine C ». La vitamine C est un nutriment essentiel pour l’humain, et on la prend souvent en supplément si l’apport alimentaire n’est pas suffisant. Cependant, ce n’est pas le cas pour la majorité des animaux. Chez toutes les espèces autres que les primates et les cobayes, la vitamine C est produite par le foie en raison de l’action d’une enzyme appelée « gulonolactone oxydase ». Ainsi, chez la majorité des espèces traitées en médecine vétérinaire, la vitamine C n’est pas un nutriment essentiel car ces espèces en produisent en quantité nécessaire. Comme il s’agit d’une vitamine hydrosoluble, elle se dissout dans l’eau et n’a pas de forme sous laquelle elle est stockée dans l’organisme. Elle est produite ou ingérée au besoin et il n’y a pas de réserves importantes dans lesquelles aller puiser.

La vitamine C joue plusieurs rôles dans l’organisme. L’un des plus importants est la production de collagène. Le collagène est un constituant principal des os, des dents et des fibres du tissu conjonctif, et il est produit pendant la croissance et le développement du squelette. La vitamine C est également essentielle pour la réparation des tissus endommagés. Les humains et les cobayes qui n’ont pas suffisamment de vitamine C dans leur alimentation peuvent développer le scorbut, une maladie caractérisée par un manque de collagène entraînant le déchaussement des dents, des saignements et d’autres problèmes. Cette maladie n’existe pas chez les chiens et les chats – ces derniers ne risquent pas d’avoir une carence en vitamine C car ils la produisent eux-mêmes.

En plus d’être un substrat pour la synthèse du collagène, la vitamine C joue un rôle antioxydant en raison de sa capacité à neutraliser les radicaux libres dérivés de l’oxygène. Elle a également des effets sur la fonction immunitaire. En outre, elle acidifie l’urine, ce qui peut être utile ou nocif selon les situations.

Il est bien connu qu’une carence en vitamine C est à l’origine de nombreux problèmes, mais la question de savoir si une quantité accrue ou « supranormale » de vitamine C est bénéfique ou non fait toujours l’objet d’un débat.

La recherche en médecine humaine a étudié le rôle de la vitamine C dans plusieurs affections, notamment le cancer, la septicémie grave et d’autres maladies potentiellement mortelles, ainsi que pour prévenir ou traiter des affections mineures comme le rhume. Jusqu’à maintenant, les résultats ont généralement été décevants. Certaines données suggèrent que la supplémentation en vitamine C peut réduire la durée du rhume, mais il y a peu d’autres preuves. Des recherches récentes en médecine humaine (voir l’essai « CITRIS ALI ») indiquent un effet minime ou nul dans les maladies graves, et la pertinence d’administrer de fortes doses pour le traitement du cancer n’a pas été démontrée.

La vitamine C peut être utilisée par les médecins vétérinaires dans certaines situations spécifiques, par exemple dans le traitement de certaines intoxications lorsque l’effet antioxydant ou l’acidification de l’urine peuvent être bénéfiques.

Même si elle n’est pas nécessaire dans la diète, la vitamine C est parfois ajoutée dans les diètes pour animaux en raison de sa capacité à agir comme antioxydant, pour que la nourriture se conserve plus longtemps et éviter qu’elle rancisse. L’efficacité de la vitamine C en tant qu’antioxydant est limitée, à moins qu’elle soit associée avec d’autres antioxydants tels que la vitamine E. La vitamine C est également peu stable à la température ambiante; par conséquent, les suppléments doivent généralement être réfrigérés. En effet, la vitamine C contenue dans les aliments ou les suppléments devient inactive après quelques mois à moins que les aliments ou suppléments aient été réfrigérés.

En général, il n’y a aucun avantage à la supplémentation en vitamine C en médecine vétérinaire. Cependant, il est peu probable que des doses physiologiques provoquent des effets indésirables. L’administration de fortes doses de vitamine C a également tendance à être bien tolérée, bien qu’elle risque d’occasionner des effets indésirables comme une acidification de l’urine pouvant favoriser la formation de certains calculs vésicaux, des troubles gastro-intestinaux, ou d’autres intolérances mineures. Discutez avec votre médecin vétérinaire des risques et des avantages possibles de tout supplément avant de commencer à en donner à votre animal, surtout si ce dernier a des problèmes de santé.

Lectures additionnelles

https://www.whole-dog-journal.com/food/benefits-of-vitamin-c-to-your-dog/

https://www.petplace.com/article/drug-library/drug-library/library/ascorbic-acid-vitamin-c-for-dogs-and-cats/

Références

  1. Gordon DS, Rudinsky AJ, Guillaumin J, Parker VJ, Creighton KJ. Vitamin C in Health and Disease: A Companion Animal Focus. Top Companion Anim Med 2020;39:100432 (DOI : 10.1016/j.tcam.2020.100432). Publication en ligne le 8 avril 2020. PMID : 32482285.
  2. Hesta M, Ottermans C, Krammer-Lukas S, Zentek J, Hellweg P, Buyse J, Janssens GP. The effect of vitamin C supplementation in healthy dogs on antioxidative capacity and immune parameters. J Anim Physiol Anim Nutr (Berl) 2009;93(1):26-34 (DOI : 10.1111/j.1439-0396.2007.00774.x). PMID : 19386005.
  3. Fowler AA, et al. Effect of Vitamin C Infusion on Organ Failure and Biomarkers of Inflammation and Vascular Injury in Patients With Sepsis and Severe Acute Respiratory Failure: The CITRIS-ALI Randomized Clinical Trial. JAMA 2019;322(13):1261-1270 (DOI : 10.1001/jama.2019.11825). PMCID : PMC6777268.

Auteur

Matthew Kornya, B. Sc., D.M.V., résidence de l’ABVP (pratique féline) terminée, résidence de l’ACVIM (SAIM) en cours
Rédacteur-conseil