CVJ - août 2022, Vol. 63, No. 8

Scientifique

Rapports De Cas

Méthode d’imagerie et de thérapies multimodales utilisées dans un cas de néphroblastome spinal canin

Powell T. Slinkard, Susan E. Lana, Chad B. Frank, Lynn R. Griffin (page 811)

Un chien golden retriever mâle castré âgé de 4 ans a été présenté dans un hôpital d’enseignement vétérinaire pour l’évaluation d’une paraparésie progressive aiguë. L’examen neurologique a révélé une lésion de la moelle épinière entre la troisième vertèbre thoracique et la troisième vertèbre lombaire. L’imagerie par résonance magnétique (MRI) a révélé une masse intradurale, extra-médullaire et/ou intramédullaire centrée sur les onzième et douzième espace de disque thoracique. Le chien a subi une chirurgie de cytoréduction et une analyse histopathologique a diagnostiqué un néphroblastome. Par la suite, le chien a subi une thérapie multimodale, comprenant plusieurs interventions chirurgicales, deux cycles de radiothérapie et une chimiothérapie combinée. Le chien a subi une reclassification en série par MRI, tomodensitométrie (CT) et tomographie par émission de positrons au fluor-18 fluorodésoxyglucose/tomodensitométrie tout au long du traitement. Le chien a survécu 350 jours à partir de la date de la première présentation jusqu’à ce que l’euthanasie soit choisie en raison de l’aggravation de l’état neurologique. Au cours de l’examen post-mortem, une infiltration étendue de la moelle épinière par des cellules de néphroblastome a été découverte ainsi qu’une maladie métastatique pulmonaire.

Message clinique clé :
D’après la recherche documentaire, il s’agit du premier cas dans lequel la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie ont toutes été utilisées pour le traitement du néphroblastome spinal canin. Ce rapport de cas détaille la nature agressive d’un cas de néphroblastome spinal canin malgré une thérapie multimodale.

Léiomyosarcome métastatique présumé chez un bouvillon de parc d’engraissement

Fernando J. Guardado, Kamal Gabadage, Andrew L. Allen (page 819)

Un bouvillon de parc d’engraissement âgé de 14 mois était abattu et est mort pendant son examen. L’examen macroscopique du bouvillon réalisée au parc d’engraissement a identifié de nombreuses masses dans l’abdomen et le thorax, y compris une grosse masse dans le foie qui s’est étendue dans la veine cave. De nombreuses masses dans les poumons semblaient être le résultat d’une distribution hématogène. L’examen histologique des masses a confirmé la présence d’un néoplasme. Bien que l’aspect histologique du néoplasme ne soit pas typique d’un léiomyosarcome bien différencié, la coloration immunohistochimique a corroboré ce diagnostic. Les léiomyosarcomes sont rares chez les bovins nord-américains. Dans ce cas, le néoplasme primaire semble provenir de la paroi de la veine cave dans le foie.

Message clinique clé :
Ce rapport s’ajoute aux informations limitées sur les léiomyosarcomes chez les bovins, tout en soulignant à la fois les défis auxquels sont confrontés les vétérinaires effectuant des examens post-mortem sur de grands animaux à des températures inférieures au point de congélation, ainsi que les méthodes actuelles disponibles pour arriver à un diagnostic d’une maladie rare.

Glossite chez un chien âgé non-corgi : diagnostic et suivi à long terme

Lucinda R. Krenzke, Starr Cameron, Jessica C. Pritchard, D. Blake Webb, Ling T. Guo, G. Diane Shelton (page 825)

Une chienne boxer de race mixte de 18,8 kg stérilisée âgée de 9 ans a été référée pour l’évaluation d’une histoire de 7 mois de difficulté à avaler et de préhension des aliments, de régurgitation, d’hypersalivation et d’une dorsiflexion anormale de la langue. Avant la référence, un examen baryté a été réalisée et a révélé un œsophage légèrement dilaté. Un traitement par sucralfate, cisapride et prednisone a été initié.

L’examen physique a révélé une atrophie bilatérale et symétrique des muscles temporaux, une flexion dorsale de la face distale de la langue avec atrophie musculaire concomitante et un réflexe nauséeux réduit. Les examens électrodiagnostiques ont révélé une activité électrique spontanée dans les muscles de la mastication et de la langue. Des biopsies des muscles temporaux droits, de la langue et du biceps fémoral ont été recueillies. Une myosite à médiation immunitaire avec fibrose, des lymphocytes T CD3, CD4 et CD8+ dispersés et une régulation positive des marqueurs des principaux antigènes d’histocompatibilité ont été observées dans la langue et les muscles temporaux.

Le chien a été traité avec une posologie décroissante de prednisone sur 2 mois et de cyclosporine à long terme. Le chien a été maintenu sous cyclosporine seule pendant > 2 ans et les signes cliniques sont restés stables, bien que plusieurs épisodes de pneumonie par aspiration se soient produits. En fin de compte, l’euthanasie a été pratiquée en raison d’une maladie rénale chronique associée à une anémie, une léthargie et une anorexie.

Rupture trachéale cervicale avec persistance d’une pseudotrachée chez un chien

Marion Fenet, Elodie Gaillard, Fabrice Conchou, Gonzalo Polo Paredes, Géraldine Jourdan, Armelle Diquelou, Marcel Aumann (page 830)

Un chien a été présenté pour une dyspnée aiguë modérée consécutive à des morsures cervicales par un autre chien. L’examen clinique révéla une plaie cervicale ventrale profonde associée à un emphysème sous-cutané localisé léger. Les radiographies thoraciques ont montré un pneumomédiastin modéré. Un traitement médical consistant en une oxygénothérapie, des antibiotiques et des anti-inflammatoires a été initié. Après deux jours, la dyspnée s’aggrava brutalement. Une trachéoscopie révéla une discontinuité entre les anneaux trachéaux malgré la persistance d’une paroi trachéale interne intègre. L’examen par tomodensitométrie montra une rupture trachéale cervicale complète dans toute son épaisseur, sur 3 cm de long. Une chirurgie de résection-anastomose de la trachée a été réalisée avec succès.

Il s’agit de la première description de pseudotrachée chez un chien. La persistance d’une pseudotrachée peut initialement ne provoquer que des signes cliniques mineurs, notamment un emphysème sous-cutané léger et une dyspnée répondant au traitement médical, malgré une lésion trachéale en réalité importante. Par conséquent, un examen par tomodensitométrie de la trachée doit être envisagé chez tous les patients pour lesquels un traumatisme trachéal est suspecté.

Message clinique clé :
Ce cas souligne l’importance d’inclure une rupture trachéale dans le diagnostic différentiel de l’emphysème sous-cutané cervical, et cela même s’il n’est présent qu’en petite quantité et associé à faibles signes cliniques respiratoires. La persistance d’une pseudotrachée peut entraîner des signes cliniques moins importants qu’une rupture trachéale complète, cependant l’état respiratoire de l’animal peut rapidement s’aggraver et devenir une urgence vitale.

Ce cas souligne de plus l’importance de l’examen par tomodensitométrie en complément de la trachéoscopie, qui peut parfois s’avérer insuffisante pour le diagnostic des ruptures trachéales, en particulier en présence d’une pseudotrachée.

Un cas de caudophagie dans une exploitation porcine à sites multiples en Ontario

Maggie Henry, Terri L. O’Sullivan, Anna Kate Shoveller, Lee Niel, Robert M. Friendship (page 835)

Cette étude de cas décrit un cas grave de caudophagie dans une exploitation porcine à sites multiples en Ontario et décrit les stratégies de gestion mises en œuvre pour tenter de limiter le problème. Un ordre social établi était clairement présent avant que l’événement de mordillage de queue ne se produise. Plus de 40 % des porcs à la queue coupée dans trois des huit élevages de type croissance-finition ont été gravement touchés, ce qui a entraîné une mortalité plus élevée et un nombre accru de porcs relogés dans des enclos hospitaliers. Les facteurs environnementaux, les pratiques de gestion et la santé animale dans les porcheries où sévissaient la caudophagie sont décrits, y compris la détection de la mycotoxine désoxynivalénol dans le maïs à > 2 ppm. Les changements mis en œuvre en réponse à la caudophagie comprenaient la modification du calendrier d’alimentation par phases, l’ajout de dispositifs d’enrichissement et l’augmentation de la surveillance. La cohorte suivante de porcs a été suivie dans les porcheries de finition et n’a pas eu la même gravité ou prévalence de caudophagie que la cohorte précédente de porcs qui ont subi l’événement de caudophagie.

Message clinique clé :
Aucun facteur unique n’a été identifié comme la cause initiale de l’événement grave de caudophagie. La cohorte suivante de porcs dans quatre porcheries de la même exploitation a été surveillée pour la caudophagie depuis l’entrée jusqu’au marché, et l’incidence de la caudophagie était très faible.

Intussusception gastro-œsophagienne chez un chiot berger allemand de 4 semaines

Sheila Hoe, Karie Bryenton, Katie Hoddinott (page 841)

Le traitement chirurgical d’une intussusception gastro-œsophagienne (GEI) chez un chiot berger allemand mâle intact âgé de 4 semaines est décrit dans ce rapport. Des gastropexies bilatérales ont été réalisées; une gastropexie incisionnelle à droite et une gastropexie par tube de gastrostomie à gauche.

Le chien a bien récupéré et se porte bien à long terme sans aucun signe clinique de mégaœsophage persistant.

Avec la combinaison de la détection précoce et de la correction chirurgicale de la GEI, les taux de mortalité peuvent être inférieurs au taux de mortalité de 95 % qui a été rapporté dans la littérature antérieure et soutient de nouvelles études qui ont rapporté un taux de survie à long terme de 65 %.

Message clinique clé :
Les jeunes animaux présentant des signes cliniques vagues nécessitent une évaluation approfondie pour identifier des maladies rares, mais potentiellement mortelles, telles que la GEI. Une détection et des interventions précoces peuvent ensuite conduire à des résultats positifs.

Articles

Investigation en laboratoire des cas de pneumonie bactérienne mortelle chez les vaches laitières

DeLenn Burrows, Durda Slavic, Cynthia Miltenburg, Davor Ojkic, Andrew S. Brooks, Jeff L. Caswell (page 845)

Objectif
La bronchopneumonie bactérienne survient chez les vaches laitières matures, mais une grande partie de l’information est extrapolée à partir de la connaissance de la maladie chez les veaux. L’étude a été motivée par la perception d’une occurrence croissante et d’un manque d’information sur la pneumonie mortelle à Mannheimia haemolytica chez les vaches laitières en Ontario. Les objectifs de l’étude étaient de décrire la saisonnalité, les principaux agents pathogènes impliqués et les facteurs prédisposants suggérés pour les cas de bronchopneumonie bactérienne mortelle chez les vaches laitières matures soumises à un examen post-mortem à un laboratoire de diagnostic, et d’évaluer si la fréquence de telles soumissions a augmenté au fil du temps.

Animaux
Vaches laitières matures.

Procédure
Étude rétrospective des cas soumis pour examen post-mortem à un laboratoire de diagnostic, entre 2007 et 2020, qui ont été diagnostiqués comme une bronchopneumonie bactérienne.

Résultats
La plupart des cas post-mortem de bronchopneumonie bactérienne chez les vaches laitières ont été soumis de novembre à février (54 % des cas). Mannheimia haemolytica a été isolée du poumon de 61/101 cas. Des virus n’ont été identifiés que dans 8/55 cas testés. Une minorité (29/92) d’isolats bactériens présentaient une résistance in vitro aux antimicrobiens utilisés pour traiter la pneumonie. Les facteurs prédisposants fréquemment suggérés comprenaient des introductions ou des déplacements récents d’animaux, un vêlage récent ou imminent, des conditions météorologiques défavorables, des maladies concomitantes et une mauvaise ventilation dans les étables.

Conclusion et pertinence clinique
Cette étude décrit les tendances saisonnières et annuelles, les principaux agents pathogènes, les profils de résistance aux antimicrobiens et les facteurs prédisposants suggérés chez les vaches laitières de l’Ontario soumises à un laboratoire de diagnostic pour une enquête post-mortem sur la pneumonie et fournit des informations pour comprendre pourquoi les épidémies se produisent.

Communication Brève

Estimation des doses quotidiennes définies d’antimicrobiens pour les chiens et les chats traités pour une cystite bactérienne

J. Scott Weese, Philip J. Bergman, Ian Battersby, Talon McKee, Dennis Ballance, Anne Kimmerlein (page 851)

Objectif
Calculer les doses quotidiennes prescrites (PDDs) pour certains antimicrobiens et évaluer l’application de doses quotidiennes définies (DDDs) à l’aide d’un ensemble de données d’achat d’antimicrobiens.

Animaux
Les données de chiens et de chats traités pour une cystite bactérienne dans un réseau de pratiques vétérinaires ont été évaluées.

Procédure
Un ensemble de données contenant des prescriptions d’antimicrobiens pour les chiens et les chats diagnostiqués avec une cystite bactérienne a été évalué. La dose et la fréquence médianes et le poids médian des animaux traités ont été utilisés pour calculer les PDDs. Pour tenir compte des différences d’utilisation entre les chiens et les chats, une DDD ajustée a été calculée sur la base d’un ajustement pour une utilisation proportionnelle chez les chiens par rapport aux chats.

Résultats
Les PDDs pour les chiens et les chats ont été déterminées et les DDDs ajustées ont été calculés et appliqués à un ensemble de données d’achat d’antimicrobiens provenant de 886 cliniques vétérinaires, démontrant la différence entre les données basées sur la masse et les données DDD.

Conclusions
Les DDD peuvent être estimées à l’aide d’ensembles de données de prescription, en tenant compte des différences de poids (entre et au sein des espèces) et de l’utilisation relative entre les chiens et les chats. Celles-ci peuvent être appliquées à des ensembles de données plus larges (ventes, achats) pour fournir une compréhension plus détaillée de la façon dont les antimicrobiens sont utilisés.

Pertinence clinique
Les DDDs pourraient être une mesure utile pour évaluer les ensembles de données sur l’utilisation massive d’antimicrobiens dans le cadre des efforts de surveillance de la gestion des antimicrobiens.

Communication Étudiante

Blastomycose disséminée chez un chien croisé golden retriever-caniche mâle de 1 an

Jessica Garofalo (page 855)

Un chien croisé golden retriever-caniche mâle âgé d’un an a été amené à une clinique vétérinaire avec un historique de voyage d’un mois à Muskoka, en Ontario et une histoire d’irritation de l’œil gauche et d’écoulement oculaire d’une semaine. L’examen ophtalmologique et l’analyse sanguine ont révélé une uvéite bilatérale avec une numération globulaire complète et un bilan biochimique normaux. Un traitement symptomatique a été administré sans amélioration observée et le chien est revenu 2 semaines plus tard pour l’évaluation d’une enflure drainante du 4e doigt postérieur gauche. L’examen clinique des radiographies thoraciques et de l’échographie abdominale a montré des signes de blastomycose disséminée caractérisée par des lésions pulmonaires et une lymphadénopathie multifocale. Une biopsie de la lésion drainante et un examen cytologique d’un nœud lymphatique augmenté de volume ont permis d’établir le diagnostic. Le chien a débuté un protocole de traitement antifongique standard (itraconazole) mais est revenu après 11 jours de traitement avec des signes neurologiques, notamment ataxie, paraparésie, inclinaison de la tête à gauche et tournis compulsif. L’euthanasie sans cruauté a été choisie et le diagnostic a été confirmé lors de l’autopsie.

Rapport Special

Protection animale et dépeuplement massif

Terry L. Whiting, Marilyn Ann Keaney (page 859)

Cet article, basé sur des études de cas, décrit les processus de réflexion liés à la décision éthique dans le travail de protection des animaux au Canada, à savoir quand un cas justifie une enquête en tant qu’infraction en vertu de la législation provinciale sur la protection des animaux et quand il s’agit d’une infraction au Code criminel. Les conflits de lois et de juridiction ainsi que le pouvoir discrétionnaire des poursuites nous amènent à nous demander si les méthodes de dépeuplement massif d’animaux dans des situations d’urgence peuvent enfreindre les interdictions contre la cruauté envers les animaux. La pratique actuelle consistant à surchauffer les installations de détention fermées pour tuer intentionnellement des porcs par coup de chaleur induit est, selon les auteurs, une action conforme à une compréhension générale de la cruauté envers les animaux.

Test Éclair

(page 789)

Rubriques Spéciales

Éditorial

La pandémie de COVID-19 aura-t-elle eu quelques répercussions positives en médecine vétérinaire?

John Kastelic, Tim Ogilvie (page 785)

Déontologie Vétérinaire

(page 787)

Nouvelles

Heather Broughton, Sophie Perreault (page 793)

Rapport Special

Animal protection and mass depopulation

Terry L. Whiting, Marilyn Ann Keane (page 859)

Une Santé

One Health programs at Canadian universities with a veterinary college — 1. The University of Guelph

Peter Kelly (page 863)

Bien-Être Des Animaux

Canada’s animal transport regulations and the veterinarian’s role

Anne Allen, Corrie Rot, Heather Brown, Marie-Odile Rozon, Sarah Johannson (page 866)

Oncologie Clinique

Low dose radiation therapy for the treatment of refractory canine osteoarthritis

Daniela B. Solis, Monique N. Mayer (page 871)

Annonces

Index Des Annonceurs

(page 870)

Petites Annonces

(page 873)