Utilisation des animaux dans les divertissements et le domaine des arts - Énoncé de position

juin 1, 2019

L’ACMV a élaboré deux documents de position intitulés Utilisation des animaux dans les sports et les compétitions et Animaux dans les divertissements et le domaine des arts. Même s’il peut sembler de prime abord qu’il y a des recoupements entre la portée des deux documents, car les humains regardent les sports à des fins de divertissement, la différence essentielle est l’activité des animaux dans ces deux situations. Lorsque l’on considère les répercussions sur le bien-être animal d’une activité, ce sont les expériences et les actions des animaux qui comptent. Les risques pour le bien-être des animaux sont très différents lorsqu’ils sont utilisés pour les sports et la compétition et lorsqu’ils sont utilisés dans les divertissements et le domaine des arts. La position sur les divertissements vise par exemple à envisager les animaux qui se donnent en spectacle dans un cirque ou sur une scène de tournage. La position sur les sports et les compétitions traite des chiens qui participent à une course de traîneaux ou des chevaux sur une piste de course. Certaines activités, comme un rodéo ambulant, devront être examinées en tenant compte des deux énoncés de position. Les définitions de « divertissements » et de « sports et compétitions » ne sont pas incluses dans les énoncés de position car, il n’existe aucune définition qui fait l’unanimité dans la littérature.

Position

L’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV) accepte l’utilisation non cruelle et éthique des animaux dans les divertissements et le domaine des arts. L’ACMV appuie vivement la mise en œuvre progressive de stratégies afin d’atténuer les risques associés aux soins et à la gestion des animaux dans les divertissements et le domaine des arts, de promouvoir la santé et le bien-être physique, social et psychologique de l’animal et de trouver des solutions de remplacement en vue de mettre fin à des torts et à des souffrances évitables.

Sommaire

  • La santé et le bien-être des animaux sont primordiaux en ce qui concerne l’utilisation des animaux dans les divertissements et le domaine des arts. Les animaux doivent être traités de manière non cruelle et ne pas être soumis à des situations où ils pourraient être exposés à des douleurs, à des blessures, à des souffrances, à des maladies ou à de la détresse. L’ACMV exige que le bien-être à long terme des animaux soit envisagé avant leur acquisition pour utilisation dans les divertissements et le domaine des arts, ce qui comprend un plan pour la retraite.
  • On ne doit pas forcer les animaux à exécuter des actions ou des tâches qui produisent une détresse ou un malaise physique ou mental et/ou qui dépassent les capacités physiques, sociales ou comportementales de l’animal individuel ou de l’espèce.
  • Tous les animaux utilisés dans les divertissements ou dans le domaine des arts devraient bénéficier d’une surveillance et de soins vétérinaires appropriés prodigués par des médecins vétérinaires possédant de l’expérience adéquate dans le cadre d’une relation vétérinaire-client-patient. De plus, les animaux devraient être soignés par des employés compétents et bien informés.
  • L’ACMV appuie vivement la recherche sur les répercussions liées à la santé et au bien-être pour les animaux participant à des activités de divertissements et du domaine des arts.
  • L’ACVM préconise vivement la création et l’adoption constante de normes et de politiques nationales pour le logement, la gestion, l’élevage, le dressage, le transport et la biosécurité des animaux utilisés dans les divertissements et le domaine des arts.
  • L’ACMV préconise vivement la formation continue afin d’assurer que des préposés qualifiés et bien informés s’occupent des animaux.

Contexte

  1. L’ACMV reconnaît que des préoccupations liées au bien-être peuvent découler de l’utilisation des animaux dans les divertissements ou dans le domaine des arts soit durant le dressage, la présentation, la performance ou lors du transport à l’aller et au retour des événements.
    • On ne doit pas forcer les animaux à exécuter des actions ou des tâches qui produisent une détresse ou un malaise physique ou mental et/ou qui dépassent les capacités physiques, sociales ou comportementales de l’animal individuel ou de l’espèce.
    • Le risque de blessure, de souffrance, de maladie et de détresse doit être atténué en tout temps durant les soins et la gestion des animaux.
    • L’ACMV appuie vivement des pratiques d’élevage, de logement, de dressage, de présentation et de performance qui favorisent les besoins physiques, nutritionnels, comportementaux et sociaux de l’animal et de l’espèce et y sont conformes (1-3).
  2. L’ACMV recommande que tous les animaux utilisés dans les divertissements et le domaine des arts soient élevés, nourris, conditionnés et dressés de manière appropriée par des employés compétents et bien informés. De plus, ces animaux devraient bénéficier d’une surveillance et de soins vétérinaires appropriés prodigués par des médecins vétérinaires possédant de l’expérience adéquate. Lorsqu’ils sont disponibles, des codes nationaux et de l’industrie devraient s’appliquer afin d’assurer des pratiques d’élevage appropriées (1-7).
    • On doit offrir aux animaux une diète appropriée à l’espèce afin d’éviter des déséquilibres et des carences alimentaires.
    • On doit fournir des occasions d’enrichissement du comportement qui sont appropriées et variées et propres à l’espèce afin de prévenir des comportements répétitifs ou ritualisés ou l’automutilation (stéréotypies) et de promouvoir un bien-être et une qualité de vie positifs.
    • On doit offrir des occasions de faire de l’exercice et d’exprimer des comportements normaux pour l’espèce à des intervalles réguliers durant les périodes de confinement (p. ex., lors du confinement pour les déplacements).
  3. Dans tous les endroits où les animaux sont gardés ou utilisés, le traitement sans cruauté et éthique doit être primordial et les animaux doivent être présentés et utilisés avec respect (1-5,8).
    • L’ACMV n’appuie pas les activités qui présentent ou forcent les animaux à exécuter des actes qui ne sont pas caractéristiques à l’espèce.
    • Les méthodes de dressage devraient se fonder sur le renforcement positif, en insistant sur les comportements normaux. L’adaptation ou le conditionnement peuvent diminuer le stress associé à certains événements ou situations.
    • Il est inacceptable d’avoir recours à des médicaments ou à des agents non nutritifs afin de modifier la conformation, l’apparence ou la fonction des animaux pour les divertissements ou le domaine des arts. Tout usage de médicaments ou d’autres agents doit être conforme aux normes réglementaires.
    • On doit limiter les périodes de dressage, de spectacle ou d’exposition à des durées qui favorisent une bonne santé et un bien-être adéquat. On doit donner aux animaux des occasions et de l’espace adéquats qui lui permettent de décider lui-même quand il peut se reposer du dressage, des performances ou des présentations (1-5). Le développement de  stéréotypies peut être le résultat de conditions et de milieux appauvris.
  4. L’ACMV exige que le bien-être à long terme des animaux soit envisagé avant leur acquisition pour utilisation dans les divertissements et le domaine des arts, ce qui comprend l’élaboration d’un plan de retraite. On doit considérer l’aptitude des animaux très jeunes ou très vieux. Tous les efforts doivent être déployés pour trouver une nouvelle utilisation ou un nouveau foyer aux animaux qui ne sont plus considérés aptes pour des divertissements ou des événements artistiques en raison de leur état de santé, de leur âge ou de leur tempérament mais sont jugés en bonne santé. L’euthanasie devrait être considérée comme une option seulement lorsqu’il y a des problèmes importants en lien avec le bien-être ou les soins continus. L’euthanasie, comme méthode de gestion d’un animal qui ne peut plus performer à un niveau compétitif, devrait seulement être employée lorsqu’il est impossible de dresser l’animal pour de nouvelles tâches, de lui trouver un nouveau foyer ou de le mettre à retraite. Le bien-être de l’animal est primordial dans toutes les décisions.
  5. La conformité aux protocoles de contrôle des maladies infectieuses et des zoonoses (prévention, logement, quarantaine, traitement, rétablissement et assurance de conformité) est essentielle lorsque des animaux individuels ou des populations se rencontrent durant des divertissements ou des événements artistiques. Les protocoles de biosécurité doivent être respectés par les participants et les organisateurs de l’événement afin d’éviter ou de minimiser la propagation des maladies infectieuses.
  6. L’ACMV appuie vivement l’élaboration de critères afin d’évaluer la santé et le bien-être animaux utilisés dans les divertissements et le domaine des arts (4,9-12).
  7. L’ACMV préconise vivement l’élaboration et l’adoption constantes de normes et de codes de pratiques provinciaux, nationaux ou internationaux pour le dressage, la gestion, l’élevage et le transport d’animaux utilisés pour les divertissements et le domaine des arts. On recommande un examen périodique externe par un tiers afin d’assurer la présence de normes de bien-être animal.
  8. L’ACMV s’oppose au contact du public avec des animaux qui sont malades, dont l’état de santé est inconnu ou qui sont à un âge vulnérable (p., ex., des carnivores non domestiques et des primates non humains de la période néonatale à juvénile). Même lorsque les animaux semblent en santé, des mesures doivent être mises en place afin de prévenir la transmission de zoonoses lorsqu’il y a un contact entre les humains et les animaux.

Références

  1. AMERICAN VETERINARY MEDICAL ASSOCIATION. Animals Used in Entertainment, Shows and for Exhibition. Disponible au : https://www.avma.org/KB/Policies/Pages/Animals-Used-In-Entertainment-Shows-and-Exhibition.aspx Dernière consultation le 6 novembre 2017.
  2. AQUARIUMS ET ZOOS ACCRÉDITÉS DU CANADA. CAZA Policy on the use of animals in educational programming. Disponible au : http://caza.ca/wp-content/uploads/2016/06/CAZA-Policy-on-Use-of-Animals-in-Educational-Programming.doc.pdf Dernière consultation le 6 novembre 2017.
  3. IOSSA, G., C.D. SOULSBURY et S. HARRIS. « Are wild animals suited to a travelling circus life? », Animal Welfare, 2009, vol. 18, p. 129-140. Disponible au : http://www.santuariodeelefantes.org.br/docs/Animal_Welfare_circus_2009.pdf Dernière consultation le 6 novembre 2017.
  4. NEVILL, C.H. et T.H. FRIEND. « A preliminary study on the effects of limited access to an exercise pen on stereotypic pacing in circus tigers », Appl Anim Behav Sci, 2006, vol. 101, p. 355-361. Disponible au : http://www.appliedanimalbehaviour.com/article/S0168-1591(06)00064-5/fulltext Dernière consultation le 6 novembre 2017.
  5. NEVILL, C.H. et T.H. FRIEND. « The behaviour of circus tigers during transport », Appl Anim Behav Sci, 2003, vol. 82, p. 329-337. Elsevier. Disponible au : http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0168159103000662 Dernière consultation le 6 novembre 2017.
  6. PRICE, E.E. et T.S. STOINSKI. « Group size: Determinants in the wild and implications for the captive housing of wild mammals in zoos », Appl Anim Behav Sci, 2007, vol. 103, p. 255-264. Elsevier. Disponible au : http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0168159106001870 Dernière consultation le 6 novembre 2017.
  7. ROONEY, N.J. et S. COWAN. « Training methods and owner–dog interactions: Links with dog behaviour and learning ability », Appl Anim Behav Sci, 2011, vol. 132, p. 169-177. Elsevier. Disponible au : http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0168159111000876 Dernière consultation le 6 novembre 2017.
  8. TOUTAIN, P.L. « Veterinary medicines and competition animals: The question of medication versus doping control », Handb Exp Pharmacol, Springer Berlin Heidelberg, 2010, vol. 199, p. 315-339. Disponible au : https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-642-10324-7_13 Dernière consultation le 6 novembre 2017.
  9. BERGER, A. « Activity patterns, chronobiology and the assessment of stress and welfare in zoo and wild animals », Int Zoo Yearb, 2011, vol. 45, p. 80-90. Disponible au : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1748-1090.2010.00121.x/abstract Dernière consultation le 6 novembre 2017.
  10. WIELEBNOWSKI, N. « Stress and distress: Evaluating their impact for the well-being of zoo animals », J Am Vet Med Assoc, 2003, vol. 223, p. 973-977. Disponible au : http://avmajournals.avma.org/doi/abs/10.2460/javma.2003.223.973?journalCode=javma Dernière consultation le 6 novembre 2017.
  11. KORTE, S.M., B. OLIVIER et J.M. KOOLHAAS. « A new animal welfare concept based on allostasis », Physiol Behav, 2007, vol. 92, p. 422-428. Disponible au : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17174361 Dernière consultation le 6 novembre 2017.
  12. MOBERG, G.P. « Biological response to stress: Implications for animal welfare », in MOBERG, G.P. et J.A. MENCH, éd. The Biology of Animal Stress. New York, New York, CABI, 2000, p. 1-21. Disponible au : https://anatomiayplastinacion.wikispaces.com/file/view/The+biology+of+the+animal+stress.pdf Dernière consultation le 6 novembre 2017.
  13. ASSOCIATION CANADIENNE DES MÉDECINS VÉTÉRINAIRES. Énoncé de position sur l’euthanasie. Disponible au : https://www.veterinairesaucanada.net/documents/euthanasie Dernière consultation le 11 juin 2019.