Déclaration conjointe de l’AVMA, de l'ACMV et de la FVE sur le contrôle mondial de la rage transmise par les chiens : un impératif « une santé »

oct. 27, 2021

La rage est une maladie virale zoonotique des mammifères qui est endémique dans de nombreux pays. Le virus peut être transmis à un humain par contact direct avec la salive d’un animal infecté, lors d’une morsure ou par contact avec une autre plaie ouverte. La rage est presque toujours mortelle pour l’humain à moins que la prophylaxie post-exposition ne soit administrée peu de temps après l’exposition. Les chiens domestiques, ainsi que plusieurs espèces de mammifères sauvages (comme les chauves-souris, les renards, les ratons laveurs et les mouffettes), peuvent servir de réservoir pour le virus de la rage. La rage transmise par les chiens représente un risque important pour la santé publique dans les pays où un grand nombre de chiens non vaccinés (errants ou appartenant à des gens) vivent à proximité des humains.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estiment que plus de 59 000 personnes meurent de la rage chaque année, en grande partie dans les régions les moins économiquement favorisées du monde. De plus, les chiens domestiques porteurs du variant canin du virus de la rage sont responsables de la transmission virale dans 99 % de ces décès, et environ 40 % des personnes mordues par des chiens suspects pour la rage sont des enfants de moins de 15 ans. En raison du rôle clé des chiens dans la transmission du virus de la rage à l’humain et, simultanément, du rôle essentiel que les chiens jouent au service de l’humain par leur compagnie ou leur travail, la vaccination des chiens contre la rage est un moyen très important et efficace de protéger les enfants et les adultes contre cette maladie mortelle et de renforcer le lien humain-animal.

Bien que les chiens porteurs du variant canin du virus de la rage soient la principale source de rage chez l’humain dans le monde, les chiens peuvent également être infectés par des variants d’animaux sauvages, même dans les régions où le variant canin a été éliminé. Les chiens infectés de cette manière peuvent aussi transmettre la rage aux humains. Par conséquent, le contrôle de la rage chez les animaux sauvages et les programmes de vaccination des chiens en cours sont tous deux essentiels pour atteindre l’objectif d’éliminer les décès humains dus à la rage transmise par les chiens dans toutes les régions du monde.

L’AVMA, l’ACMV et la FVE reconnaissent que la profession médicale vétérinaire possède la formation et l’expérience nécessaires pour jouer un rôle de premier plan dans l’élaboration et la mise en œuvre de programmes de contrôle et d’éradication de la rage transmise par les chiens. En effet, dans certains pays, la rage transmise par les chiens a été en grande partie éliminée grâce au travail essentiel des médecins vétérinaires adhérant à l’approche « Une santé » et collaborant avec des praticiens de la santé publique, des diagnosticiens de laboratoire, des épidémiologistes, des organisations de contrôle des animaux, des membres de la communauté locale et des autorités réglementaires afin de mettre en œuvre des mesures efficaces. Ce travail comprend, sans s’y limiter, l’évaluation des risques; la conception, la gestion, l’évaluation et la diffusion de programmes; ainsi que la recherche sur le virus de la rage et les vaccins antirabiques.

L’AVMA, l’ACMV et la FVE estiment que les programmes efficaces visant à éradiquer la rage transmise par les chiens doivent inclure les éléments suivants :

  • des campagnes d’éducation du public ciblant à la fois les adultes et les enfants portant sur la gravité de la rage chez les animaux et les humains, sur l’efficacité de la vaccination comme moyen de prévenir la transmission du virus de la rage parmi la population canine mais aussi des chiens aux humains, sur les avantages et les responsabilités de la possession d’un chien, sur l’importance de la prévention des morsures de chien, sur les étapes clés à suivre à la suite d’un contact avec un animal chez qui l’infection par le virus de la rage est présumée ou confirmée, et sur des approches acceptables et humaines de la prise en charge des populations canines pouvant servir de réservoirs viraux;
  • la vaccination et la revaccination obligatoires des chiens (errants ou appartenant à des gens), ainsi que l’identification et l’enregistrement centralisés de tous les chiens à l’échelle locale, régionale et/ou nationale;
  • des politiques et des protocoles pour réglementer les déplacements des chiens à l’intérieur des régions et entre les régions;
  • des politiques et des protocoles concernant la quarantaine et l’euthanasie, selon le cas, des chiens exposés ou infectés;
  • d’une capacité appropriée dans les laboratoires permettant le diagnostic post-mortem rapide et fiable chez les animaux suspectés de rage (y compris les chiens et les animaux sauvages) pour améliorer la surveillance de l’incidence de la maladie et l’efficacité des programmes de contrôle et pour fournir des conseils sur la prophylaxie post-exposition et le suivi médical appropriés après une exposition humaine;
  • un accès facile à la prophylaxie post-exposition appropriée, y compris à des fournisseurs de soins médicaux formés pour conseiller et administrer la prophylaxie post-exposition aux personnes exposées;
  • des méthodes de contrôle non cruelles, efficaces et durables des populations de chiens errants;
  • une communication transparente de l’information concernant l’incidence de la rage chez les chiens et autres animaux aux principales parties prenantes et, le cas échéant, au public à la fois localement et dans les juridictions voisines (par exemple, l’Agence canadienne d’inspection des aliments [ACIA] et les Centers for Disease Control and Prevention [CDC] des États-Unis fournissent des renseignements en ligne sur l’incidence de la rage chez les animaux sur une base annuelle au Canada et aux États-Unis, respectivement);
  • des ressources publiques et privées suffisantes pour mettre en œuvre pleinement et maintenir les éléments susmentionnés, y compris l’application efficace et cohérente de la réglementation, des politiques et des protocoles conçus pour soutenir un programme efficace de contrôle de la rage.

L’AVMA, l’ACMV et la FVE reconnaissent et promeuvent les ressources existantes des organisations régionales, nationales, internationales et intergouvernementales, et exhortent ces organisations à travailler en collaboration pour aider plus efficacement les pays à établir, à administrer et à améliorer les programmes de contrôle et d’éradication de la rage canine. Les ressources disponibles incluent, sans s’y limiter, les suivantes :

De plus, l’AVMA, l’ACMV et la FVE  :

  • encouragent leurs membres à partager leur expertise et leurs compétences pour l’élaboration et la mise en œuvre de programmes de contrôle de la rage avec des collègues d’autres régions du monde par le biais de programmes de formation continue, de consultations et d’autres activités collaboratives;
  • appuient les recommandations énoncées dans la déclaration conjointe de l’OIE et de la WSAVA (World Small Animal Veterinary Association) sur le contrôle de la rage canine de 2013 et le communiqué de presse conjoint de la WVA (World Veterinary Association) et de la WMA (World Medical Association) de 2017 qui décrivent l’engagement intersectoriel fort qui est nécessaire pour éliminer les décès humains dus à la rage transmise par les chiens et contrôler la rage chez les animaux, en utilisant une approche « Une santé »;
  • estiment que les décès humains dus à la rage transmise par les chiens peuvent être éliminés grâce à des collaborations « Une santé » entre les professionnels de la santé animale, humaine et publique, les diagnosticiens de laboratoire, les épidémiologistes, les organisations de contrôle des animaux, les organismes de réglementation, les responsables de programmes de contrôle existants et nouveaux, et les membres des communautés locales affectées;
  • soutiennent le développement et l’expansion des programmes de contrôle de la rage pour inclure à la fois les animaux domestiques et les animaux de la faune, en particulier dans les régions où le variant canin du virus de la rage a été éradiqué mais où les variants des animaux de la faune restent endémiques;
  • continueront de plaider en faveur d’un soutien suffisant de la part d’organisations gouvernementales et non gouvernementales pour des programmes efficaces de contrôle de la rage.

Information générale sur les partenaires

  1. L’American Veterinary Medical Association (AVMA; www.avma.org), l’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV; www.veterinairesaucanada.net) et la Federation of Veterinarians of Europe (FVE; www.fve.org) sont trois des principales organisations vétérinaires professionnelles du monde. Ensemble, elles représentent plus de 330 000 médecins vétérinaires œuvrant dans tous les secteurs de la profession vétérinaire.
  2. La mission de l’AVMA est de soutenir la profession médicale vétérinaire en défendant ses membres et en faisant progresser la science et la pratique de la médecine vétérinaire pour améliorer la santé animale et humaine.
  3. L’ACMV est la voix de la profession vétérinaire canadienne dans la promotion du bien-être animal et du concept « Une santé » afin d’assurer des soins optimaux pour les animaux, les gens et l’environnement.
  4. La FVE s’affaire à améliorer la santé animale, le bien-être des animaux, la santé publique et la protection de l’environnement par la promotion de la profession vétérinaire. Avec ses membres, la FVE vise à aider les médecins vétérinaires à assumer leurs responsabilités professionnelles conformément aux normes les plus élevées, et à ce que cette expertise soit reconnue et valorisée par la société.