Dentisterie vétérinaire - Énoncés de position

octobre 21, 2022

Position

L’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV) estime que toutes les interventions dentaires effectuées sur des animaux relèvent de la pratique vétérinaire et ne devraient être effectuées que par un médecin vétérinaire titulaire d’un permis d’exercice dans la mesure de sa formation et de son expérience, ou déléguées par un médecin vétérinaire titulaire d’un permis d’exercice à une personne dûment formée conformément à la réglementation locale en vigueur. L’ACMV considère que la dentisterie sans anesthésie ou sédation, y compris le détartrage non professionnel, est inappropriée puisque cette pratique s’associe à des préoccupations en matière de bien-être animal tout en ayant peu de bienfaits pour la santé des animaux.

Sommaire

  • La dentisterie vétérinaire exige des connaissances poussées et une expertise qui sont propres à la formation des médecins vétérinaires.
  • L’examen des dents et/ou de la cavité buccale devrait être effectué par un médecin vétérinaire; il s’agit d’une étape nécessaire pour faire une évaluation appropriée, établir un diagnostic et/ou élaborer un plan de traitement.
  • Pour effectuer un examen buccal adéquat et complet chez toute espèce animale, les médecins vétérinaires devraient utiliser des sédatifs ou des agents anesthésiques (jusqu’à l’anesthésie générale avec intubation s’il y a lieu).
  • Les médecins vétérinaires qui prodiguent des soins dentaires et les personnes dûment formées qui se voient déléguer ces responsabilités devraient régulièrement actualiser leurs connaissances, leurs compétences, leur équipement et leurs instruments en ce qui a trait à la dentisterie pour les espèces qu’ils traitent.
  • Dans l’intérêt du public et pour protéger le bien-être des animaux, l’ACMV encourage fortement les organismes d’octroi de permis d’exercice de la médecine vétérinaire à réglementer les interventions dentaires effectuées sur les animaux dans leur province ou territoire. La réglementation devrait stipuler que ces interventions ne doivent être exécutées que par un médecin vétérinaire titulaire d’un permis d’exercice ayant la formation et l’expérience requises, ou déléguées par un médecin vétérinaire titulaire d’un permis d’exercice à une personne dûment formée.
  • L’ACMV recommande que les médecins vétérinaires présentent les soins dentaires préventifs comme un élément visant à préserver le bien-être des patients en mettant l’accent sur l’éducation des propriétaires d’animaux au sujet des soins à la maison et des interventions régulières d’hygiène dentaire qui seront effectuées par le personnel vétérinaire pendant la vie de l’animal.

Contexte

  1. L’ACMV appuie la définition de la dentisterie vétérinaire proposée par l’American Veterinary Dental College (AVDC), soit une discipline de la médecine vétérinaire qui implique l’examen professionnel, l’évaluation, le diagnostic, la prévention, le traitement (non chirurgical, chirurgical ou impliquant des procédures connexes) d’affections, de maladies et de troubles de la cavité orale et de la région maxillo-faciale et de leurs structures adjacentes et associées, et qui est pratiquée par un médecin vétérinaire titulaire d’un permis d’exercice dans la mesure de sa formation et de son expérience conformément à l’éthique de la profession et aux lois applicables (1).
  2. La dentisterie vétérinaire exige des connaissances poussées en anatomie, en anesthésiologie, en pharmacologie, en physiologie, en pathologie, en radiologie, en neurologie, en médecine et en chirurgie – des sujets qui font tous partie de la formation et de l’expertise professionnelle uniques des médecins vétérinaires. De plus, chez toutes les espèces, la compréhension de l’étiologie des affections orales est nécessaire pour bien expliquer le pronostic, le traitement et les interventions préventives aux clients (2,3).
  3. Un nettoyage dentaire professionnel, qui est à la fois un examen de santé buccodentaire complet et un traitement (6), requiert une excellente connaissance de l’anatomie vétérinaire normale et une compréhension experte de la pathologie orale et dentaire chez les animaux pour faire une évaluation appropriée, établir un diagnostic et élaborer un plan de traitement. C’est pourquoi l’examen des dents et de la cavité buccale devrait être effectué par un médecin vétérinaire. Le médecin vétérinaire ne devrait en aucun cas déléguer un acte dentaire à moins d’y être autorisé en vertu de la réglementation de la province ou du territoire où il exerce.
  4. En ce qui a trait à la dentisterie équine, l’ACMV appuie la position de l’American Association of Equine Practitioners (4) selon laquelle les actes ci-après sont considérés comme des actes dentaires vétérinaires et devraient donc être effectués par un médecin vétérinaire titulaire d’un permis d’exercice. Interventions invasives pour les tissus de la cavité buccale, y compris, sans s’y limiter, le râpage des pointes dentaires; • le traitement des malocclusions des prémolaires, des molaires et des incisives; • l’odontoplastie; • l’extraction des premières prémolaires et des prémolaires et incisives temporaires; • l’extraction de dents endommagées ou malades; • le traitement des dents malades par une restauration ou une procédure endodontique; • les traitements parodontaux et orthodontiques; • la prise de radiographies dentaires; • l’endoscopie de la cavité buccale.
  5. En ce qui concerne la dentisterie équine, seuls les médecins vétérinaires titulaires d’un permis d’exercice ont les connaissances, la formation, l’équipement et l’accès à des outils comme les produits pharmaceutiques (sédatifs, anesthésiques, antimicrobiens et analgésiques) pour effectuer correctement les interventions dentaires de façon sécuritaire et sans douleur. Par conséquent, l’ACMV estime que tous les actes relevant de la dentisterie équine devraient être pratiqués par un médecin vétérinaire titulaire d’un permis d’exercice ayant la formation et l’expérience requises, ou délégués par un médecin vétérinaire titulaire d’un permis à une personne dûment formée conformément la réglementation locale en vigueur.
  6. Un examen physique complet est requis dans le cadre de l’évaluation du patient. D’autres analyses diagnostiques peuvent être indiquées avant que la sédation, l’anesthésie et les interventions dentaires ne soient effectuées.
  7. Les interventions dentaires effectuées sur les animaux varient selon les espèces en fonction de leur dentition et d’autres facteurs propres aux différentes espèces (5), mais peuvent inclure : l’examen de la cavité buccale, y compris la mesure de la profondeur des poches parodontales et la documentation des observations et des traitements; • la radiographie intra-orale; • le détartrage supra-gingival et sous-gingival (au-dessus et en dessous de la ligne gingivale), le curetage et le polissage des dents; • les interventions buccales invasives, y compris, sans s’y limiter, les extractions de dents temporaires ou permanentes (y compris les « dents de loup » chez les chevaux), le râpage des pointes dentaires, le traitement et/ou la réparation des dents ou des malocclusions, les interventions chirurgicales de la cavité buccale; • les traitements nécessitant des interventions endodontiques, orthodontiques, parodontales ou restauratrices; • la biopsie d’un tissu anormal.
  8. Pour effectuer un examen buccal adéquat et complet chez un animal, peu importe l’espèce, des sédatifs ou des agents anesthésiques (jusqu’à l’anesthésie générale avec intubation s’il y a lieu) devraient être utilisés. Dans le cas des animaux de compagnie, un nettoyage dentaire professionnel (examen de santé buccodentaire complet et traitement) devrait comprendre des radiographies intra-orales et une anesthésie générale avec intubation. Chez les chevaux, un examen buccal complet n’est possible qu’avec une sédation, un rinçage abondant (pour enlever les aliments restants dans la bouche), un ouvre-gueule bien ajusté et un éclairage d’appoint artificiel suffisant dirigé dans la cavité buccale (6).
  9. En plus des sédatifs/anesthésiques, d’autres médicaments sur ordonnance sont nécessaires en dentisterie vétérinaire. L’utilisation prudente de ces médicaments, y compris des antibiotiques (11) et des analgésiques, permet aux médecins vétérinaires de veiller au bien-être des animaux et de maximiser le confort et la sécurité des patients ainsi que la probabilité d’une intervention réussie.
  10. Le simple retrait du tartre au-dessus et en dessous de la ligne gingivale, sans une évaluation adéquate de la cavité orale et sans considération subséquente de la pathologie sous-gingivale et des options de traitement associées, n’améliore pas et ne protège pas la santé des patients vétérinaires et présente un risque pour le bien-être des animaux. L’ACMV n’approuve pas les interventions de dentisterie effectuées sans sédation ou anesthésie, ni le détartrage non professionnel de quelque espèce animale que ce soit.
  11. L’ACMV reconnaît l’importance de mettre en place une relation vétérinaire-client-patient, telle qu’elle est définie par les organismes de réglementation vétérinaire, afin d’améliorer les communications concernant les interventions de dentisterie vétérinaire nécessaires, de définir les attentes, et de maximiser les probabilités d’un résultat favorable.
  12. L’ACMV recommande fortement que la dentisterie vétérinaire fasse partie du programme de formation de base en médecine vétérinaire, et que des occasions de formation continue soient offertes aux médecins vétérinaires pour leur permettre d’améliorer leurs compétences, leurs connaissances et leur expertise dans le domaine de la dentisterie vétérinaire (12).
  13. L’ACMV encourage les médecins vétérinaires à orienter les cas plus complexes vers un spécialiste en dentisterie vétérinaire agréé par l’American Veterinary Dental College (AVDC) (13) ou l’European Veterinary Dental College (EVDC) (14).
  14. L’ACMV encourage le perfectionnement et le développement de l’expertise des techniciens vétérinaires, notamment par la certification offerte par l’Academy of Veterinary Dental Technicians (15).
  15. Les médecins vétérinaires qui prodiguent des soins dentaires et les personnes dûment formées qui se voient déléguer ces responsabilités devraient régulièrement actualiser leurs connaissances, leurs compétences, leur équipement et leurs instruments en ce qui a trait à la dentisterie pour les espèces qu’ils traitent afin d’améliorer le diagnostic et la prise en charge des troubles dentaires en fonction de l’évolution de l’information et de la technologie.
  16. Dans l’intérêt du public et pour protéger le bien-être des animaux, l’ACMV encourage fortement les organismes d’octroi de permis d’exercice de la médecine vétérinaire à réglementer les interventions dentaires effectuées sur les animaux dans leur province ou territoire. La réglementation devrait stipuler que ces interventions ne doivent être exécutées que par un médecin vétérinaire titulaire d’un permis d’exercice ayant la formation et l’expérience requises, ou déléguées par un médecin vétérinaire titulaire d’un permis d’exercice à une personne dûment formée conformément à la réglementation locale en vigueur.
  17. L’ACMV recommande que les médecins vétérinaires présentent les soins dentaires préventifs comme un élément visant à préserver le bien-être des patients en mettant l’accent sur l’éducation des propriétaires d’animaux au sujet des soins à la maison et des interventions régulières d’hygiène dentaire qui seront effectuées par le personnel vétérinaire pendant la vie de l’animal. Dans la mesure du possible, il faut sensibiliser le propriétaire et commencer les soins préventifs dès le jeune âge de l’animal. Ces efforts pourront réduire la nécessité des soins dentaires vétérinaires plus poussés à mesure que l’animal vieillit, et ainsi améliorer la santé et le bien-être de l’animal et réduire les coûts des soins pour le propriétaire (16,17).

Références

  1. American Veterinary Dental College. Disponible au : https://avdc.org/avdc-nomenclature/.
  2. Association canadienne des médecins vétérinaires. Interventions chirurgicales effectuées sur
    les animaux – Énoncé de position. 2021. Disponible au :
    https://www.veterinairesaucanada.net/politiques-et-rayonnement/enonces-deposition/
    enonces/interventions-chirurgicales-effectuees-sur-les-animaux-enonce-deposition/.
  3. American Veterinary Medical Association. Policy on Veterinary Dentistry.
    Disponible au : https://www.avma.org/resources-tools/avma-policies/veterinary-dentistry.
  4. American Association of Equine Practitioners. Position Statement on Equine Dentistry.
    2019. Disponible au : https://aaep.org/guidelines/aaep-ethical-and-professionalguidelines/
    aaep-position-statements/veterinary-practice.
  5. Merck Veterinary Manual. Disponible au : https://www.merckvetmanual.com/digestivesystem/
    dental-development-and-anatomy/dentition-and-dental-nomenclature-of-animals.
  6. AAHA. Dental Care Guidelines for Dogs and Cats. 2019. Disponible au :
    https://www.aaha.org/globalassets/02-guidelines/dental/aaha_dental_guidelines.pdf.
  7. World Small Animal Veterinary Association. Global Dental Guidelines. 2020. Disponible
    au : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/jsap.13132.
  8. American Veterinary Dental College. Anesthesia free dentistry – Know the facts.
    Disponible au : http://avdc.org/AFD/ (dernière consultation le 30 août 2016).
  9. American Veterinary Dental College. Companion Animal Dental Scaling Without
    Anesthesia. 2004. Disponible au :
    https://avdc.org/PDF/Dental_Scaling_Without_Anesthesia.pdf.
  10. Royal College of Veterinary Surgeons. A statement on ‘anesthesia-free dental procedures’
    for cats and dogs. Disponible au : https://www.rcvs.org.uk/document-library/a-statementon-
    anaesthesia-free-dental-procedures-for-cats-dogs/ (dernière consultation le 30 août
    2016).
  11. Association canadienne des médecins vétérinaires. Utilisation judicieuse des antimicrobiens
    en médecine vétérinaire – Énoncé de position. 2021. Disponible au :
    https://www.veterinairesaucanada.net/politiques-et-rayonnement/enonces-deposition/
    enonces/utilisation-judicieuse-des-antimicrobiens-en-medecine-veterinaire-enoncede-
    position/.
  12. Anderson JG. The State of Veterinary Dental Education in North America, Canada, and the
    Caribbean: A Descriptive Study. Journal of Veterinary Medical Education 2017;44(2):358-
    363. Disponible au : https://doi.org/10.3138/jvme.1215-204R.
  13. The American Veterinary Dental College. Disponible au : https://avdc.org/.
  14. The European Veterinary Dental College. Disponible au : https://www.evdc.org/.
  15. Academy of Veterinary Dental Technicians. Disponible au : http://avdt.us/.
  16. Veterinary Oral Health Council. Disponible au : www.vohc.org.
  17.  Foundation for Veterinary Dentistry. Disponible au : https://www.veterinarydentistry.org/.

Références additionnelles

Gorrel C. Veterinary Dentistry for the General Practitioner, 2nd Edition, Philadelphie,
Pennsylvanie, Saunders, 2013.
Reiter A. Veterinary Clinics of North America (Small Animal Practice), Veterinary Dentistry and
Oral Surgery, volume 52, numéro 1, janvier 2022. Disponible au :
https://www.sciencedirect.com/journal/veterinary-clinics-of-north-america-small-animal-practice.
Holmstrom SE. Veterinary Dentistry: A Team Approach, 3rd Edition, Saunders, 2018.
Perrone JR. Small Animal Dental Procedures for Veterinary Technicians and Nurses, 2nd Edition,
Wiley-Blackwell, 2020.
Berg M. Companion Animal Dentistry for Veterinary Technicians, 1st Edition, Bluedoor, 2021.
AAHA. Definitions that pertain to dental care guidelines. Disponible au :
https://www.aaha.org/aaha-guidelines/dental-care/anatomy--pathology/definitions/.