Gestion des cornes des bovins – Énoncé de position

mars 1, 2022

Les énoncés de position élaborés par l’ACMV reflètent les connaissances actuelles en matière de bien-être animal. Bien qu’ils ne soient pas législatifs, ils représentent l’engagement continu de l’ACMV envers la promotion du bien-être animal.

Position

L’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV) reconnaît que l’absence de cornes chez les bovins est souvent souhaitable pour la sécurité des humains et des animaux. L’ACMV appuie l’élevage de bovins sans cornes, mais elle est consciente que, dans beaucoup de situations, le retrait des bourgeons ou des cornes est nécessaire. L’ACMV soutient que, par souci du bien-être animal, il est fortement conseillé d’enlever les bourgeons de corne avant l’âge de 8 semaines, plutôt que de procéder à l’écornage lorsque les animaux sont plus âgés. Les médecins vétérinaires devraient aider les propriétaires et/ou gardiens d’animaux responsables et adéquatement formés à élaborer des protocoles de gestion des cornes adaptés à leur situation.

Sommaire

  • Les bovins sans cornes causent moins de blessures aux autres animaux et aux humains que leurs congénères à cornes.
  • Pour des raisons de bien-être animal, l’ébourgeonnage est fortement préférable à l’écornage. Tout devrait être mis en œuvre pour que l’ébourgeonnage soit fait avant l’âge de huit semaines.
  • Les bovins devant subir l’ébourgeonnage ou l’écornage devraient recevoir une anesthésie locale et une analgésie périopératoire. S’il y a lieu, le médecin vétérinaire du troupeau peut inclure une sédation ou, si la réglementation locale le permet, la fournir au producteur sur ordonnance dans le cadre du protocole établi pour la ferme.
  • Toute plaie ou tout saignement important associé à l’écornage doit être traité de manière appropriée, conformément aux dispositions de l’énoncé de position de l’ACMV sur les interventions chirurgicales.
  • Les protocoles, y compris ceux décrivant les indications du retrait des cornes, la prise en charge de la douleur et les interventions d’ébourgeonnage ou d’écornage des bovins, devraient être élaborés avec le médecin vétérinaire du troupeau et passés en revue tous les ans ou tous les deux ans au besoin.
  • Plus de recherche est nécessaire pour déterminer les protocoles idéaux pour la gestion des cornes chez les veaux de boucherie semi-féraux.

Contexte

  1. Prayaga KC. Genetic options to replace dehorning in beef cattle – A review. Aust J Agric Res 2007; 58:1-8.
  2. Les bovins sans cornes causent moins de blessures aux autres animaux et aux humains que leurs congénères à cornes, ce qui améliore le bien-être des animaux et la sécurité des travailleurs (3).
  3. Les cornes sont absentes à la naissance et poussent sous forme de bourgeons dans la peau sur le dessus de la tête des bovins, derrière les oreilles. Ces bourgeons s’attachent à l’os recouvrant le sinus frontal vers l’âge d’environ huit semaines. Un diverticule du sinus frontal s’étend jusqu’à l’intérieur de la base des cornes à mesure que les cornes poussent.
  4. L’ébourgeonnage consiste à détruire le bourgeon de la corne avant qu’il s’attache à l’os, donc sans causer de dommages osseux importants. L’écornage est l’amputation des cornes, et il s’agit d’une intervention plus invasive et plus traumatique que l’ébourgeonnage. Les dommages faits aux tissus lors de l’ébourgeonnage ou de l’écornage provoquent des changements physiologiques et comportementaux qui démontrent de la douleur et de la détresse (4,5,6). Lorsque la gestion des cornes est indiquée, l’ébourgeonnage est préférable à l’écornage car cette intervention provoque moins de douleur et de détresse et comporte moins de risques de sinusite, d’hémorragie et d’infection (6,7).
  5. L’ébourgeonnage au fer chaud est actuellement la méthode de prédilection, car c’est la technique la plus fiable et celle qui donne les résultats les plus uniformes chez les bovins. Cette méthode comporte aussi moins de risques d’effets indésirables négatifs potentiels que les autres options chimiques (pâte caustique) (6,8) ou physiques (cuillères ou autres instruments coupants) (6).
  6. Les médecins vétérinaires devraient renseigner les propriétaires et gardiens d’animaux responsables et discuter avec eux pour élaborer des protocoles de gestion des cornes spécifiques pour leurs troupeaux (9), qui décrivent notamment les indications des interventions, les techniques de prédilection, et la prise en charge de la douleur (10). L’ACMV estime que tous les bovins devant subir une intervention quelconque de gestion des cornes devraient faire l’objet d’un bloc anesthésique local et recevoir un analgésique non stéroïdien. Cette combinaison entraîne une diminution des comportements liés à la douleur après l’intervention, comme secouer ou frotter la tête et battre des oreilles (11), et des réponses physiologiques de stress qui y sont associées (6). La recherche indique que la sédation peut également être bénéfique dans toute procédure de gestion des cornes (12,13,7); par conséquent, le médecin vétérinaire du troupeau pourrait également choisir d’inclure la sédation dans le protocole établi pour la ferme. Lorsque l’ébourgeonnage est effectué par un non-vétérinaire (p. ex., par des clients producteurs de bétail), l’ACMV recommande fortement que le médecin vétérinaire du troupeau soit consulté à l’avance et offre de la formation sur l’intervention et la prise en charge de la douleur dans le cadre d’une relation vétérinaire-client-patient (RVCP) valide conformément aux exigences réglementaires provinciales.
  7. Une grande partie de la recherche effectuée sur la gestion des cornes l’a été sur les veaux laitiers. Même si les veaux de boucherie semi-féraux ressentiront une douleur similaire à celle des veaux laitiers, d’autres études sont nécessaires pour évaluer le stress accru dû à la contention requise pour la gestion des cornes chez ces animaux. De nouveaux protocoles pourraient inclure le recours à la génétique pour favoriser la sélection d’animaux acères, la création de nouveaux protocoles pour le retrait des bourgeons ou des cornes, ou la rétention des cornes dans certains groupes ou certaines situations. À l’heure actuelle, tous les veaux de boucherie qui subissent l’ébourgeonnage ou l’écornage devraient recevoir une analgésie périopératoire (7,14).
  8. Comme l’ébourgeonnage et l’écornage sont des interventions chirurgicales, les dispositions de l’énoncé de position de l’ACMV sur les interventions chirurgicales sont applicables (15).
  9. Certains marchés aux enchères permettent d’effectuer des interventions chirurgicales (comme la castration et l’écornage) sur place (16). L’ACMV estime que les interventions chirurgicales non urgentes ne devraient pas être réalisées durant les encans, car les installations ne sont pas équipées pour un suivi adéquat et le temps de récupération avant le transport est insuffisant pour permettre la guérison et agir en conformité avec le Règlement sur la santé des animaux (partie XII, Transport des animaux) (17).

Références

  1. Prayaga KC. Genetic options to replace dehorning in beef cattle – A review. Aust J Agric Res 2007; 58:1-8.
  2. Stookey JM, Goonewardene LA. A comparison of production traits and welfare implications between horned and polled bulls. Can J Anim Sci 1996;76:1-5.
  3. Knierim U, Irrgang N, Roth BA. To be or not to be horned-consequences in cattle. Livestock Science 2015;179:29-37.
  4. Vickers KJ, Niel L, Kielbauch LM, et al. Calf response to caustic paste and hot-iron dehorning using sedation with and without local anesthetic. J Dairy Sci 2005;88:1545-1559.
  5. Taschke AC, Folsch DW. [Ethological, physiological and histological aspects of pain and stress in cattle when being dehorned]. Tierarztl Prax 1997;25:19-27.
  6. Stafford KJ, Mellor DJ. Addressing the pain associated with disbudding and dehorning in cattle. Appl Anim Behav Sci 2011;135:226-231.
  7. Adam M, Salla K, Aho R, Hänninen L, Taponen S, Norring M, Raekallio M, Hokkanen A-H. A comparison of sedative effects of xylazine alone or combined with levomethadone or ketamine in calves prior to disbudding. Veterinary Anaesthesia and Analgesia 2021;48(6):906- 913 (https://doi.org/10.1016/j.vaa.2021.08.004).
  8. Ede T, von Keyserlingk MA, Weary DM. Conditioned place aversion of caustic paste and hot- iron disbudding in dairy calves. Journal of Dairy Science 2020;103(12):11653-11658.
  9. Stookey JM. The veterinarian's role in controlling pain in farm animals. Can Vet J 2005;46:453-458.
  10. Bates AJ, Eder P, Laven RA. Effect of analgesia and anti-inflammatory treatment on weight gain and milk intake of dairy calves after disbudding. New Zealand Veterinary Journal 2015;63(3):153-157.
  11. Faulkner PM, Weary DM. Reducing pain after dehorning in dairy calves. J Dairy Sci 2000;83:2037-2041.
  12. Reedman CN, Duffield TF, DeVries TJ, Lissemore KD, Duncan IJ, Winder CB. Randomized controlled trial assessing the effects of xylazine sedation in 2-to 6-week-old dairy calves disbudded with a cautery iron. Journal of Dairy Science 2021;104(5):5881-5897.
  13. Caray D, Des Roches ADB, Frouja S, Andanson S, Veissier I. Hot-iron disbudding: stress responses and behavior of 1-and 4-week-old calves receiving anti-inflammatory analgesia without or with sedation using xylazine. Livestock Science 2015;179:22-28.
  14. Stafford KJ, Mellor DJ. Dehorning and disbudding distress and its alleviation in calves. Vet J 2005;169:337-349.
  15. ACMV. Interventions chirurgicales effectuées sur les animaux – Énoncé de position. 2021. Disponible au : https://www.veterinairesaucanada.net/politiques-et-rayonnement/enonces-de- position/enonces/interventions-chirurgicales-effectuees-sur-les-animaux-enonce-de-position/.
  16. Stafford KJ, Mellor DJ, Vogel K. Painful husbandry procedures in livestock and poultry. Grandin T, éd. Improving Animal Welfare: A Practical Approach, 3rd ed. CABI, Wallingford, R.-U., 2021, 113-144.
  17. Règlement sur la santé des animaux. Partie XII, Transport des animaux, Disponible au : https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/reglements/C.R.C.%2C_ch._296/page-10.html.