Les avantages des programmes de vaccination animale pour la promotion de la santé animale et humaine - Énoncé conjoint de l’American Veterinary Medical Association, de la Fédération des vétérinaires d’Europe et l’ACMV

août 11, 2017

La vaccination — l’inoculation d’une forme inoffensive ou moins virulente d’une maladie pour stimuler la réponse immunitaire naturelle de l’animal contre cette maladie — joue un rôle important dans la médecine préventive et continuera d’être un pilier de la promotion de la santé animale et de la réduction du risque de l’exposition des humains aux zoonoses. Historiquement, les pratiques d’immunisation et les protocoles de vaccination ont contribué significativement à réduire l’incidence de nombreuses maladies potentiellement mortelles. Par exemple, la rage chez les chiens et la peste bovine chez les bovins. Dans ce dernier cas, des programmes de vaccination coordonnés dans divers pays ont permis l’éradication de cette maladie en 2011 (voir www.oie.int/for-the-media/rinderpest/).  
 
Les risques de l’absence de vaccination peuvent être importants, non seulement pour l’animal individuel, mais aussi pour la population en général. Le principe de l’immunité collective reconnaît que la vaccination d’un pourcentage important d’une population donnée d’animaux contre une maladie particulière freine ou ralentit la chaîne de transmission de cette maladie. Lorsque l’immunité collective est forte, le risque d’infection diminue pour tous les animaux dans ce troupeau, même pour ceux qui ne peuvent pas être vaccinés (ou vaccinés de nouveau). Par exemple, des animaux jeunes, gravides ou immunodéprimés ou des animaux qui ont eu une réaction indésirable antérieure au même vaccin. De plus, la vaccination de grandes populations d’animaux peut être un outil de gestion efficace non seulement pour réduire le risque d’infection primaire — qu’il s’agisse d’un agent viral ou bactérien — mais aussi le risque d’infections secondaires, qui sont le plus souvent causées par des bactéries. À ce titre, des programmes de vaccination efficaces réduiront le besoin de traitement à l’aide d’antimicrobiens, ce qui contribuera aussi à la diminution du risque d’augmentation de l’antibiorésistance.  
 
La vaccination des animaux peut aussi profiter à la santé humaine et publique. Par exemple, l’Organisation mondiale de la santé signale que des dizaines de milliers de personnes meurent chaque année de la rage, et la variante canine sert de source d’infection zoonotique dans la vaste majorité de ces morts. Mais dans les pays ou collectivités où il est obligatoire de vacciner les chiens contre la rage, les chiens vaccinés sont identifiés et les chiens errants sont contrôlés et l’incidence des humains infectés par le virus de la rage canine est réduite à presque zéro. Parallèlement, l’immunisation contre la brucellose pour les animaux vulnérables protège les personnes qui travaillent ou entrent en contact avec des produits dérivés de ces animaux et prévient la contraction de cette maladie bactérienne.
 
Cependant, comme avec tout traitement ou intervention médicale bénéfique, il existe aussi des risques potentiels associés à l’utilisation des vaccins. L’American Veterinary Medical Association (AVMA), la Fédération des vétérinaires d’Europe (FVE) et l’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV) estiment qu’il incombe à la profession vétérinaire de contribuer à l’éducation du public à propos des avantages des vaccins pour la promotion de la santé animale, de la santé humaine et de la santé publique tout en atténuant les risques en préconisant le recours à des approches médicales sûres pour le l’élaboration de protocoles de vaccination qui abordent les besoins de soins de santé préventifs de nombreuses espèces et races ainsi que des patients individuels.
 
L’AVMA représente plus de 88 000 médecins vétérinaires individuels aux États-Unis ; la FVE représente 46 organisations vétérinaires nationales dans 38 pays européens ; et l’ACMV représente plus de 13 000 médecins vétérinaires individuels au Canada. L’AVMA, la FVE et l’ACMV collaborent à des enjeux d’importance pour leurs membres et elles travaillent de manière concertée afin de promouvoir la santé animale et humaine, d’appuyer les vétérinaires dans l’exercice de leurs responsabilités professionnelles au plus haut niveau et d’avancer la profession médicale vétérinaire. 
 
L’AVMA, la FVE et l’ACMV se sont engagées à promouvoir la valeur des vaccins pour la réduction du risque présenté par les maladies infectieuses et les zoonoses, à produire du matériel éducatif pour utilisation par les vétérinaires afin d’accroître l’observance des clients à l’égard des programmes de vaccination appropriés et à collaborer avec d’autres professions de la santé en vue de faire valoir le besoin de ressources pour avancer la compréhension scientifique de la pharmacologie et de l’immunologie des vaccins.
 
L’AVMA, la FVE et l’ACMV estiment que la liste suivante présente les enjeux importants à considérer lors de l’élaboration et de la mise en œuvre de projets d’éducation et de défense des intérêts efficaces en matière de vaccination :
 
  • Les vaccins sont utilisés depuis des siècles afin de réduire efficacement la morbidité et la mortalité causées par de nombreuses maladies infectieuses et, dans la vaste majorité des cas, les avantages des programmes de vaccination sûrs sur le plan scientifique l’emportent sur les risques potentiels. 
  • Les animaux doivent être en bonne santé physiologique et avoir un système immunitaire compétent afin de répondre de manière efficace et adéquate à un vaccin. 
  • Les programmes de vaccination et de rappels pour les soins de santé préventifs devraient être conçus afin de préserver la santé des animaux vaccinés et la santé publique (p. ex., lors de la vaccination contre une zoonose comme la rage) tout en minimisant les effets indésirables potentiels pour les animaux vaccinés. 
  • L’immunité collective est un avantage important des programmes de vaccination efficaces et elle peut être évaluée en mesurant les taux de vaccination ainsi que les résultats de sondages séroépidémiologiques. De telles évaluations peuvent aider à promouvoir la vaccination de grandes populations d’animaux.
  • Les éléments à considérer par les vétérinaires lors de la conception des protocoles de vaccination et de rappel pour les animaux individuels ou les groupes d’animaux incluent l’âge, la race et l’état de santé de l’animal ou des animaux ; l’environnement, le style de vie, les habitudes de voyage et le risque d’exposition ; les variations régionales de la prévalence de la maladie ; et les réactions indésirables connues associées à l’utilisation de certains vaccins. 
  • Les besoins de vaccination ou de vaccination de rappel d’un patient ou d’un troupeau doivent être évalués par un médecin vétérinaire sur une base régulière dans le cadre d’une stratégie globale de soins de santé préventifs.
  • La décision d’administrer un antigène particulier devrait se fonder sur le risque d’un animal individuel ou d’un troupeau d’animaux de contracter la maladie et les protocoles peuvent varier selon les entités de maladie qui sont prévalentes dans une région donnée. 
  • Des réactions indésirables à la vaccination peuvent se produire sous forme de réaction au vaccin en soi ou en raison d’une utilisation inappropriée d’un vaccin. 
  • Les systèmes actuels de déclaration des réactions indésirables ont besoin d’être améliorés en ce qui a trait à la saisie, à l’analyse et à la déclaration des événements indésirables. 
  • Toutes les réactions indésirables (y compris l’absence de protection) devraient être signalées au fabricant et aux agences gouvernementales appropriées afin de continuer d’assurer l’innocuité et l’efficacité des vaccins vétérinaires.
L’AVMA, la FVE et l’ACMV continueront de contribuer à l’éducation du grand public à l’égard de l’efficacité des protocoles de vaccination sûrs pour l’avancement de la santé animale et publique et elles travailleront en vue de promouvoir la disponibilité accrue de vaccins animaux qui sont sûrs, efficaces, fondés sur des données scientifiques et pratiques sur le plan clinique, afin de fournir aux praticiens les éléments nécessaires pour l’élaboration de programmes de vaccination qui maximisent les avantages et minimisent les risques connexes pour les patients confiés à leurs soins.