Le mois de mars est peut-être terminé, mais les tiques sont toujours en mouvement !

25 juil., 2025

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Le mois national de la sensibilisation aux tiques (MNST), organisé par l’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV) en partenariat avec Merck Santé Animale, met l’accent sur les éléments clés de la sensibilisation aux tiques afin de protéger les animaux de compagnie et leurs propriétaires. Nous partageons des informations sur l’activité des tiques, présentons des recherches indiquant où les tiques sont présentes au Canada et soulignons le rôle important de la communauté vétérinaire en santé publique.

Cette année, le mois national de sensibilisation aux tiques a débuté par un webinaire admissible à la formation continue, le 28 février 2025, animé par la Dre Catherine Bouchard de l’Agence de la santé publique du Canada et le Dr Jason Coe de l’Université de Guelph, intitulé « Comment maximiser la compréhension des propriétaires d’animaux de compagnie et minimiser les lacunes en matière de protection dans un contexte canadien en constante évolution concernant les tiques ».

La Dre Bouchard a partagé avec les participants des informations précieuses tirées de publications récentes et a résumé les principales mises à jour concernant les tiques et les maladies transmises par les tiques au Canada. Ces informations permettront aux équipes vétérinaires de mieux communiquer l’évolution des risques aux propriétaires d’animaux. Le Dr Coe a expliqué comment nous pouvons aider les propriétaires d’animaux à comprendre l’importance de nos recommandations en matière de lutte contre les tiques et comment cette compréhension peut réduire les lacunes en matière de protection. Il a également souligné l’approche « Spectre de soins » et l’intérêt de proposer des options aux propriétaires d’animaux lors des discussions sur la lutte contre les tiques.

Ce webinaire a permis aux participants de poser des questions aux intervenants et d’accéder aux ressources et publications citées lors de la présentation. Ce webinaire est archivé et accessible via : Webinaire de lancement MNST 2025.

Cinq questions du webinaire MNST 2025

1. Dre Bouchard, quel est le seuil de température à partir duquel nous devrions commencer les stratégies de prévention des tiques ?

Le seuil de température couramment cité pour les tiques à pattes noires adultes est de 4 °C. Cependant, les tiques ne sont pas toujours actives à cette température, et elles peuvent l’être dans des micro-environnements plus chauds, même lorsque la température ambiante est inférieure à 4 °C.

En règle générale, la prévention des tiques et l’administration de produits anti-tiques devraient commencer dès la fonte des neiges et se poursuivre au moins une à deux semaines après le retour de la couverture neigeuse. Cependant, cela varie selon les régions du Canada et peut être difficile à prévoir. La température a son importance, surtout dans les zones sans couverture neigeuse constante, mais l’activité des tiques dépend également d’autres facteurs environnementaux, tels que la durée du jour et la photopériode.

Compte tenu du climat variable du Canada et du risque croissant de maladies transmises par les tiques, une sensibilisation tout au long de l’année est essentielle. Cela comprend l’évitement des habitats à tiques, la vérification régulière des tiques sur les animaux et les personnes, et le retrait rapide des tiques au quotidien.

2. Dre Bouchard, l’activité des tiques à pattes noires adultes est-elle similaire à celle des stades immatures ?

Les tiques à pattes noires, tant à l’état adulte que nymphal, peuvent transmettre la bactérie Borrelia burgdorferi, responsable de la maladie de Lyme. Les larves ne transmettent pas la bactérie, car elles doivent d’abord l’acquérir lors de leur premier repas de sang.

Les stades immatures des tiques à pattes noires ont des pics d’activité différents de ceux de la tique adulte. Les nymphes ont leur pic d’activité au printemps et les larves en été. Les adultes sont généralement plus actifs à l’automne, mais un deuxième pic d’activité, moins important, est observé au printemps. Dans certaines régions du sud du Canada, les tiques adultes peuvent rester actives pendant la saison hivernale, à condition que la couverture neigeuse soit absente et que les conditions environnementales le permettent.

3. Dre Bouchard, combien de temps faut-il pour transférer Anaplasma phagocytophilum après que la tique commence à se nourrir ?

Les recherches menées sur des modèles animaux indiquent que le risque de transmission d’Anaplasma phagocytophilum (une bactérie comparable à celle causant la maladie de Lyme) augmente proportionnellement à la durée d’attachement de la tique infectée. Cependant, contrairement à la maladie de Lyme, des recherches montrent qu’A. phagocytophilum peut être transmis par une seule nymphe infectée en seulement 24 heures après sa fixation.

4. Dr Coe, comment les cliniques peuvent-elles exploiter le concept de « Matrice de valeur » au niveau clinique lorsqu’elles parlent aux propriétaires d’animaux de compagnie du contrôle des tiques ?

Ma première suggestion pour les cliniques souhaitant exploiter la « Matrice de Valeur » est de l’utiliser comme un exercice participatif pour l’ensemble de l’établissement (ou du moins pour les personnes ayant des échanges avec leurs clients concernant la protection contre les tiques). L’élaboration collective d’une « Matrice de Valeur » par toute l’équipe (ou, dans le cas d’une clinique plus importante, la création par groupes de quatre ou cinq, puis la comparaison par chaque groupe) permet une discussion à l’échelle de la clinique sur les options de protection contre les tiques et leurs avantages respectifs, contribuant ainsi à la cohérence du message au niveau de la pratique.

Ma deuxième suggestion est d’utiliser la « Matrice de Valeur » pour aider chaque membre de l’équipe à structurer sa réflexion sur la manière de présenter aux clients les différentes options de protection contre les tiques, en incluant les messages clés sur les avantages de chaque option pour le client et, surtout, pour son animal. En utilisant la « Matrice de Valeur » pour structurer sa réflexion sur la présentation de l’information, la présentation des options sera probablement plus structurée et plus facile à mettre en œuvre pour le vétérinaire, et donc plus facile à suivre et à comprendre pour le client.

Troisièmement, il est judicieux d’envisager d’utiliser la « Matrice de valeur » comme un outil visuel pour aider les clients à mieux comprendre et à se souvenir des informations sur les stratégies de protection contre les tiques. Cette matrice pourrait être créée en collaboration avec les clients, en tenant compte des informations recueillies sur leur historique afin d’adapter la matrice et la présentation des options à chaque client et à sa situation particulière.

5. Dr Coe, les propriétaires d’animaux attendent une recommandation de leur vétérinaire. En quoi leur proposer des options est-il bénéfique ?

Nos recherches démontrent systématiquement que la plupart des clients souhaitent avoir le choix et être impliqués dans les décisions concernant les soins de santé de leur animal aux côtés de leur vétérinaire.5, 6, 7 Nos recherches suggèrent également que, lorsque les vétérinaires formulent leurs recommandations sans d’abord se renseigner sur leur client ni l’impliquer dans le processus décisionnel, ces derniers peuvent se montrer sur la défensive ou méfiants quant aux motivations de leur recommandation. En présentant les options aux clients, y compris les avantages (ou l’absence d’avantages) de chaque option pour leur animal, et en les impliquant dans le processus décisionnel, nous préservons leur autonomie et réduisons leurs suspicions potentielles en leur permettant de comprendre les avantages de chaque option pour leur situation et la santé et le bien-être de leur animal.

Cela permet également au vétérinaire de mieux se positionner pour formuler une recommandation pertinente pour le client, son animal et sa situation. Même si nos recherches nous indiquent régulièrement que les clients souhaitent se voir présenter différentes options et participer à la prise de décision, nous constatons également qu’ils recherchent des conseils et un soutien de la part de leur vétérinaire (c’est-à-dire une recommandation) qui tiennent compte de leur point de vue, de leur animal et de leur situation. Proposer des options n’empêche pas le vétérinaire de formuler une recommandation ; il s’agit plutôt d’informer les clients de l’existence de ces options et d’adapter ensuite une recommandation en fonction du client, de l’animal et de sa situation. Pour citer un propriétaire d’animal lors d’une de nos études de groupe : « Avoir une conversation franche sur les différentes options, les conseils professionnels du vétérinaire, l’option privilégiée en fonction des circonstances. Je pense que cela fait partie du service et que je peux toujours exercer mon choix. »7

 

Références :

  1. Linkages of Weather and Climate With Ixodes scapularis and Ixodes pacificus (Acari: Ixodidae), Enzootic Transmission of Borrelia burgdorferi, and Lyme Disease in North America - PMC
  2. Mechanistic movement models to predict geographic range expansions of ticks and tick-borne pathogens: Case studies with Ixodes scapularis and Amblyomma americanum in eastern North America - ScienceDirect
  3. Effect of snow cover on the off-host survival of Dermacentor variabilis (Acari: Ixodidae) larvae - PubMed
  4. Clients prefer collaborative decision-making with veterinarians regardless of appointment type
  5. Pet owners’ and veterinarians’ perceptions of information exchange and clinical decision-making in companion animal practice.
  6. A focus group study of veterinarians’ and pet owners’ perception of veterinarian-client communication in companion animal practice.

Quelles sont les prochaines étapes pour votre clinique ?