Le mot du président – Se rappeler le « pourquoi » (RVC d'octobre 2023)
21 sept., 2023
Le mot du président
Se rappeler le « pourquoi »
Vous souvenez-vous du moment précis où vous avez reçu la réponse à votre demande d’admission en médecine vétérinaire? Ou encore du moment où vous avez revêtu un sarrau ou une tenue chirurgicale pour la première fois?
Ce moment qui semblait vous dire bienvenue dans le monde de la médecine vétérinaire, vous accomplirez de grandes choses!
Moi, je m’en souviens. Le souvenir de ce moment éveille en moi autant de passion et de fierté que lorsque je l’ai vécu à l’époque. J’adore ma profession, mais je suis inquiet. Je perçois de la souffrance chez plusieurs personnes fortes et compétentes, des amis, et des collègues comme vous.
Vous souvenez-vous du sentiment spécial qui vous a envahi, un mélange d’espoir et d’excitation à l’idée de toutes les possibilités qui s’offraient à vous?
Qu’en est-il du « pourquoi » vous faites ce que vous faites, peu importe le chemin que vous avez décidé de prendre en médecine vétérinaire?
Nous savons que le privilège que nous avons en tant que vétérinaires vient avec des attentes et la responsabilité de servir la société, et parfois un coût important sur le plan personnel. À l’heure actuelle, la profession vétérinaire est mise à l’épreuve comme jamais auparavant.
Peut-être que vous pratiquez depuis un certain temps comme moi et que votre regard sur la profession a changé. Ou peut-être êtes-vous encore aux études ou en début de carrière et vous constatez que la voie à laquelle vous avez consacré autant d’efforts ne ressemble pas vraiment à ce à quoi vous vous attendiez. Je vous invite tous à vous souvenir de votre « pourquoi » et du sentiment qui vous habitait quand vous avez reçu votre lettre d’admission, quand vous avez enfilé votre sarrau pour la première fois, ou quand vous étiez sur la scène pour recevoir votre diplôme de D.M.V. tant convoité!
Nous savons tous que nous ne ressentirons pas ce même sentiment tous les jours. J’ai moi-même connu des périodes creuses plutôt douloureuses. Elles ont ébranlé ma confiance et volé mon appétit pendant des semaines, et elles m’ont donné l’impression de ne plus pouvoir respirer. Ces moments ont étouffé ma passion, remis en doute mon amour de la médecine vétérinaire, et affecté mon estime personnelle.
Mes proches en ont été témoins – ils se sentaient impuissants et ont tenté de me soutenir de leur mieux. Ces gens savent aussi combien il m’est difficile d’écrire ces mots, car je suis une personne plutôt réservée.
Ce sentiment de fierté et de motivation était si fort, et vous méritez de le ressentir à nouveau. Comment pouvez-vous le retrouver?
Vous vous demandez peut-être comment j’ai réussi à traverser cette période difficile et ce qui m’a donné le courage de croire à nouveau en moi pour retrouver le feu sacré.
Je crois que ce qui m’a protégé, guéri et permis d’aimer à nouveau ma profession en parcourant plus d’un million de kilomètres dans les régions rurales de la Nouvelle-Écosse, ce sont les nombreuses et profondes relations que j’ai nouées au cours des vingt dernières années à servir des clients qui s’intéressaient à moi autant que je m’intéressais à eux.
Ce sont aussi les relations solides et solidaires que j’ai tissées avec des collègues de toute la profession – ceux qui ont cru en moi lorsque j’ai revêtu mon sarrau, ceux qui m’ont encouragé
à chaque étape de mon parcours, et ceux qui ont su m’aider à me relever lorsque j’en ai eu besoin. Toutes ces personnes m’ont aidé à chasser la spirale de négativité qui peut s’infiltrer en chacun de nous.
Je me souviens de la première fois qu’une cliente m’a demandé : « Trevor, est-ce que ça va? », quelques minutes après avoir dit adieu à son compagnon de longue date; c’était il y a plusieurs années. « George » était un magnifique hongre alezan, et je savais à quel point le lien qui les unissait était spécial et fort. Je suis certain que la propriétaire de George n’était pas consciente du pouvoir de ce moment où elle a posé sa main sur mon épaule et a prononcé ces mots. Je me suis souvent remémoré cet événement, et plusieurs autres au fil des ans, ainsi que tous ces gens bienveillants. Une pandémie mondiale a peut-être perturbé ces moments, mais pour être honnête, j’ai décidé d’en garder quelques-uns malgré la COVID-19 – cela n’a probablement pas fait de moi le champion de l’adhésion aux consignes de santé publique dans certains cas, mais j’ai choisi une autre voie favorisant le bien-être et la santé, soit celle de la fraternité et de la connexion.
Si nous voulons tirer le meilleur parti de la vie et de notre profession, notre capacité à le faire dépendra des relations, de la solidarité et des liens qui nous porteront durant les jours les plus sombres. Pour y arriver, il faut s’autoriser à être vraiment vulnérable sans savoir ce qui nous attend ensuite. Les cadeaux qui suivront vous soutiendront lorsque vous serez fatigués, blessés et que vous aurez besoin de force, et ils vous rappelleront votre « pourquoi ».
Ces relations, ainsi que les divers programmes de l’Association canadienne des médecins vétérinaires et des associations provinciales, pourront vous aider à traverser la période la plus difficile que notre profession ait jamais connue.
-Trevor Lawson