Table des matières et résumés

Deux chiens shih tzu ont été référés à notre clinique en raison d’une hématochézie et de vomissements. L’échographie abdominale a révélé une masse focale, asymétrique et exophytique de l’intestin grêle avec perte de stratification pariétale et épaississement de la couche musculaire de l’intestin adjacent. La tomodensitométrie (TDM) chez les deux chiens a révélé une masse jéjunale et duodénale exophytique focale, asymétrique, homogène et contrastée avec une couche muqueuse intacte et une lymphadénopathie généralisée. Les métastases et les ulcérations n’ont pas été détectées par TDM. Le diagnostic initial d’imagerie était un lymphome chez les deux chiens; cependant, l’examen histopathologique a révélé la présence de mastocytomes intestinaux (iMCT). Malgré sa similitude avec le lymphome alimentaire, l’iMCT doit être considérée comme un diagnostic possible, basé sur les caractéristiques de l’imagerie, afin de garantir la sélection des traitements appropriés. Il s’agit du premier rapport vétérinaire décrivant les caractéristiques échographiques et tomodensitométriques détaillées des iMCT.

Message clinique clé :
Il s’agit du premier rapport de cas vétérinaire démontrant les caractéristiques échographiques et tomodensitométriques de l’iMCT canin, qui peuvent être diagnostiquées à tort comme un lymphome alimentaire. Ce rapport fournit un autre diagnostic différentiel à prendre en compte lors de la détermination de l’orientation thérapeutique et de l’examen histopathologique appropriés du patient.

Une femelle bouledogue anglais stérilisée de 8 ans a présenté des vomissements, une hyporexie et une diarrhée d’origine du gros intestin. L’échographie abdominale a révélé une masse colique focale avec une invagination située immédiatement oralement à la masse. L’intussusception englobait le côlon ascendant et transverse et était non réductible. La résection colique et l’anastomose ont été réalisées pour inclure l’intussusception et la masse colique. L’examen histopathologique de la masse a révélé un néoplasme à cellules fusiformes apparaissant dans la paroi musculaire du segment invaginé qui a oblitéré l’architecture normale. L’immunoréactivité cytoplasmique légère à modérée de la population de cellules tumorales pour le CD117 et l’actine des muscles lisses étaient compatibles avec un diagnostic de tumeur stromale gastro-intestinale. Le chien décrit ici est toujours vivant et exempt de maladie évolutive au moment de la rédaction.

Message clinique clé :
L’ensemble du tractus gastro-intestinal doit être évalué chez tout animal présentant des symptômes gastro-intestinaux. Une tumeur stromale gastro-intestinale reste un diagnostic différentiel plausible, quel que soit le segment intestinal atteint, et l’intussusception associée à la tumeur est une constatation clinique rare mais urgente.

Une chienne berger allemand stérilisée âgée de 4,6 ans a été admise dans le service d’urgence d’un hôpital spécialisé après avoir été référée pour une suspicion d’obstruction gastro-intestinale par un corps étranger. Du liquide abdominal libre a été prélevé et les résultats de l’évaluation cytologique étaient compatibles avec un abdomen septique. Un examen abdominal à l’aide de baryum a révélé du gaz libre et du baryum intrapéritonéal, ainsi qu’un patron de gaz obstructif dans l’intestin grêle. L’échographie a révélé une perforation sur toute l’épaisseur jéjunale. Lors d’une laparotomie exploratoire, il a été constaté que la perforation était située au milieu du jéjunum, sans masse ni corps étranger associé. Une résection et une anastomose ont été réalisées. L’évaluation histopathologique du tissu jéjunal affecté a montré un épithélium glandulaire gastrique aberrant compatible avec un choristome gastrique ou un tissu gastrique hétérotopique.

Message clinique clé :
Les cliniciens doivent considérer le choristome glandulaire gastrique comme diagnostic différentiel dans les cas de perforation de l’intestin grêle apparemment idiopathique sans cause connue (i.e. pénétration d’un corps étranger, néoplasie, utilisation d’AINS), et une évaluation histopathologique doit toujours être effectuée pour obtenir un diagnostic définitif.

L’abdomen bilieux est une affection rare mais potentiellement mortelle qui n’a jamais été associée à une gastropexie prophylactique. Chez les animaux, l’abdomen bilieux est associé à un taux de mortalité élevé, dû en grande partie à la péritonite biliaire qui en résulte. La plupart des cas d’abdomen bilieux en médecine vétérinaire sont secondaires à une maladie sous-jacente de la vésicule biliaire ou à un traumatisme contondant abdominal. Ce rapport de cas décrit un cas d’abdomen bilieux atraumatique sans signe de maladie hépatobiliaire primaire. Une gastropexie incisionnelle prophylactique a été réalisée sur un chien dans les 72 heures précédant le développement de son abdomen bilieux. Il est possible que la gastropexie ait augmenté la tension sur le canal biliaire principal, mais aucun traumatisme chirurgical direct connu du canal ne s’est produit. La cause de la fuite biliaire dans ce cas est soupçonnée d’être secondaire à un traumatisme causé par un viscère creux distendu. Les résultats de la deuxième intervention chirurgicale confortent cette conclusion.

Message clinique clé :
Ce cas suggère un nouveau mécanisme pour le développement de l’abdomen bilieux chez le chien.

Une alpaga huacaya femelle de 6 ans a été référée à la clinique pour évaluation avec des antécédents d’un mois de perte de poids rapide, d’inappétence, de léthargie et de leucocytose sévère réfractaire à la prise en charge médicale. L’examen physique a révélé un score d’état corporel de 1 sur 5 et une structure large et ferme palpable au niveau de l’abdomen caudoventral droit. L’examen échographique abdominal a révélé 3 masses à centres hyperéchogènes et tourbillonnants. La plus grande masse mesurait 15 cm de diamètre avec une capsule de 2 centimètres et s’étendait de la droite de la ligne médiane jusqu’à la région inguinale gauche. L’échographie transrectale a identifié un petit utérus et une délimitation claire entre les masses abdominales. Les résultats de la numération globulaire (cellulaire) sanguine complète étaient compatibles avec une inflammation systémique marquée. Sur la base de l’examen initial et des résultats de laboratoire, une laparotomie exploratoire a été choisie. De multiples masses mésentériques fortement adhérées au jéjunum ont été observées dans l’abdomen. En raison des conditions inopérables et du mauvais pronostic à long terme, l’alpaga a été euthanasié sous anesthésie générale. La culture bactérienne du liquide aspiré de la plus grande masse a révélé Y. pseudotuberculosis.

Message clinique clé :
La progression clinique et les tentatives de traitement de Y. pseudotuberculosis chez les camélidés n’ont pas été décrites auparavant et la bactérie doit être considérée comme un diagnostic différentiel d’abcès et de leucocytose persistante. Yersinia pseudotuberculosis est également considérée comme un agent zoonotique et des précautions appropriées doivent être prises lors de la manipulation des cas d’abcès abdominal.

Animal et objectif
Les objectifs de cette étude étaient de produire des intervalles de référence hématologiques pour les truies en fin de gestation et d’évaluer s’il existait des associations entre les paramètres hématologiques des truies et le nombre de porcelets mort-nés.

Procédure
Du sang total a été collecté auprès de 272 truies gravides en bonne santé environ 1 semaine avant la mise bas, et une numération cellulaire complète et des déterminations d’hémoglobine ont été obtenues. Les truies ont été surveillées pendant la mise bas et les caractéristiques de la portée, y compris le nombre de porcelets mort-nés, ont été enregistrées.

Résultats et conclusion
Les valeurs des globules rouges, de l’hémoglobine, du volume corpusculaire moyen, de l’hémoglobine corpusculaire moyenne, de la concentration corpusculaire moyenne, des plaquettes et des globules blancs étaient significativement plus élevées chez les truies de parité 1 que chez les truies plus âgées. La taille moyenne (± ET) des portées était de 14,5 ± 3,4 porcs, avec 1,5 ± 2,0 porcs mort-nés par portée. Il n’y avait aucune association significative entre un quelconque paramètre hématologique (à l’exception du nombre de globules blancs) et la probabilité d’avoir un porcelet mort-né dans une portée. Il y avait une relation entre la parité et la mortinatalité (P < 0,05), les truies ayant une parité plus élevée étant plus susceptibles que les truies plus jeunes de produire un porcelet mort-né. Bien qu’il ait été rapporté que les truies anémiques étaient plus susceptibles d’avoir des mortinatalités, la concentration moyenne d’hémoglobine relativement élevée des truies dans cette étude a peut-être entraîné l’absence de relation.

Objectif
Évaluer les tendances en matière d’accès aux soins vétérinaires pour les animaux de compagnie au Canada.

Procédure
Analyse et intégration des données disponibles, 2007 à 2020.

Résultats
La croissance cumulative de la main-d’œuvre vétérinaire canadienne était de 38 %, et de 49 % pour les médecins vétérinaires d’animaux de compagnie. Le nombre de clients par vétérinaire pour animaux de compagnie a diminué de 30 % entre 2008 et 2020. Le nombre absolu de clients a augmenté de 1,3 %, comparé à une croissance de la population d’animaux de compagnie de 17 %. Les animaux de compagnie médicalisés (ceux qui ont reçu des soins vétérinaires au cours de l’année écoulée) ont augmenté de 25 %, passant de 9,02 millions en 2007 à 11,24 millions en 2020. Les animaux de compagnie non médicalisés ont augmenté de 1,8 %, passant de 4,48 millions à 4,56 millions. En 2007, 33 % des animaux de compagnie étaient non médicalisés, contre 29 % (15 % des chiens et 42 % des chats) en 2020. Il y a eu une augmentation cumulée de 31 % pour le total des chiens non médicalisés, et une variation de −5,6 % pour les chats. Les revenus bruts et nets par client ont augmenté respectivement de 99 et 112 %, par rapport à une inflation cumulée de 21 %.

Conclusion et pertinence clinique
L’analyse a identifié chaque année une large cohorte d’animaux de compagnie qui n’avaient pas reçu de soins vétérinaires. Les tendances étaient moins de clients par vétérinaire, chacun payant des frais vétérinaires plus élevés, et suggéraient une pénurie globale de capacité vétérinaire relative plutôt qu’absolue. Les modèles de prestation de soins accessibles doivent être encouragés, réglementés et autorisés à prospérer aux côtés des modèles traditionnels.

Objectif
Évaluer l’efficacité d’une suspension de bupivacaïne encapsulée dans des liposomes (LEBS; Nocita), à une dilution de 1:5 avec 0,9 % de NaCl, pour la réduction des scores de douleur postopératoire et une réduction connexe du besoin d’opioïdes postopératoires chez des chiens subissant une céliotomie via la ligne médiane ventrale.

Hypothèse
Lorsqu’il est perfusé à une dilution de 1:5, LEBS entraîne moins de douleur postopératoire (comme l’indiquent les scores de l’échelle de douleur) et une réduction des opioïdes postopératoires chez les chiens subissant une cœliotomie via la ligne médiane ventrale. L’utilisation du LEBS n’affecte pas la cicatrisation des plaies par rapport au placebo.

Design expérimental
Il s’agissait d’un essai clinique prospectif, randomisé et en aveugle.

Animaux
Nous avons étudié 40 chiens appartenant à des clients subissant une chirurgie abdominale par cœliotomie via la ligne médiane ventrale.

Procédure
Les chiens subissant une cœliotomie via la ligne médiane ventrale ont été recrutés et répartis au hasard dans 1 groupe sur 2 : ceux recevant du LEBS ou un protocole d’injection de placebo dans les plans tissulaires pendant la fermeture. Le Glasgow Composite Pain Scale-Short Form (GCPS-SF) a été utilisé par un observateur aveugle au groupe de traitement pour évaluer les patients à 0, 1, 2, 6, 12, 18, 24, 30, 36, 42, 48, 54, 60, 66 et 72 h après l’extubation. Les chiens avec un score ≥ 3 dans n’importe quelle catégorie ou ≥ 6 au total ont reçu une analgésie de secours. Les données ont été analysées pour comparer le nombre de doses de thérapie de secours administrées entre les 2 groupes de traitement.

Résultats
Quarante chiens ont complété l’étude. Les chiens ayant reçu un protocole LEBS dilué étaient tout aussi susceptibles de nécessiter une thérapie de secours que ceux ayant reçu le placebo (NaCl à 0,9 %). Il n’y avait aucune différence significative dans les scores de douleur ou le nombre total d’injections d’opioïdes nécessaires entre les 2 groupes de traitement.

Conclusion et pertinence clinique
Chez les chiens subissant une cœliotomie via la ligne médiane ventrale, l’administration de LEBS dilué à 1:5 seule ne doit pas être considérée comme la seule méthode de soulagement de la douleur. La suspension de bupivacaïne encapsulée dans des liposomes doit être utilisée en association avec des opioïdes systémiques dans le cadre d’un régime analgésique multimodal. Cette approche multimodale permettrait de réduire la dose ou la fréquence des opioïdes, réduisant ainsi les effets secondaires indésirables associés aux opioïdes tout en diminuant également les coûts pour les clients.

Contexte
Si des anomalies cardiovasculaires secondaires à une insuffisance rénale aigue ont été décrites récemment en médecine vétérinaire, ces données restent limitées concernant les obstructions du tractus urinaire (OTU) chez le chat.

Objectif
Décrire le type, la fréquence, le délai d’apparition et les facteurs de risques d’anomalies cardio-vasculaires (ACV) chez des chats hospitalisés pour OTU aigue.

Animaux et protocoles
Les dossiers médicaux des chats admis en unité de soins intensifs pour obstruction du tractus urinaire haut (urétérales -OTUH) et bas (urétrales -OTUB) entre 2016 et 2021 ont été consultés. Les ACV retenus étaient des arythmies cardiaques, le développement de souffles cardiaques et de bruits de galop, les signes relatifs à une surcharge en fluide (SRSF) et de diminution de la perfusion tissulaire (SDPT).

Résultats
Cent soixante-huit chats avec des OTU ont été recrutés (56 OTUH, 112 OTUB). Des ACV ont été observés dans 61,9 % des cas, incluant des arythmies (33,6 %), l’apparition de bruits de galop (28,1 %) et de souffles cardiaques (15,3 %), des SRSF (14,4 %) et des SDPT (8,6 %). La concentration plasmatique en potassium, la présence d’une MRC sous-jacente et d’une dilatation pyélique à l’échographie abdominale ont été associées à la présence d’ACV par l’analyse multivariée.

Conclusions
Cette étude montre que les ACV surviennent fréquemment chez les chats présentés pour OTU, et suggère un impact sur la survie de ces animaux. Les animaux avec un historique de MRC, ceux présentés avec une hyperkaliémie et/ou avec une dilatation pyélique à l’échographie abdominale devraient être surveillés avec plus de précautions que les autres.

Objectif
L’objectif de cette étude était de surveiller l’excrétion fécale de Streptococcus suis chez des porcelets en pouponnière dans une ferme ayant des antécédents de maladie à S. suis impliquant les sérotypes 2 et 9.

Animal et procédure
Quatre cohortes de porcs (n = 480) ont été suivies du sevrage jusqu’à la fin de la période en pouponnière. Des écouvillons rectaux provenant de 297 porcs ont été testés et des isolats de S. suis des sérotypes 15 (n = 7), 31 (n = 3) ou non-typables (n = 6) ont été récupérés chez 16 (5,4 %) porcs.

Résultats
Il n’y avait aucune association significative entre l’excrétion fécale de S. suis et la diarrhée. Les isolats de S. suis récupérés chez des porcs euthanasiés en raison de signes neurologiques ou d’une boiterie sévère étaient de sérotypes 9 (méninges) et 31 (amygdales) ou non-typables (méninges, amygdales). Les sérotypes 9 (méninges, amygdales), 15 (rate, amygdales), 16 (amygdales), 29 et 33 (écouvillonnages nasaux) et des isolats non-typables (méninges, amygdales et poumons) ont été identifiés chez des porcs boitant.

Conclusion et pertinence clinique
Ces résultats suggèrent que les matières fécales pourraient ne pas être une source d’infection pour les sérotypes de S. suis produisant des maladies chez les porcs; cependant, l’association entre l’excrétion fécale de S. suis et la diarrhée nécessite des recherches plus approfondies. La coïncidence d’isolats non-typables dans les selles de porcs sains et leur isolement dans les méninges de porcs présentant des signes neurologiques justifient des recherches plus approfondies pour déterminer les caractéristiques moléculaires de ces isolats.

Une chienne Rottweiler stérilisée de 3 ans a été amenée dans une clinique vétérinaire en raison de faiblesse, de léthargie et de changements de pelage. Les évaluations hématologiques et chimiques cliniques ont révélé une anémie, une hypoalbuminémie, une hyperglobulinémie et une hypothyroïdie. Après une pyurie persistante, une cystocentèse échoguidée a été réalisée, révélant une masse abdominale volumineuse. Un diagnostic présomptif de lymphome canin à propagation rénale a été posé. En raison d’un mauvais pronostic, le chien a été euthanasié.