CVJ - avril 2024, Vol. 65, No. 4
Scientifique
Articles
Cartographie des soins vétérinaires au Canada : Un indice d’accessibilité aux soins
Sue M. Neal, Melanie Anderson, Mike Greenberg (page 325)
Mise en contexte
L’accès aux soins vétérinaires a été identifié comme le plus grand problème de bien-être animal dans la société contemporaine. L’accès aux soins vétérinaires est compliqué par plusieurs facteurs, notamment le coût des soins, les différences linguistiques potentielles entre les prestataires et les clients, le nombre de prestataires de soins et la distance par rapport à un prestataire de soins. Chacun de ces facteurs à lui seul peut avoir un impact sur la capacité d’un individu à rechercher des soins médicaux vétérinaires adéquats pour son animal de compagnie, avec un fardeau supplémentaire lorsque plusieurs facteurs sont présents.
Procédure
Un score d’accessibilité aux soins vétérinaires (VCAS) a été créé, composé de variables clés pour le Canada, qui mesurait ces facteurs et les notait par rapport au reste du pays au niveau des divisions de recensement.
Résultats
Dans cette étude, près de 2 millions de ménages au Québec et 700 000 en Ontario se retrouvaient au bas du classement VCAS. De plus, près de 75 % des ménages du Nouveau-Brunswick se trouvaient dans des divisions de recensement à faible accès. Les ratios de prestataires de soins par rapport au nombre estimé de ménages possédant des animaux de compagnie et de ménages ont également été calculés. Une pénurie estimée d’employés de cliniques vétérinaires a été calculée à un minimum de 6803 pour simplement ramener chaque division de recensement à une moyenne pondérée, bien que la pénurie réelle soit probablement plus élevée.
Conclusion
Cette recherche pourrait être utilisée par les décideurs politiques, les bailleurs de fonds et la communauté du bien-être animal pour prioriser les investissements et concevoir des solutions ciblées.
Concentrations sanguines printanières et automnales d’hormone adrénocorticotrope, d’insuline et de thyroxine chez des chevaux en bonne santé en Saskatchewan
Paula Viviani, Ronaldo Avella Lavado, Nora H. Chavarria, Valentina M. Ragno, Julia B. Montgomery (page 335)
Objectif
Caractériser les concentrations d’hormone adrénocorticotrope (ACTH), d’insuline et de thyroxine (T4) à 2 moments de l’année chez des chevaux en bonne santé en Saskatchewan.
Animaux et procédure
Une étude observationnelle prospective a été réalisée auprès de 52 chevaux en bonne santé appartenant à des clients. Les critères d’inclusion étaient l’absence de voyage récent à l’extérieur de la Saskatchewan, les résultats normaux de l’examen physique et l’absence d’antécédents ou de signes de maladie persistante. Les concentrations sanguines d’ACTH, d’insuline et de T4 ont été déterminées par chimiluminescence. Des échantillons ont été collectés au printemps et à l’automne et comparés à l’aide du test de Student apparié ou du test du rang de signe de Wilcoxon. Des équations d’estimation généralisées ont été utilisées pour évaluer les associations entre les concentrations d’ACTH, de T4 et d’insuline et le sexe, l’âge, la saison, l’état corporel, la concentration de glucose et la race.
Résultats
Il y avait une augmentation des concentrations d’ACTH et d’insuline à l’automne par rapport au printemps (P < 0,001 et P = 0,001, respectivement). Hormis la saison, la concentration d’insuline était associée à la race, alors que la concentration d’ACTH était associée à l’âge. Enfin, la concentration de T4 était associée à la race et à la concentration en glucose, mais pas à la saison.
Conclusion et pertinence clinique
Ces résultats ont mis en évidence les différences entre les concentrations printanières et automnales d’ACTH et d’insuline chez les chevaux en bonne santé résidant dans les provinces des Prairies canadiennes, reconnues pour leurs différences extrêmes de températures estivales et hivernales ainsi que de durée du jour. Des valeurs de référence géographiquement ajustées sont nécessaires pour tenir compte de ces variations et améliorer la précision du diagnostic. Il s’agit de la première étude canadienne publiée évaluant ces facteurs et leurs associations avec les concentrations d’hormones chez des animaux cliniquement sains.
Une étude rétrospective de l’effet chimiothérapeutique sur le mélanome malin buccal canin dépourvu de chirurgie et de radiothérapie à large marge : le stade clinique et la réponse au traitement prédisent les résultats du patient
Yuanyuan Xia, Albert Taiching Liao, Jihjong Lee (page 343)
Mise en contexte
Des traitements efficaces pour le mélanome malin oral canin, tels que la chirurgie à visée curative, ne sont parfois pas réalisables ou la radiothérapie n’est pas disponible dans certaines régions. La chimiothérapie reste une option de traitement et davantage d’informations devraient être fournies pour les cas qui n’ont pas eu accès à un traitement local adéquat.
Objectif
Cette étude visait à étudier l’efficacité de la chimiothérapie dans le mélanome malin oral canin sans contrôle local adéquat, en utilisant le carboplatine avec réduction de dose chez les chiens de petite race et la chimiothérapie métronomique.
Animaux et procédure
Treize chiens appartenant à des clients atteints d’un mélanome malin oral diagnostiqué par histopathologie ont été rétrospectivement inscrits de 2016 à 2022. Le protocole de chimiothérapie a été déterminé par le clinicien traitant.
Résultats
L’intervalle médian sans progression des treize chiens était de 42 jours (14-953 jours). La durée médiane de survie globale des chiens ayant reçu une chimiothérapie comme seul traitement systémique était de 181 jours (50-960 jours; n = 11). La dose médiane de carboplatine était de 250 mg/m2. La réponse au traitement et le stade clinique étaient des facteurs pronostiques importants.
Conclusion et pertinence clinique
La chimiothérapie pouvait encore être envisagée lorsqu’un contrôle local adéquat était impossible. Des stades cliniques plus précoces ou des patients atteignant au moins une maladie stable pendant la chimiothérapie peuvent indiquer une meilleure survie.
Comparaison de la sédation avec de la dexmédétomidine administrée par voie sous-cutanée à deux sites différents sur la tête de chiens
Marie Llido, Claire Leriquier, Tristan Juette, Javier Benito, Mila Freire (page 351)
Objectif
Cette étude a pour but de comparer les effets sédatifs de la dexmédétomidine administrée par voie sous-cutanée (SC) au point d’acupuncture VG20 et à un autre point sur la tête, non lié à la relaxation/sédation, chez le chien.
Animaux et procédure
Dix chiens de clients ont été inclus dans cette étude clinique, prospective, croisée, randomisée et à l’aveugle. Les chiens ont été sédatés deux fois, à 14 jours d’intervalle, avec une injection de 200 µg/m2 de dexmédétomidine sous-cutanée au point d’acupuncture VG20 et à un autre point sur la tête, à la base de l’oreille (SC-tête). La durée et la qualité de la sédation ont été évaluées avec une échelle de sédation et une échelle analogue visuelle dynamique et interactive (DIVAS). La facilité de réaliser des études radiographiques, les paramètres physiologiques et les effets secondaires ont été enregistrés. Des modèles statistiques linéaires à effet mixte (ANOVA) ont été réalisés. Les résultats étaient considérés comme significatifs quand P < 0,05.
Résultats
Le temps nécessaire pour atteindre un niveau de sédation adéquat et les scores de sédation étaient comparables entre les deux groupes. Le niveau de sédation était adéquat pour réaliser des radiographies orthopédiques chez 9/10 (90 %) des cas dans le groupe VG20 et 8/10 (80 %) des cas dans le groupe SC-tête. Les fréquences cardiaque et respiratoire diminuaient significativement dans le temps pour les 2 groupes (P < 0,001). Les effets indésirables étaient peu fréquents et auto-limitants.
Conclusion
Notre étude suggère que l’administration sous-cutanée de dexmédétomidine sur la tête, que ce soit au point VG20 ou à la base de l’oreille, est facile et permet d’obtenir un niveau de sédation suffisant pour réaliser des radiographies orthopédiques chez des chiens sains.
Rapports De Cas
Hématome orbitaire sévère avec gonflement de la troisième paupière et prolapsus à la suite d’un bloc du nerf maxillaire à l’aveugle chez un cheval
Matthew J. Woodman, Joscelyn MacKenzie, Stephanie Osinchuk, Michelle Husulak (page 359)
Un hongre quarter horse de 20 ans a été présenté pour un examen dentaire de routine. Une maladie parodontale et une luxation de la dent 108 ont été diagnostiquées et une extraction orale a été planifiée. Après l’échec d’un bloc du nerf maxillaire à l’aveugle, il a été décidé d’effectuer la procédure sous anesthésie intraveineuse. Après la guérison, un ulcère cornéen superficiel focal, un gonflement rétrobulbaire sévère, une légère exophtalmie ainsi qu’un gonflement et un prolapsus marqués de la troisième paupière (membrane nictitante) ont été observés. Les signes cliniques ont persisté au-delà de 48 heures malgré l’utilisation d’anti-inflammatoires systémiques et d’anti-inflammatoires oculaires topiques et d’antibiotiques. Une tarsorraphie temporaire a ensuite été réalisée à 48 heures et le cheval est sorti après 5 jours d’hospitalisation et de régression des signes cliniques. Bien qu’il soit très utile pour faciliter les extractions dentaires, le bloc du nerf maxillaire à l’aveugle est associé à des complications potentielles dues à une ponction vasculaire involontaire. Ce rapport de cas décrit une complication rare de prolapsus de la troisième paupière chez un cheval après un bloc nerveux maxillaire et un traitement réussi par tarsorraphie temporaire.
Message clinique clé :
Ce rapport de cas explique comment un gonflement et un prolapsus de la membrane nictitante peuvent survenir à la suite d’un bloc du nerf maxillaire à l’aveugle chez le cheval et décrit le traitement par tarsorraphie temporaire.
Rupture du ballonnet du tube endotrachéal pendant l’anesthésie chez 2 chiens
Chi Won Shin, Min Jang (page 363)
Un chien teckel mâle intact de 15 ans pesant 4,3 kg et un chien croisé mâle intact de 5 ans pesant 13,6 kg ont été référés pour examen en raison de paraparésie et de paralysie faciale, respectivement. Une imagerie par résonance magnétique (IRM) de la région thoraco-lombaire et du cerveau a été réalisée. Les chiens ont reçu une prémédication avec du butorphanol IV, 0,2 mg/kg de poids corporel (PC), et du midazolam, 0,2 mg/kg PC. L’anesthésie a été induite avec du propofol IV, 4 à 5 mg/kg de PC et maintenue avec du sévoflurane dans de l’oxygène. Le teckel a été intubé par voie orotrachéale avec un tube endotrachéal (TE) de diamètre interne de 5,0 millimètres. Lors du positionnement dans la salle d’IRM, une ventilation intermittente à pression positive (VIPP) a été appliquée. Le chien de race mixte a été intubé par voie orotrachéale avec un TE de 6,0 millimètres de diamètre interne. Après le gonflage du ballonnet du TE, un test d’étanchéité a été effectué en appliquant une ventilation à pression positive. Chez les deux chiens, un son distinct de « claquement » a été entendu lorsqu’une pression positive a été appliquée, après quoi une fuite d’air du ballonnet est devenue évidente. Le fait de ne pas gonfler le ballon pilote a fait soupçonner une rupture du ballonnet. Une ré-intubation a été effectuée, les deux chiens sont restés stables pendant l’anesthésie et aucune complication post-anesthésique n’a été observée. La rupture des deux ballonnets, confirmée visuellement, aurait été causée par un surgonflage du ballonnet, une stérilisation répétée des TE et une ventilation à pression positive. La stérilisation répétée des TE avec de l’oxyde d’éthylène peut altérer l’intégrité physique des ballonnets. Il convient de veiller à ne pas surgonfler les ballonnets des TE, en particulier lorsqu’ils ont été stérilisés à plusieurs reprises, car la rupture du ballonnet peut entraîner l’incapacité de fournir une VIPP adéquate.
Message clinique clé :
Ce rapport décrit 2 cas dans lesquels une rupture du ballonnet du TE a été constatée lors d’une anesthésie pour IRM.
Hibernomes bilatéraux dans les régions fémorales d’un chien
Tatsuro Hifumi, Yoshinori Inokuchi, Masashi Tsujio, Shogo Tanaka, Shinji Hirano, Noriaki Miyoshi (page 367)
Un chien Chihuahua mâle intact de 14 ans a été présenté avec des masses situées entre le biceps fémoral et les muscles adducteurs des deux membres postérieurs. Sur la base des résultats histopathologiques, immunohistochimiques et ultrastructuraux, nous avons diagnostiqué ces masses comme des hibernomes bilatéraux dans les régions fémorales. Le chien n’avait aucun signe de récidive ou de métastases des hibernomes au cours d’un suivi postopératoire de 4 mois. Il s’agit apparemment du premier rapport d’hibernome bilatéral dans les régions fémorales d’un chien.
Message clinique clé :
Les hibernomes bilatéraux doivent être considérés comme un diagnostic différentiel pour les masses survenant dans les régions fémorales des chiens.
Comédons et kystes épidermiques sur la peau abdominale d’un chien survenant après une laparotomie
Min-Gyeong Seo, Seong-Su Cho, Jong-Hyun Kim, Changgeun Kang, Il-Hwa Hong (page 371)
Un chien shih tzu mâle castré de 8 ans a subi une laparotomie pour cystolithectomie. Dix jours plus tard, de multiples nodules kystiques de différentes tailles ont été observés sur la ligne de suture et sur la peau abdominale environnante, bien que l’incision chirurgicale ait bien cicatrisé. Au microscope, des kystes de différentes tailles bordés de fines parois d’épithélium pavimenteux stratifié dans le derme étaient dilatés et remplis de kératine. Aucune différenciation annexielle par rapport à la paroi n’a été observée. Ainsi, les lésions abdominales ont été diagnostiquées comme des comédons et des kystes épidermiques. Nous décrivons ici le cas d’un chien présentant des comédons et des kystes épidermiques sur la peau abdominale après une laparotomie.
Message clinique clé :
De multiples lésions kystiques des follicules, de différentes tailles, sont décrites. L’implantation chirurgicale de fragments d’épiderme dans le derme peut provoquer des kystes épidermiques et des comédons dans la peau des chiens atteints d’hypercorticisme.
Compte Rendu
Triage de base chez les chiens et les chats : Partie III
Laura Ilie, Elizabeth Thomovsky (page 375)
Mise en contexte
Les cas d’urgence peuvent être présentés à toute heure du jour ou de la nuit. Tous les praticiens des petits animaux doivent avoir les compétences nécessaires pour trier et stabiliser les cas d’urgence courants, même si le but ultime est de référer l’animal vers un autre établissement.
Objectif et procédure
La troisième et dernière partie de cette série d’articles de synthèse en trois parties traite des arythmies typiques des cas d’urgence et de l’approche des animaux présentant une incapacité à se lever et à marcher normalement. Une méthode par étapes pour catégoriser et stabiliser ces cas est décrite, ainsi que des conseils utiles pour optimiser l’expérience de référence, si cela est indiqué.
Résultats
Reconnaître et savoir comment traiter les tachy- et bradyarythmies est important pour stabiliser l’état d’un chien ou d’un chat. Comprendre comment différencier les différentes raisons pour lesquelles un chien ou un chat est incapable de se tenir seul permet au vétérinaire de traiter et de communiquer les attentes en matière de résultats pour ces animaux.
Conclusion et pertinence clinique
Ne référez pas les cas urgents avant que la stabilisation de base ne soit terminée. De nombreux cas d’urgence peuvent être traités par le vétérinaire initial ou envoyés à une clinique de référence sur rendez-vous après que les mesures de stabilisation appropriées ont été prises.
Communication Étudiante
Lésion rénale aiguë et maladie hépatique chez un bouledogue américain avec leptospirose suspectée
Matthew Howard (page 385)
Une femelle bouledogue américain stérilisée âgée de 6 ans a été présenté à une clinique vétérinaire avec une histoire d’une durée de 3 jours de vomissement, léthargie, anorexie, ictère, diarrhée hémorragique et oligurie. Les signes cliniques de la chienne, un comptage cellulaire sanguin complet, une biochimie sérique, une analyse d’urine et de l’imagerie diagnostique étaient indicateur de lésion rénale aiguë et d’hépatopathie aiguë compatibles avec la leptospirose. Un traitement pour la leptospirose a été instauré mais, étant donné l’absence de réponse de l’animal et la progression des signes cliniques, l’euthanasie a finalement été décidée après 3 jours d’hospitalisation. L’animal s’est avéré négatif par ELISA pour Leptospira spp.; l’urine, le sang et les tissus étaient également négatifs par PCR; et par immunohistochime. Ce cas illustre le fait que la confirmation de la leptospirose peut représenter un défi, même chez un animal avec la présentation clinique attendue. Ainsi, les limites des tests diagnostiques disponibles, de même que la possibilité d’autres diagnostics différentiels moins probables, tel qu’une toxicose, doivent être considérés.
Test Éclair
(page 321)
RUBRIQUES
Éditorial
De l’aide pour les auteurs durant le Congrès de l’ACMV de 2024 et au-delà
John Kastelic, Tim Ogilvie (page 313)
Déontologie Vétérinaire
(page 317)
Bien-être Vétérinaire
Le lien vital entre l’intelligence émotionnelle et le bien-être – Partie 2 : Stratégies pour améliorer les compétences personnelles associées à l’intelligence émotionnelle
Debbie L. Stoewen (page 391)
Une Santé
Ejiao and the donkey skin trade: An urgent One Health concern
Carleigh Cathcart (page 397)
Défis Du Secteur Bioalimentaire
“If you have livestock…” Experiences in training farmers and farm workers to perform euthanasia
Robert Tremblay (page 399)
Réflexions Au Mceachran Institute
Integrating social accountability in veterinary medical education at the Ontario Veterinary College
Jeffrey J. Wichtel (page 403)
Annonces
Index Des Annonceurs
(page 406)
Annuaire Des Entreprises
(page 408)