Le monde de la résistance féline

août 26, 2014

Des statistiques récentes montrent que même s’il y a 25 % plus de chats que de chiens, à la clinique vétérinaire, moins de 40 % des rendez-vous sont pris pour les chats. Le tiers des chats n’ont pas été examinés par un vétérinaire au cours de l’année précédente. Cette constatation est préoccupante parce que, même si les chats exigent le même niveau de soins préventifs et d’attention médicale que les chiens, cette statistique nous dit que, dans les pratiques vétérinaires, les chats reçoivent moins d’attention que les chiens. Pour comprendre cette disparité, nous devons examiner le monde des chats d’un peu plus près.

Plus de la moitié des propriétaires interrogés dans un sondage récemment publié ont répondu qu’ils étaient réticents à se rendre à la clinique parce que leur chat DÉTESTE aller chez le vétérinaire. Or, ce n’est pas parce qu’ils n’apprécient pas les services vétérinaires ni la santé et le bien-être de leur chat qu’ils ne fréquentent pas le vétérinaire. La raison serait plutôt un comportement associé à la « résistance féline » un terme d’abord introduit dans l’étude BayerMD Veterinary Care Usage Study qui a été utilisé de nouveau dans d’autres conférences vétérinaires. La résistance exprimée par le chat n’est pas causée seulement par ce qui se passe à l’intérieur de la clinique. Elle se rapporte aussi aux efforts des propriétaires à attraper le chat, à le faire entrer dans la cage puis au trajet pour se rendre à la clinique et retourner à la maison.  

Les soins vétérinaires demeurent un service essentiel pour les chats qui vivent désormais beaucoup plus longtemps qu’il y a même à peine 25 ans. Des lignes directrices récentes de l’initiative Cat Healthy Canada, qui est dirigée par la spécialiste féline Dre Liz O’Brien de Hamilton, en Ontario, nous communique des renseignements sur ce que l’on peut faire pour rendre la visite d’un chat plus agréable. De plus, les organisations des praticiens félins à l’échelle internationale et américaine ont publié des protocoles de gestion et de manipulation des chats à des fins éducatives.

Que peut-on faire pour réduire le stress et l’anxiété du client et du chat?

Selon O’Brien : « Une expérience améliorée lors des visites chez le vétérinaire encouragera un nombre accru de visites par les chats ». C’est aux membres de l’équipe de soins vétérinaires ainsi qu’au gardien du chat de travailler en vue de concrétiser cette amélioration.

Le trajet vers la clinique

On peut habituer le chat à aimer ou du moins à tolérer la cage de transport avant le départ de la maison et bien à l’avance du rendez-vous chez le vétérinaire afin que le chat considère la cage comme un endroit agréable. En laissant la cage dans son coin de sieste préféré, en lui donnant des gâteries de temps à autre et en le félicitant pour y avoir pénétré, vous pourrez aider à convaincre le chat que la cage est un refuge sûr, plutôt qu’un lieu inquiétant. Placez des couvertures douces à l’intérieur et laissez d’abord la porte ouverte. N’essayez pas de pousser le chat à l’intérieur parce que, s’il s’y trouve des gâteries, il ira de lui-même visiter les lieux lorsqu’il le voudra et, il faut d’ailleurs l’avouer, il est impossible de mener les chats par le bout du nez! Les meilleures cages pour le dressage sont celles auxquelles on peut accéder par le haut ou le côté. Prévoyez beaucoup de temps pour ce processus!

Le fait d’amener le chat pour de courts trajets en voiture, et non seulement lors d’une visite chez le vétérinaire, lui permettra d’apprendre que les trajets en voiture font simplement partie de l’expérience quotidienne et que ce n’est pas une activité qui se produit une fois ou deux par année et qui est associée à une visite à la clinique.

Les phéromones sont de minuscules molécules provenant de glandes dégageant une senteur spéciale qui sont libérées lorsque le chat communique socialement. Les félidés possèdent un organe voméro-nasal dans le palais de la gueule qui peut aspirer ces molécules vers les régions sensibles aux phéromones. Ces phéromones semblent avoir plus qu’une fonction olfactive et elles donnent surtout des indices pour modifier le comportement. Par exemple, la mère chatte libère ce composé pour aider à solidifier le lien avec ses chatons et les réconforter. Cette phéromone a été purifiée et synthétisée et est commercialisée sous le nom de FeliwayMD en Amérique du Nord. Il a été prouvé que la vaporisation de cette substance dans le chenil ou sur le lit 30 minutes avant le transport aide beaucoup de chats à se détendre.

Les gardiens peuvent stimuler doucement les points de pression d’acupuncture sur le front, entre les yeux, pour lui donner un bref massage qui l’aidera à se détendre. Si un chat est nerveux, il est préférable de lui flatter seulement le dessus et le devant de la tête, et peut-être sous le menton, plutôt que sur tout le corps. La manipulation des pattes et de la gueule à la maison, afin de l’habituer dès un jeune âge à la coupe des ongles et aux soins dentaires, aidera le chat à s’adapter à l’examen physique avec un minimum de stress.

Les chats peuvent détecter le stress chez leur gardien, donc, moins le gardien sera inquiet, plus le chat sera rassuré. Apportez des gâteries à lui donner lors du rendez-vous et utilisez un ton doux pour aider à minimiser le stress du chat.

Pour les chats stressés qui ne répondent pas bien au dressage comportemental, un médicament anxiolytique administré à la maison une heure avant le rendez-vous peut être utilisé. Il y a aussi un médicament contre la nausée pour les chats qui vomissent en raison du mal des transports.  Certains chats seront moins stressés s’ils peuvent voir par la fenêtre, comme pour le mal des transports chez les humains, tandis que d’autres n’apprécient pas les clignotants et les autres stimulations visuelles. Pour ces chats, il pourra être utile de placer une serviette sur la cage (en laissant une ventilation adéquate).

À la clinique

Les cliniques vétérinaires conviviales pour les chats auront souvent des salles d’attente séparées pour les chiens et les chats, elles feront passer le chat immédiatement à la salle d’examen afin de réduire l’exposition aux stimulus des bruits et de la vue d’autres animaux et elles adapteront souvent l’examen en soi pour répondre aux préférences des chats individuels.  Des gâteries, des serviettes pour se cacher, du rembourrage sur la table, une manipulation délicate, une voix douce et des phéromones commerciales peuvent être utilisés pour atténuer la résistance des chats à la clinique.

Le retour à la maison

Il est important de donner au chat le temps de se remettre de la visite une fois qu’il rentre à la maison. Un chat aura habituellement besoin d’une bonne sieste dans son coin préféré!

Si le chat revient d’une visite chez le vétérinaire et qu’il y a d’autres chats dans la maison, ils pourront prendre un certain temps avant d’accueillir ce nouvel « étranger » qui a une odeur nouvelle dans le groupe. Le fait d’amener les deux chats chez le vétérinaire facilitera la réintégration du chat qui avait rendez-vous vu que les deux chats porteront sur eux la senteur de la clinique.

Il est temps pour le gardien de se détendre aussi et de profiter de ses efforts en vue d’améliorer l’expérience de la visite pour tous les participants.

Ressources

Cat Healthy www.cathealthy.ca

BayerMD Veterinary Care Usage Study / Brakke Consulting / National Commission on Veterinary Economic Issues (NCVEI) 2011. An American study. (en anglais seulement) http://www.brakkeconsulting.com/news_article/634.aspx

2011 AAFP/ISFM Feline-Friendly Handling Guidelines (en anglais seulement) http://www.catvets.com/guidelines/practice-guidelines/handling-guidelines