L’arthrose en médecine des petits animaux

oct. 10, 2023

L’arthrose est un terme générique utilisé pour désigner tout type d’inflammation dans une ou plusieurs articulations. Bien qu’il existe de nombreuses causes possibles d’arthrose (bactérienne ou « septique », à médiation immunitaire, dégénérative, traumatique, etc.), le type le plus courant est l’ostéoarthrose ou maladie articulaire dégénérative. L’ostéoarthrose est une affection extrêmement fréquente chez les chiens et les chats ainsi que chez les humains, et représente les dommages associés à l’âge subis par le cartilage et l’os environnant à la suite d’un stress répétitif sur ces structures.

La maladie articulaire dégénérative est la conséquence d’un stress répétitif sur une articulation. Si l’âge joue un rôle significatif dans le développement de l’arthrose (en raison de l’augmentation de la durée d’accumulation des traumatismes), d’autres facteurs sont aussi importants, notamment l’obésité (l’un des principaux facteurs prédisposants), des antécédents de traumatisme ou d’infection de l’articulation, des dommages aux ligaments ou aux tendons, et le mode de vie de l’animal. La prédisposition génétique joue également un rôle déterminant. La maladie articulaire dégénérative est très courante chez toutes les espèces, et il est inhabituel de trouver un animal gériatrique exempt de signes d’arthrose.

L’ostéoarthrose peut se présenter de diverses façons d’un animal à l’autre. Les signes classiques comprennent la boiterie, la douleur lors de la manipulation des articulations ou des pattes, et la difficulté à se lever à partir de la position couchée. D’autres symptômes possibles sont des changements de comportement, la réticence à se faire toucher, la tendance à se cacher, une attitude moins amicale, et un changement au niveau normal d’activité. Beaucoup de ces signes sont peu spécifiques et peuvent être causés par d’autres troubles comme des affections de la colonne vertébrale, un trouble immunitaire ou d’autres maladies systémiques; il est important de ne pas ignorer ces préoccupations en se disant que c’est « juste de l’arthrose » et de faire examiner par un vétérinaire tout animal présentant des signes de douleur ou d’inconfort. Le diagnostic de l’arthrose est fondé sur l’exclusion d’autres affections, l’examen physique, et l’historique détaillé des antécédents médicaux de l’animal. Rappelez-vous que la plupart des animaux cherchent à cacher les signes de maladie jusqu’à ce que celle-ci soit avancée – ainsi, un animal qui démontre des symptômes d’arthrose est probablement très inconfortable.

La prise en charge de l’arthrose englobe des éléments de traitement et de prévention, souvent utilisés en combinaison les uns avec les autres. Les recommandations pour aider à ralentir la progression de l’arthrose comprennent l’exercice régulier à faible impact (comme la marche ou la natation), la physiothérapie, et l’administration de suppléments nutritionnels tels que des acides gras, de la glucosamine ou de la chondroïtine. Des médicaments injectables qui protègent le cartilage peuvent également aider à soulager la douleur, par exemple les glycosaminoglycanes polysulfatés. Comme la plupart des données portent sur l’utilisation d’acides gras oméga-3, ces derniers devraient être une composante de toute stratégie de prise en charge. D’autres traitements, y compris le massage, l’acupuncture, la thérapie au laser et d’autres modalités alternatives, ont des avantages potentiels, mais les preuves qui appuient leur utilisation sont moins solides. Cela dit, il est peu probable qu’ils soient préjudiciables dans la plupart des cas, et peuvent constituer la base d’un plan global de prise en charge. Assurez-vous que la personne qui vous aide à prendre en charge l’arthrose de votre animal de compagnie est un médecin vétérinaire, un technicien en santé animale ou un autre professionnel agréé. L’anatomie et la physiologie des humains et des animaux sont très différentes, et les traitements pour les humains peuvent nuire aux chiens et aux chats.

Les options médicales pour l’arthrose sont très variées. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont les médicaments les plus couramment utilisés et les plus efficaces, car ils réduisent l’inflammation et soulagent la douleur. Il convient de choisir des AINS vétérinaires, dont l’innocuité pour les animaux a été éprouvée. Les autres options pour le soulagement de la douleur comprennent la gabapentine/prégabaline et l’amantadine (qui sont des analgésiques mais ne réduisent pas l’inflammation), l’acétaminophène (à des doses prudentes chez les patients qui sont de bons candidats pour ce produit) et, dans certains cas, les opioïdes. Le tramadol est efficace chez les chats pour diminuer la douleur, mais son efficacité est limitée chez les chiens et n’est pas une option de prédilection. Le frunevetmab et le bedinvetmab sont des médicaments récents à base d’anticorps monoclonaux qu’on administre par injection une fois par mois pour soulager la douleur.

Il est d’une importance cruciale de souligner que beaucoup de médicaments indiqués chez les humains pour l’arthrose ne sont pas sécuritaires pour les animaux. C’est notamment le cas de certains AINS pour humains, comme l’ibuprofène et le naproxène (et l’acétaminophène chez les chats), qui sont extrêmement toxiques et ne devraient jamais être administrés. L’acide acétylsalicylique (Aspirine) est moins toxique, mais il n’est pas un bon analgésique et il provoque souvent des saignements intestinaux.

En général, les animaux atteints d’arthrose peuvent avoir un bon pronostic si l’affection est prise en charge de façon appropriée. Bien que l’arthrose puisse affecter de manière significative la qualité de vie et inciter à prendre des décisions de fin de vie, son impact peut être atténué par une prise en charge multimodale précoce et énergique impliquant la physiothérapie, la protection du cartilage et diverses stratégies de maîtrise de la douleur.

Lectures additionnelles

https://caninearthritis.org/

https://www.akcchf.org/canine-health/your-dogs-health/caring-for-your-dog/managing-canine-arthritis.html

https://icatcare.org/advice/arthritis-and-degenerative-joint-disease-in-cats/

Références

  1. Sandersoln RO, Beata C, Flipo RM, Genevois JP, Macias C, Tacke S, Vezzoni A, Innes JF. Systematic review of the management of canine osteoarthritis. Vet Rec 2009;164(14):418-24 (DOI : 10.1136/vr.164.14.418; PMID : 19346540).
  2. Doit H, Dean R. Canine osteoarthritis. Vet Rec 2016;178(14):348 (DOI : 10.1136/vr.i1801; PMID : 27034303).
  3. Corral MJ, Moyaert H, Fernandes T, Escalada M, Kira S Tena J, Walters RR, Stegemann M. A prospective, randomized, blinded, placebo-controlled multisite clinical study of bedinvetmab, a canine monoclonal antibody targeting nerve growth factor, in dogs with osteoarthritis. Vet Anaesth Analg 2021;48(6):943-955 (DOI : 10.1016/j.vaa.2021.08.001; publication en ligne le 22 août 2021; PMID : 34565678).

Auteur

Matthew Kornya, B. Sc., D.M.V., résidence de l’ABVP (pratique féline) terminée, résidence de l’ACVIM (SAIM) en cours
Rédacteur-conseil