La surdité chez les chiens et les chats

oct. 25, 2023

La surdité, ou l’incapacité à entendre les sons, peut affecter les chiens et les chats tout comme les humains. Elle peut être difficile à reconnaître et à diagnostiquer chez les animaux car ces derniers ne peuvent pas communiquer leurs difficultés auditives et sont très doués pour compenser certains déficits sensoriels, et parce qu’il peut être difficile de distinguer la surdité de l’inattention.

Les chiens et les chats en bonne santé ont une audition très différente de celle des humains. La plupart des humains peuvent entendre des fréquences comprises entre 30 Hz (basse fréquence) à 20 kHz (haute fréquence). En comparaison, les chats et les chiens entendent les fréquences comprises entre 50 Hz et 80 kHz et entre 40 Hz et 45 kHz environ, respectivement (bien que le spectre puisse varier considérablement d’un individu à l’autre selon l’âge, la race et divers autres facteurs).

Pour qu’un animal puisse entendre, le son doit voyager dans l’air et être canalisé par le pavillon (la grande partie externe de l’oreille) vers le conduit auditif, qui a une partie verticale et une partie horizontale. Le son est dirigé dans le conduit et entre en contact avec le tympan, qui se met à vibrer. Cette vibration est transmise à travers l’oreille moyenne par trois os (appelés « osselets ») : le marteau, l’enclume et l’étrier. Ceux-ci transmettent la vibration à la cochlée dans l’oreille interne. La cochlée est un organe en forme de coquille d’escargot qui contient du liquide et est tapissée de petites structures qui ressemblent à des poils appelées « cils ». Ces cils vibrent en réponse aux mouvements du liquide générés par l’action des osselets; les cils qui s’activent dépendent de la fréquence du son. Les vibrations des cils sont transformées en signaux électriques qui voyagent le long des nerfs jusqu’au cerveau, où ces signaux sont interprétés sous forme de son.

La surdité chez les chiens et les chats (comme chez d’autres espèces) peut être catégorisée en deux types principaux : la surdité de transmission et la surdité neurosensorielle. Si les sons ne peuvent pas voyager correctement à travers l’oreille externe ou moyenne, il s’agit d’un problème de transmission. C’est le cas lors d’une otite, d’une rupture du tympan, d’une obstruction du canal auditif, de la présence d’une tumeur, de polypes ou de liquide dans l’oreille, ou de toute autre perturbation affectant la transmission du son. Autrement dit, tout problème de surdité dont la cause se situe entre l’environnement extérieur et la cochlée fait partie de cette catégorie. Habituellement, chez les patients touchés, la perte auditive n’est que partielle et le traitement implique une correction médicale ou chirurgicale. L’audition ne revient pas toujours, mais le pronostic est meilleur. Si votre animal semble affecté, un vétérinaire pourrait être en mesure de résoudre la surdité avec un diagnostic et un traitement appropriés.

Dans le cas de la surdité neurosensorielle, le problème se situe entre la cochlée et le cerveau et implique généralement des déficits des nerfs ou du cerveau. La surdité neurosensorielle est souvent due à des anomalies nerveuses ou à des problèmes hydrodynamiques ou physiques dans l’oreille interne. La surdité de ce type est plus souvent complète, et plus difficile à traiter. Elle est fréquemment congénitale, mais elle peut aussi être une conséquence du vieillissement – la surdité associée à l’âge chez les humains (et probablement chez les chiens) semble être de nature neurosensorielle.

La surdité est héréditaire chez de nombreuses races de chiens et de chats. Elle peut survenir chez un vaste éventail de races en raison de divers problèmes génétiques ou d’autres affections congénitales. La surdité congénitale la plus courante en médecine vétérinaire est probablement celle associée aux yeux bleus, soit l’équivalent du syndrome de Waardenburg chez l’humain. Les animaux atteints ont un pelage blanc et une surdité neurosensorielle du même côté que l’œil bleu, ou bilatérale si les deux yeux sont bleus, en raison de l’échec du développement des composants de l’oreille moyenne. On l’observe chez les chats aux extrémités foncées (pointés) et les chiens à robe merle.

La surdité est difficile à évaluer chez les chiens et les chats, surtout si elle est partielle ou si une seule oreille est impliquée. Dans de nombreux cas, la surdité n’est remarquée chez les animaux que lorsqu’elle est très avancée. Parfois, la surdité congénitale n’est jamais diagnostiquée, et les animaux sont simplement considérés comme étant « difficiles à dresser » ou peu intelligents par leurs propriétaires. Il s’agit d’une affection classique chez les dalmatiens, chez qui la surdité est souvent considérée comme de l’obstination ou de la réticence à l’entraînement.

Il peut être très difficile de déterminer de façon certaine la capacité auditive des chiens et des chats. Souvent, la réponse au son est utilisée pour déterminer si un animal entend. Il faut toutefois prendre des précautions pour s’assurer que l’animal ne réagit pas au mouvement d’une main (par exemple si on claque des doigts) ou aux changements de l’expression faciale. Souvent, les animaux démontrent un mouvement involontaire réflexe des oreilles en réponse à un son.

Le diagnostic définitif de la surdité chez les animaux repose sur un test électrodiagnostique appelé « analyse des potentiels évoqués auditifs ». Il s’agit d’un test relativement simple qui consiste à placer des bouchons d’oreille dans les canaux auditifs de l’animal et de petites électrodes sur sa tête, et à mesurer les changements dans les ondes cérébrales en réponse à un bruit. Cependant, l’accès à ce test est limité car il n’est généralement offert que dans les hôpitaux vétérinaires universitaires.

La surdité suspectée chez les chiens et les chats doit être examinée rapidement par un médecin vétérinaire, surtout si elle est nouvelle. Elle peut être la manifestation d’une maladie sous-jacente plus grave, être une simple conséquence du vieillissement, ou être un problème congénital qui était jusque-là passé inaperçu.

Lectures additionnelles

https://www.vet.cornell.edu/departments-centers-and-institutes/cornell-feline-health-center/health-information/feline-health-topics/deafness

https://www.merckvetmanual.com/dog-owners/ear-disorders-of-dogs/deafness-in-dogs

https://www.akc.org/expert-advice/health/hearing-loss-senior-dogs-symptoms-management/

Références

  1. Ryugo DK, Menotti-Raymond M. Feline deafness. Vet Clin North Am Small Anim Pract 2012;42(6):1179-207 (DOI : 10.1016/j.cvsm.2012.08.008). Publication en ligne le 9 octobre 2012. PMID : 23122176; PMCID : PMC3490225.

  2. Strain GM. Canine deafness. Vet Clin North Am Small Anim Pract 2012;42(6):1209-24 (DOI : 10.1016/j.cvsm.2012.08.010). Publication en ligne le 10 octobre 2012. PMID : 23122177.

  3. Strain GM. The Genetics of Deafness in Domestic Animals. Front Vet Sci 2015;2:29 (DOI : 10.3389/fvets.2015.00029). PMID : 26664958; PMCID : PMC4672198.

Auteur

Matthew Kornya, B. Sc., D.M.V., résidence de l’ABVP (pratique féline) terminée, résidence de l’ACVIM (SAIM) en cours
Rédacteur-conseil