CVJ - septembre 2025, Vol. 66, No. 9
Scientifique
Communication brève
Séroprévalence de la leptospirose chez les veaux de boucherie canadiens au ou près du sevrage d’automne
Colleen M. Pollock, John R. Campbell, M. Claire Windeyer, Marjolaine Rousseau, Cheryl L. Waldner (page 955)
Objectif
Notre objectif était d’estimer la séroprévalence de six sérovars de Leptospira chez les veaux de boucherie au ou près du sevrage d’automne et d’évaluer la variation des concentrations d’anticorps dirigés contre les sérovars chez les veaux en âge de sevrage en fonction des programmes de vaccination des troupeaux contre Leptospira.
Animaux
Le sérum a été prélevé chez 1922 veaux de boucherie provenant de 106 troupeaux du Réseau canadien de surveillance des élevages vache-veau (RCSEV).
Procédure
Un test d’agglutination microscopique a été utilisé pour mesurer les titres d’anticorps contre les sérovars Bratislava, Canicola, Grippotyphosa, Hardjo, Icterohaemorrhagiae et Pomona. Les dossiers d’utilisation du vaccin contre Leptospira étaient disponibles pour les vaches et les veaux allaités de 94 troupeaux. Des équations d’estimation généralisées ont été utilisées pour estimer les associations entre les titres d’anticorps dirigés contre les sérotypes chez les veaux en âge de sevrage et le nombre de doses de vaccin contre Leptospira administrées aux vaches.
Résultats
Dans l’ensemble, 90,8 % des veaux échantillonnés présentaient des titres d’anticorps indétectables (< 50) contre tous les sérotypes testés, tandis que 3,2 % des veaux échantillonnés provenant de 26,4 % des troupeaux participants présentaient un titre positif (≥ 100) contre un ou plusieurs sérotypes. Les séroprévalences, tant au niveau des veaux qu’au niveau du troupeau, étaient plus élevées pour le sérotype Hardjo adapté à l’hôte dans l’ouest du Canada et plus élevées pour les sérotypes non adaptés à l’hôte dans l’est du Canada. La probabilité que le titre du sérovar Icterohaemorrhagiae des veaux augmente d’une dilution double était 3,6× (IC à 95 % : 1,7 à 7,7) plus élevée dans les troupeaux ayant administré deux doses du vaccin contre Leptospira aux vaches que dans les troupeaux n’ayant pas vacciné contre cet agent pathogène.
Conclusion et pertinence clinique
D’après les données sérologiques, peu de veaux de boucherie en âge de sevrage au Canada ont été exposés à la bactérie pathogène Leptospira.
Rapports de cas
Utilisation d’un lambeau de transposition du fascia du masséter pour la stabilisation orbitaire ventrale après orbitectomie inférieure partielle chez un chien
Martin Hamon, Aurelie Bruwier, Betsey Daly, Pierre P. Picavet (page 961)
Un chien croisé pitbull mâle castré âgé de 12 ans a été présenté pour une tuméfaction maxillaire caudale droite. Une tomodensitométrie crânienne a révélé une masse maxillaire droite avec lyse de la paroi médiale de l’orbite droite et de la face rostrale de l’os zygomatique. Une biopsie a été réalisée et les résultats histopathologiques étaient compatibles avec une tumeur odontogène mixte. La masse a été réséquée par maxillectomie caudale et orbitectomie inférieure partielle avec des marges latérales de 1 cm. Un lambeau de transposition du fascia du masséter a été utilisé pour stabiliser le globe. Les résultats esthétiques et fonctionnels étaient excellents lors d’un examen clinique en personne 2 semaines après l’opération et lors d’un suivi un an après l’opération (communication téléphonique avec le propriétaire).
Message clinique clé :
L’utilisation du fascia du masséter comme lambeau de transposition après une maxillectomie caudale et une orbitectomie inférieure partielle s’est avérée efficace pour la stabilisation orbitaire chez un chien.
Cryptorchidectomie laparoscopique chez 10 équidés à l’aide d’un dispositif de chirurgie laparoscopique à incision unique (SILS)
Alejandro Merchán Muñoz, Nicola Cribb (page 966)
Les techniques chirurgicales laparoscopiques mini-invasives sont souhaitables chez les chevaux et autres équidés. Une nouvelle approche appelée « chirurgie laparoscopique à incision unique modifiée (SILS) pour la cryptorchidectomie équine » est décrite, ainsi que les résultats postopératoires de 10 équidés. Un dispositif de chirurgie laparoscopique à incision unique (Covidien) a été placé par une incision de la ligne blanche de 30 à 40 mm, associée à 1 ou 2 incisions para-inguinales de 15 mm pour extérioriser les testicules intra-abdominaux. Dix animaux, 2 chevaux atteints de cryptorchide abdominale bilatérale et 8 équidés atteints de cryptorchide abdominale unilatérale, ont subi une cryptorchidectomie selon la technique SILS. Les durées médianes de l’intervention chirurgicale et de l’anesthésie étaient respectivement de 90 min (de 75 à 135 min) et de 150 min (de 120 à 195 min). Aucune complication peropératoire n’est survenue. Deux cas ont présenté une pyrexie transitoire après l’intervention. Aucune autre complication postopératoire n’a été constatée. Cette technique a réduit le risque de lésions iatrogènes du tractus gastro-intestinal, éliminé le recours à des voies d’accès supplémentaires pour des instruments, assuré un excellent maintien du pneumopéritoine et facilité l’ablation des testicules. Aucun des animaux de l’étude n’a développé d’emphysème postopératoire.
Message clinique clé :
La technique SILS modifiée s’est avérée une approche efficace pour l’ablation des testicules chez les cryptorchides abdominaux, sans entraîner de complications dans les cas présentés.
Intoxication au pentobarbital suspectée chez un chien après ingestion de tissus contaminés
Margaret P. Graeber, Linda Weatherton (page 974)
Notre objectif était de décrire un cas d’intoxication au pentobarbital suspectée chez un chien après ingestion d’un rat euthanasié et congelé, puis brûlé lors d’une tentative de crémation. Ce cas sera comparé à des rapports antérieurs de toxicose différée. Ce rapport décrit un chien admis aux urgences et soins intensifs pour léthargie et vomissements après avoir ingéré les restes d’un rat euthanasié deux semaines plus tôt. Le vétérinaire traitant avait euthanasié le rat avec une solution de pentobarbital. Les restes du rat avaient été congelés jusqu’à ce que le propriétaire tente de les incinérer à son domicile. La tentative de crémation et l’ingestion avérée de la carcasse avaient eu lieu plus tôt dans la journée, avant que le chien ne présente des symptômes. Le degré d’incinération était inconnu. À son arrivée à l’hôpital, le chien était apathique et ataxique, et ne présentait aucune réaction de menace. Des traitements de soutien et une émulsion lipidique intraveineuse (ELI) ont été administrés. Malgré les premiers traitements, l’état neurologique du chien a continué de se dégrader. Une deuxième dose d’ELI a ensuite été administrée. Les symptômes décrits se sont améliorés deux heures après la deuxième dose. Le chien a pu quitter l’hôpital 40 heures après son arrivée.
Message clinique clé :
Ce rapport a pour objectif de décrire un cas unique d’intoxication aux barbituriques suspectée chez un chien, à la suite de l’ingestion des restes d’un animal de compagnie précédemment euthanasié et exposé à des températures extrêmes.
Omphalophlébectomie avec hépatectomie partielle chez une génisse Holstein présentée pour une arthrite septique concomitante de l’épaule
Charlotte Nury, Cassandra A. Klostermann, Sylvain Nichols (page 979)
Les veaux affaiblis présentent souvent une infection résiduelle du cordon ombilical, une arthrite septique, ou les deux. Ces comorbidités, souvent causées par des bactéries similaires, doivent être traitées chirurgicalement. Dans les cas d’omphalophlébite où l’infection atteint le foie, le clinicien a généralement une option : la marsupialisation de la veine. Ce rapport de cas décrit une méthode alternative permettant de traiter efficacement une omphalophlébite étendue par résection en bloc et hépatectomie partielle. Grâce à cette technique, nous avons optimisé le rapport coût-bénéfice pour le client et le résultat final pour le veau.
Message clinique clé :
L’omphalophlébite chez les veaux présentant une infection s’étendant au parenchyme hépatique peut être complètement excisée par résection hépatique partielle, éliminant ainsi les risques et les difficultés liés à la marsupialisation. La technique décrite est accessible à la plupart des vétérinaires.
Intussusception associée à un lymphangiome congénital chez un chien
Madison E. Devine, Melanie Buote, Jen MacLean, Katie Hoddinott (page 986)
Un golden retriever mâle intact âgé de 12 semaines a été référé à notre clinique pour des antécédents de diarrhées récurrentes et de prolapsus rectal, et pour soupçon d’intussusception. Une échographie abdominale a été réalisée afin de confirmer le soupçon d’intussusception. Une laparotomie exploratoire a identifié une intussusception jéjuno-iléo-cæco-colique, qui a été réduite manuellement. Une lésion kystique anormale de 3 centimètres a été observée, naissant du mésentère du jéjunum distal et de l’iléon, juste à côté du cæcum. La lésion kystique et le segment intestinal associé ont été réséqués, et le diagnostic histopathologique était compatible avec une malformation lymphatique mésentérique. À la connaissance des auteurs, il s’agit du premier cas rapporté de malformation lymphatique mésentérique associée à une intussusception chez un chien.
Message clinique clé :
Nos résultats suggèrent que les malformations lymphatiques mésentériques doivent être prises en compte lorsque des structures kystiques sont associées à des intussusceptions chez les jeunes chiens.
Suspicion d’une structure kystique de la glande de Bartholin et infection à Corynebacterium pseudotuberculosis associée chez une chèvre naine nigériane d’un an
Dane W. Schwartz, Katelyn Waters, Robert C. Cole, Anna G. Forehand, Jessica Prim, Jessica Rush, Jenna Stockler, Rachel Neto (page 992)
Une chèvre nullipare naine nigériane intacte d’un an a été présentée à l’hôpital universitaire pour grands animaux de l’Auburn University College of Veterinary Medicine, Large Animal Teaching Hospital en mars 2024 pour une évaluation de masses périvulvaires récurrentes remontant à 3 mois. Une échographie transcutanée des lèvres et de la région périvulvaire ventrolatérale a été réalisée. Cet examen a révélé une masse bilobée horizontale sur la grande lèvre dorsale gauche, ainsi qu’une masse distincte située directement sous la commissure vulvaire ventrale. La masse dorsale était séparée par un septum vertical, sa face médiale effaçant la muqueuse vestibulaire.
Les deux masses ont été retirées chirurgicalement et soumises pour examen en histopathologie. L’histopathologie a révélé une lésion ulcérée/pseudokystique avec inflammation chronique active, abcès et ulcération. La présence d’une glande de Bartholin kystique était le diagnostic différentiel le plus probable sur ls base de l’ensemble des observations. La culture aérobie a révélé une forte croissance de Corynebacterium pseudotuberculosis. L’existence de glandes de Bartholin chez les chèvres est controversée. Ce cas éclaire la nature ambiguë de ces glandes. Deux mois après l’intervention, les propriétaires n’ont signalé aucun signe clinique indésirable ni réapparition de masses périvulvaires.
Message clinique clé :
Ce rapport met l’accent sur l’anatomie reproductive régionale et son application clinique chez la chèvre. Corynebacterium pseudotuberculosis peut être présent dans des localisations inhabituelles. Tout abcès chez une chèvre doit être traité comme infectieux.
Lésions de la langue chez des bovins d’engraissement associées à la consommation d’alcaloïdes de l’ergot
Meghan Brookhart, Greg Dimmers, Dayna Goldsmith, Eugene Janzen, Vanessa Cowan, Felipe Reggeti, Francisco A. Uzal, Timothy W.J. Olchowy, Beverly Morrison, Erin Zachar, John Remnant, Lindsay Rogers, Katie Waine (page 997)
Plus de 1200 bovins d’engraissement ont présenté de graves lésions de la langue sur une période de 7 mois. Une recension de la littérature et des discussions avec des collègues ont révélé que des épidémies similaires s’étaient déjà produites au Canada et aux États-Unis, avec des investigations approfondies sans qu’aucune cause n’ait été identifiée. Dans l’épidémie actuelle, un examen de l’environnement, de l’alimentation, de l’eau, du comportement des bovins et des systèmes d’élevage a été réalisé, ainsi que des tests diagnostiques incluant autopsie, histopathologie, bactériologie, virologie et toxicologie. Les tests initiaux visant à déterminer la cause des lésions se sont avérés infructueux. Face à la persistance et à l’augmentation des cas au cours du deuxième mois, une inspection plus approfondie des aliments a été entreprise. Des amas durs ont été identifiés dans les drêches de distillerie séchées avec additif alimentaire soluble, et des échantillons ont été soumis à une analyse complémentaire des mycotoxines. Des concentrations toxiques d’alcaloïdes de l’ergot ont été détectées, ce qui a conduit à un diagnostic présomptif de toxicose localisée à l’ergot. Le retrait des drêches de distillerie affectées de l’alimentation a entraîné une diminution, puis l’arrêt des cas. Ce rapport de cas souligne l’importance d’une collaboration étroite entre collègues sur place et hors site lors d’investigations approfondies à la ferme sur un cas difficile à diagnostiquer.
Message clinique clé :
Ce rapport décrit une importante épidémie de lésions de la langue chez des bovins en parc d’engraissement associée à une toxicose à l’ergot. Il met en évidence l’investigation approfondie menée en collaboration entre le producteur, les vétérinaires, les équipes de laboratoire et des collègues d’autres régions. Des concentrations toxiques d’alcaloïdes de l’ergot étaient présentes sous forme d’agrégats durs dans les drêches de distillerie séchées avec additif alimentaire soluble, suggérant une possible étiologie d’une toxicose localisée à l’ergot.
Toxicose à l’ivermectine chez un poulain : traitement avec une émulsion lipidique intraveineuse
Shannon Darby, SallyAnne DeNotta, Diego E. Gomez (page 1004)
Ce rapport décrit un cas de toxicose à l’ivermectine chez un poulain pur-sang de 4 jours, traité avec succès par une émulsion lipidique intraveineuse (ELI) sans complications. Ce cas plaide en faveur de l’ELI comme traitement sûr et efficace pour la prise en charge de la toxicose aux médicaments lipophiles chez le poulain.
Message clinique clé :
La toxicose à l’ivermectine, bien que rare chez les équins nouveau-nés, peut survenir à la suite d’un surdosage accidentel et induire des signes neurologiques graves. Dans ce cas, l’administration d’ELI a entraîné une amélioration neurologique rapide et une guérison complète sans effets indésirables, ce qui plaide en faveur de son utilisation comme antidote sûr et efficace contre la toxicose aux médicaments lipophiles chez les poulains.
Articles
Délai d’acceptation du masque facial/chambre d’inhalation chez les chiens et les chats
Marica M. Montgomery, Elizabeth A. Rozanski, Lisa M. Freeman (page 1009)
Objectif
L’utilisation de médicaments en aérosol est recommandée chez les chiens et les chats. Une intolérance perçue au masque facial/chambre d’inhalation pourrait dissuader les cliniciens de les recommander, et donc les propriétaires de les utiliser. Notre objectif était d’évaluer le temps nécessaire pour entraîner un animal à accepter un masque facial/chambre d’inhalation.
Animaux et procédure
Des propriétaires d’animaux n’ayant jamais utilisé de masque facial/chambre d’inhalation ont été recrutés. Les propriétaires ont appliqué le masque facial/chambre d’inhalation toutes les 12 heures et ont noté chaque tentative sur une échelle de 1 à 5, 1 = « non toléré » et 5 = « observance parfaite ». L’« observance » était définie comme la tolérance de l’animal au masque/chambre d’inhalation avec une contention minimale ou nulle pendant au moins 10 respirations lors de 4 traitements distincts sur 2 jours. Le délai d’observance et l’observance globale ont été calculés.
Résultats
Quarante-quatre animaux ont été inclus et 43 ont terminé l’étude. Tous les chiens ont obtenu l’observance du traitement dans un délai médian de 4 jours (intervalle : 2 à 18 jours). Dix-huit chats sur 20 ont obtenu l’observance du traitement dans un délai médian de 6 jours (intervalle : 2 à 19 jours).
Conclusion
L’accoutumance au masque facial/chambre d’inhalation a été facilement obtenue chez les chiens et presque tous les chats.
Pertinence clinique
L’inquiétude quant à l’acceptation par l’animal ou le propriétaire ne devrait pas constituer un obstacle à la prescription de médicaments inhalés. La plupart des animaux ont pu s’habituer au masque facial/chambre d’inhalation en 19 jours.
Test éclair
(page 952)
Rubriques
Le mot du président
Du travail qui en vaut la peine
Tracy Fisher (page 943)
Déontologie vétérinaire
(page 948)
Oncologie clinique
Occupational health hazards in veterinary oncology practice
Niels Koehncke MD, MSc, FRCPC (page 1016)
Ophtalmologie diagnostique
George Thelwell, Marina L. Leis (page 1020)
Dermatologie vétérinaire
Bacterial culture and antimicrobial susceptibility testing — basic information that very veterinary practitioner should know
Julie Lefrançois, Marie-Lou Gauthier (page 1023)
Gestion d’une pratique vétérinaire
Vos clients ont-ils réellement besoin d’une pharmacie en ligne?
Darren Osborne, Amy Noonan (page 1029)
Annonces
Index des annonceurs
(page 1019)
Annuaire des entreprises
(page 1032)