CVJ - octobre 2025, Vol. 66, No. 10

Scientifique

Rapports de cas

Hémorragie hépatique spontanée post-partum chez une chienne

Peron Graeber, Linda Weatherton (page 1047)

Un cas d’hémorragie hépatique spontanée post-partum chez une chienne est décrit et comparé à une affection similaire observée chez l’humain (syndrome HELLP). La chienne a développé de vagues symptômes de faiblesse et d’anorexie 7 j après la mise bas. L’examen clinico-pathologique a révélé une anémie, une thrombocytopénie et une élévation de la phosphatase alcaline. Une échographie a révélé un épanchement péritonéal avec une analyse du liquide compatible avec un hémoabdomen. Une laparotomie exploratoire a identifié un saignement hépatique multilobés ainsi qu’un utérus friable. Aucune autre anomalie n’a été détectée. À la connaissance des auteurs, il s’agit du premier cas rapporté d’hémorragie hépatique spontanée post-partum chez une chienne.

Message clinique clé :
Dans ce rapport, nous décrivons et comparons les résultats de ce cas à une affection bien décrite (syndrome HELLP) chez l’humain, qui entraîne également une hémorragie hépatique comme complication grave.

Prise en charge réussie d’une administration intraveineuse accidentelle d’aliment entéral chez un chien

Sarah Nugen, Rebecca Walton, Brittany Hyde (page 1053)

Une chienne croisée terrier stérilisée, âgée de 11 ans et pesant 6,38 kg, a été présentée aux urgences d’un grand hôpital spécialisé pour hyporexie et léthargie. Une masse duodénale perforée a été diagnostiquée. Une laparotomie exploratoire a permis d’identifier une masse perforée le long de la courbure duodénale. Une résection et une anastomose intestinales ont été réalisées, et une sonde nasogastrique a été mise en place. Deux jours après l’intervention, la chienne a reçu par erreur 16 mL d’un aliment liquide de formule commerciale par cathéter jugulaire à triple lumière. Lorsque l’erreur médicale a été détectée, 4 mL d’aliment et de sang ont été aspirés du cathéter jugulaire. L’extrémité du cathéter et un échantillon de l’aliment ont été soumis pour une culture. Les résultats de la culture du cathéter n’ont révélé aucune croissance, mais un staphylocoque résistant à la méthicilline a été isolé de l’aliment. Cinq jours après l’administration accidentelle, le chien a obtenu son congé de l’hôpital avec prise de clindamycine 11 mg/kg toutes les 12 h et céfpodoxime 7,5 mg/kg, PO, toutes les 12 h pendant 10 jours. L’histopathologie de la masse intestinale était compatible avec un lymphome à grandes cellules. Le chien a été réévalué 2 semaines après l’intervention et se portait bien.

Message clinique clé :
L’administration intraveineuse accidentelle d’alimentation entéral est une erreur médicale grave; cependant, ce cas clinique décrit une issue favorable.

Suspicion de mastocytome ganglionnaire primaire canin

Martin Duckhorn, Alejandro Alvarez-Sanchez, Chamisa Herrera (page 1057)

Une chienne Chihuahua stérilisée âgée de 8 ans a été diagnostiquée avec une suspicion de mastocytome primaire (MCT) du ganglion poplité gauche (GL). L’examen physique, la tomodensitométrie et l’échographie focalisée des membres postérieurs n’ont pas permis d’identifier de MCT tégumentaire primaire. Une asymétrie du GL iliaque médial ipsilatéral a été mise en évidence à l’échographie abdominale. L’exérèse chirurgicale du GL poplité gauche et de l’iliaque médial gauche a été complétée sans complication. L’examen histologique a confirmé l’effacement évident du MCT des deux GL. En postopératoire, la chienne a reçu une chimiothérapie adjuvante (vinblastine et prednisone). La chienne était en vie 562 j après l’intervention, sans signe de récidive de la maladie. À la connaissance des auteurs, il s’agit du premier rapport dans la littérature vétérinaire documentant une suspicion de MCT du GL primaire canin.

Message clinique clé :
Bien que rare, un MCT du GL primaire doit être un diagnostic différentiel de lymphadénopathie en l’absence de tumeur tégumentaire primaire.

Prise en charge réussie d’une intoxication à la lisdexamfétamine chez un chien malgré des complications d’hypoglycémie et de rhabdomyolyse

Minae Kawasaki, Elisabeth Snead (page 1063)

Un chien croisé beagle mâle castré de 15 ans a été vu en consultation pour des signes neuromusculaires, cardiovasculaires et gastro-intestinaux 7 h après l’ingestion accidentelle d’une dose toxique (33 mg/kg) de l’amphétamine dimésylate lisdexamfétamine. Les anomalies cliniques et clinico-pathologiques observées comprenaient dysphorie, mydriase, hyperesthésie, tremblements musculaires, tachycardie, tachypnée, hyperthermie, hématochézie, hypoglycémie légère, hémoconcentration et acidose métabolique. Le traitement initial par acépromazine intraveineuse (IV), butorphanol, méthocarbamol et cyproheptadine rectale, ainsi que des fluides IV additionnés de dextrose à 5 %, n’ont pas permis de contrôler les signes cliniques. L’état du chien a été stabilisé efficacement après l’administration IV de perfusions à débit constant (PDC) de dexmédétomidine (1 à 3 µg/kg par heure) et de butorphanol (0,2 mg/kg par heure). Le chien a été maintenu sous ce protocole PDC pendant 20 h, puis sevré sans réapparition de signes neuromusculaires et cardiovasculaires. Les analyses biochimiques sériques et urinaires réalisées à ce moment-là ont révélé une élévation marquée de la créatine kinase (multiplication par 100), une élévation légère à modérée des enzymes hépatiques (ALP : 2,4 fois, ALT : 9,5 fois, GLDH : 4 fois) et la présence d’une myoglobinurie, signe de rhabdomyolyse et d’une possible atteinte hépatique concomitante. L’animal s’est rétabli grâce à des soins de soutien et a obtenu son congé de l’hôpital 44 h après sa présentation. Une semaine après sa sortie, le chien était cliniquement normal et les analyses biochimiques sériques et urinaires ont confirmé la résolution de la rhabdomyolyse. Aucun signe d’insuffisance rénale secondaire à la rhabdomyolyse n’a été observé. À la connaissance des auteurs, il s’agit du premier rapport de survie après une intoxication à la lisdexamfétamine chez un chien. Les signes cliniques ont complètement disparu grâce à des traitements symptomatiques et de soutien, principalement une fluidothérapie IV et l’administration de sédatifs. Aucune complication à long terme n’a été signalée.

Message clinique clé :
Des traitements médicaux agressifs, incluant une PDC IV de dexmédétomidine et du butorphanol, en plus des perfusions intraveineuses, ont été efficaces pour la prise en charge d’un chien présentant une intoxication sévère à la lisdexamfétamine. Le chien s’est rétabli sans incident après 44 h d’hospitalisation, sans signe de complications à long terme secondaires à la rhabdomyolyse associée à la toxicose.

Hypernatrémie sévère chez une chienne après un traitement au charbon actif à la suite de l’ingestion de chocolat

Christina Genareo, Samuel Durkan (page 1071)

Une chienne Corgi stérilisée âgée de 7 ans a été prise en charge 1,5 h après l’ingestion de brownies au chocolat [dosage de théobromine : 88,3 mg/kg, poids corporel (PC)]. L’examen physique a révélé une légère tachycardie et une hyperthermie. Des vomissements ont été provoqués et la chienne a été traitée avec du maropitant et du charbon actif avec sorbitol (1,9 g/kg, PC, PO) avant le transfert aux urgences. Des tremblements et des convulsions ont été constatés 4,5 h après l’ingestion. Malgré la réhydratation, le traitement au charbon actif sans sorbitol (0,9 g/kg, PC, PO) a entraîné une élévation rapide de la concentration sérique de sodium de la chienne [Na : 174 mmol/L; intervalle de référence (RR) : 144 à 160 mmol/L]. La chienne a développé des signes neurologiques et une azotémie. Le traitement comprenait une fluidothérapie personnalisée, des anticonvulsivants, une ventilation en pression positive et l’administration de médicaments d’urgence à la suite d’un quasi-arrêt cardiaque. Grâce à des soins continus, le chien a pu sortir de l’hôpital 57 heures après son admission. Un mois après sa sortie, il présentait encore de légers signes vestibulaires qui ont disparu 10 mois après. À la connaissance des auteurs, il s’agit du premier cas rapporté documentant un chien développant une hypernatrémie sévère à la suite d’un traitement au charbon actif lié à une toxicose au chocolat. Les détails de ce cas pourraient être utiles aux cliniciens prenant en charge une toxicité complexe similaire, à ceux qui s’intéressent à une éventuelle récupération neurologique après une hypernatrémie sévère et à ceux qui cherchent à comprendre les facteurs de risque de développement d’une hypernatrémie liée au traitement au charbon actif.

Message clinique clé :
Un cas de toxicose au chocolat et une hypernatrémie sévère à la suite d’un traitement au charbon actif met en lumière le fait que les patients qui ont ingéré une toxine osmotiquement active, telle que le chocolat, surtout ceux à risque de déshydratation, pourraient être à un risque plus élevé d’hypernatrémie à la suite d’un traitement au charbon actif. Si du charbon actif est utilisé dans des ces cas compliqués, une surveillance fréquente des électrolytes et du statut neurologique du patient est recommandée afin de réduire le risque de développer une hypernatrémie potentiellement létale.

Carcinome épidermoïde papillaire buccal canin avec métastase ganglionnaire chez un chien

Hidetoshi Ito, Shiori Ito, Hirotaka Kondo (page 1077)

Le carcinome épidermoïde papillaire buccal canin est un sous-type rare de carcinome épidermoïde à faible potentiel métastatique. Ce rapport décrit un chien Labrador retriever mâle intact âgé de 6 mois présentant une masse intrabuccale de 2,2 × 2,1 cm située dans la gencive entre la 1ère et la 2e prémolaire mandibulaire droite. La tomodensitométrie a révélé une masse exophytique infiltrant la mandibule et la gencive mandibulaire droite, sans signe d’hypertrophie ganglionnaire régionale ni de métastase distante. L’examen histopathologique a confirmé la présence d’un carcinome épidermoïde papillaire buccal canin avec métastase au ganglion mandibulaire droit (retiré chirurgicalement) et du carboplatine a été administré en postopératoire. À 1404 j post-opératoires, aucune récidive locale ni métastase distante n’ont été observées. À la connaissance des auteurs, il s’agit du premier cas rapporté de carcinome épidermoïde papillaire buccal canin avec métastases aux ganglions lymphatiques. Le chien a été traité par chimiothérapie après la chirurgie et son pronostic à long terme était favorable.

Message clinique clé :
Le carcinome épidermoïde papillaire buccal canin n’a pas été signalé comme métastasant et est généralement traité localement par chirurgie ou radiothérapie. Cependant, comme dans le cas rapporté ici, des métastases aux ganglions lymphatiques peuvent survenir. Dans ce cas, une évaluation précise des métastases, incluant une biopsie par exérèse ganglionnaire et une chimiothérapie, peut s’avérer nécessaire.

Étude de cas d’un taux élevé de mortinatalités dans un élevage porcin

Sarah V. Hill, Maria del Rocio Amezcua, Eduardo S. Ribeiro, Terri L. O’Sullivan, Robert M. Friendship (page 1082)

Le problème d’un taux élevé de mortinatalités dans un élevage porcin a été étudié. L’examen des registres de production a révélé une portée moyenne de 13 porcelets nés vivants et de 1,5 porcelets mort-nés, les taux de mortinatalités étant plus élevés pour les portées de truies plus âgées. Cependant, la parité moyenne des truies étudiées n’était que de 2,7, ce qui indique un troupeau jeune. Les mesures du gras dorsal ont indiqué que de nombreuses truies étaient en surpoids, mais l’état corporel n’était pas associé au taux de mortinatalités. Les truies qui mettaient bas pendant les heures de travail produisaient moins de mortinatalités que celles qui mettaient bas en l’absence de personnel dans le bâtiment pour les assister. L’induction de la parturition par injection de prostaglandine après le 114e jour de gestation était couramment pratiquée et a entraîné des durées de mise bas plus longues pour les truies induites que pour les truies non induites (P = 0,001) et une tendance à la hausse des mortinatalités (P < 0,1). Les truies induites pour mettre bas n’étaient pas plus susceptibles de mettre bas pendant les heures de travail que les truies non induites.

Message clinique clé :
Il a été suggéré que, pour réduire le taux de mortinatalité dans ce troupeau, il serait judicieux d’étendre les heures de surveillance pendant les jours où la plupart des mises bas étaient attendues.

Utilisation de plusieurs modalités d’imagerie pour caractériser la cause d’une détresse respiratoire aiguë chez une chèvre croisée de 7 ans

Laura Fidler, C. Robert Stilz, Brian Huber, Naomi Crabtree (page 1089)

Le thymome est une tumeur fréquente chez les chèvres; cependant, la littérature concernant les meilleures modalités d’imagerie pour le diagnostic est rare. Dans ce cas, plusieurs modalités ont été utilisées lors de l’examen ante-mortem afin d’établir un diagnostic pour une masse médiastinale comme cause de détresse respiratoire aiguë chez une chèvre. La tomodensitométrie a ensuite été utilisée en conjonction avec l’examen post-mortem pour caractériser pleinement la masse et confirmer le thymome métastatique. Ce cas a démontré l’importance de l’imagerie avancée pour le diagnostic et l’orientation des décisions thérapeutiques; il a également mis en évidence la possibilité d’utiliser une combinaison d’alternatives lorsque l’imagerie transversale n’est pas disponible ou réalisable.

Message clinique clé :
Ce rapport met en avant d’autres modalités d’imagerie, telles que la fluoroscopie thoracique, disponibles pour diagnostiquer les masses thoraciques chez les chèvres lorsque l’imagerie avancée n’est pas disponible ou réalisable.

Articles

Résultats de la chirurgie transsphénoïdale chez 34 petits chiens atteints d’hypercortisolisme hypophysaire dépendant

Sachiyo Tanaka, Shuji Suzuki, Takahiro Teshima, Hirokazu Ishino, Asaka Kawana, Takahiro Taoda, Yasushi Hara (page 1094)

Objectif
Cette étude visait à évaluer les résultats cliniques de la chirurgie transsphénoïdale (CTS) chez des chiens de moins de 15 kg atteints d’hypercortisolisme hypophysaire dépendant (HHD).

Animaux
L’étude a porté sur 34 chiens de moins de 15 kg, diagnostiqués avec un HHD et ayant subi un CTS dans notre établissement entre 1999 et 2021.

Procédure
Les évaluations postopératoires comprenaient les complications mortelles dans les 4 semaines, l’étendue de la résection de la masse, la durée du diabète insipide central, la survie à long terme et la durée de la rémission.

Résultats
Cinq chiens sont décédés dans les 4 semaines suivant la CTS. Des résections complètes ont été réalisées chez 28 chiens, tandis que 6 chiens ont subi une résection partielle. Les facteurs associés à la résection partielle comprenaient un rapport hypophyse/cerveau plus élevé (rapport de cotes : 112 705,8; P = 0,014). La durée médiane du diabète insipide central après CTS était de 9,5 j. La survie postopératoire médiane à long terme était de 1228 j. Les taux de survie censurés estimés étaient de 83 % et 69 % à 1 an et 2 ans postopératoires, respectivement. Une récidive de l’HHD a été observée chez 2 chiens, avec une durée médiane de rémission postopératoire de 1188 j. Les taux sans récidive estimés étaient de 90 et 90 % à 1 an et 2 ans postopératoires, respectivement.

Conclusion et pertinence clinique
La chirurgie transsphénoïdale est un traitement efficace de l’HHD chez les chiens pesant moins de 15 kg, en particulier lorsque l’hypophyse est de petite taille.

Production lacrymale mesurée par le test de Schirmer-1 chez des chiens atteints de dermatite atopique

Jenifer Baker, Allison Cox, Tyler Udenberg, Vincent E. Defalque, Marina Leis (page 1104)

Objectif
L’objectif était de mesurer la production lacrymale à l’aide du test de Schirmer-1 (STT-1) chez des chiens atteints de dermatite atopique, afin d’évaluer une production lacrymale anormale.

Animaux
Nous avons évalué 47 chiens appartenant à des propriétaires et diagnostiqués avec une dermatite atopique sur la base de leurs antécédents, des signes cliniques, de la réalisation d’un régime d’exclusion et de satisfaire à au moins cinq critères diagnostiques de Favrot.

Procédure
Le test de Schirmer-1 a été réalisé sur chaque chien. Des valeurs < 15 mm/min étaient compatibles avec une faible production lacrymale et suggéraient une kératoconjonctivite sèche. Des valeurs > 25 mm/min étaient compatibles avec un épiphora dû à un larmoiement excessif.

Résultats
Vingt-et-un des 47 chiens atopiques présentaient des valeurs STT-1 hors norme dans au moins un œil. Trois patients présentaient des valeurs STT-1 < 15 mm/min et 18 des valeurs STT-1 > 25 mm/min dans au moins un œil.

Conclusion et pertinence clinique
Ces résultats suggèrent que la dermatite atopique pourrait être associée à une altération de la production lacrymale. Cependant, l’absence d’évaluation ophtalmologique complète ne permet pas de tirer de conclusions définitives concernant la kératoconjonctivite sèche et l’épiphora. Des études ultérieures visant à valider ces observations pourraient permettre de déterminer si le dépistage systématique des chiens atopiques à l’aide du STT-1 peut contribuer à la détection des manifestations oculaires de la dermatite atopique canine et ainsi optimiser les soins aux animaux.

Test éclair

(page 1045)

Rubriques

Éditorial

Les médecins vétérinaires et le leadership

John Kastelic, Tim Ogilvie (page 1040)

Veterinary Medical Ethics

(page 1043)

Ressources de l’ACMV en matière de santé et de bien-être des médecins vétérinaires

(page 1113)

Bien-être vétérinaire

Revue intégrative de la littérature sur la santé mentale des médecins vétérinaires en pratique des grands animaux en milieu rural

Courtney S. Labreque, Morgan Hale, Katherine Little, Michelle Pavloff, Sarah Kostiuk, Suzanne Mund (page 1121)

Défis du secteur bioalimentaire

Lives in food animal practice

Robert Tremblay (page 1136)

Annonces

Index des annonceurs

(page 1110)

Annuaire des entreprises

(page 1140)