LE MOT DE LA PRÉSIDENTE – En cette « ère de la colère », faire entendre notre voix n’a jamais été aussi important!
6 nov., 2025
Je soupçonne que beaucoup de médecins vétérinaires et de techniciens et techniciennes en santé animale (TSA) vivent de la frustration à la suite de la récente couverture médiatique concernant l’augmentation du coût des soins vétérinaires. Vos clients vous fontils des reproches, et vous accusentils de ne vous intéresser qu’à l’argent? Si vous travaillez dans une clinique qui appartient à un regroupement vétérinaire, avez-vous l’impression que les médias et les clients, mais aussi certains autres membres de la profession, vous ciblent comme étant la « cause principale » du problème? Je pense que nous sommes nombreux à nous sentir attaqués, en raison des articles sur la hausse des honoraires vétérinaires et de l’augmentation du nombre de cliniques appartenant à de grandes sociétés.
Le coût des services vétérinaires a augmenté plus que l’inflation au cours des cinq dernières années, tout comme celui des soins de santé humaine. On estime que l’augmentation annuelle moyenne s’est chiffrée entre 6 et 8 % (1,2). Le rôle des regroupements dans la hausse des frais vétérinaires est actuellement inconnu – il y a plusieurs rapports anecdotiques, mais peu ou pas de données concrètes dans la littérature évaluée par des pairs. Contrairement au système de santé pour les humains, en médecine vétérinaire, les propriétaires d’animaux paient 100 % de la facture, à moins d’avoir une assurance pour leurs compagnons. La plupart du temps, nos clients n’ont aucune idée du coût d’une intervention similaire pour les humains, car ils ne reçoivent jamais d’état de compte de notre système de santé (3). L’assurance pour animaux peut aider à couvrir les dépenses vétérinaires imprévues, mais à mesure que nos coûts augmentent, les primes d’assurance augmentent également. Dans un contexte où les budgets des ménages sont mis à rude épreuve en raison des pressions inflationnistes qui touchent de nombreux postes de dépenses, il n’est pas surprenant que les consommateurs commencent à s’interroger sur le coût des soins vétérinaires.
Cela ne veut pas dire que nous ne méritons pas nos salaires, que nos honoraires sont exagérés, ou que nous devrions facturer moins (ou travailler gratuitement). Les vétérinaires et tous les membres de notre équipe ont droit à une rémunération appropriée, et nos cliniques doivent être rentables pour survivre. Nous sommes devenus vétérinaires pour servir les animaux et la communauté, mais cela ne doit pas se faire au détriment de notre santé mentale et financière. Cependant, si nos honoraires continuent d’augmenter plus vite que l’inflation, notre marché va se rétrécir de plus en plus. Pour un nombre croissant de familles, le coût des services vétérinaires de base, comme les soins dentaires, devient inabordable. Qu’arrivera-t-il quand la plupart de nos clients n’auront plus les moyens de nous consulter?
L’accès aux soins vétérinaires est un problème épineux aux multiples facettes (4). Il n’existe pas de solution universelle, mais le marché canadien devrait avoir suffisamment de place pour une variété d’options, si nous sommes prêts à expérimenter. Nous devons garder l’esprit ouvert quant aux modèles de pratique qui pourraient inclure des TSA qui font plus de consultations (dans leur champ d’exercice), des cliniques communautaires caritatives, de la télémédecine pour les régions éloignées, et des pratiques à faible coût et à haut volume. Les clients nous répètent sans cesse qu’ils veulent des options; si cela signifie faire du continuum de soins le modèle standard dans nos pratiques ou adopter de nouvelles façons de faire, nous devrions leur donner ces choix. Faire les choses différemment ne signifie pas réduire nos normes de qualité – tous les types de pratiques peuvent offrir de l’excellente médecine et des soins empreints de compassion. Enfin, en tant que professionnels, nous ne devrions pas dénigrer nos collègues qui travaillent dans un modèle de pratique différent du nôtre.
Ces défis ne sont pas propres au Canada; des sentiments similaires ont été exprimés dans de nombreuses régions du monde. En Grande-Bretagne, l’équivalent de notre Bureau de la concurrence achèvera son enquête sur le secteur vétérinaire au printemps 2026. La British Veterinary Association a formulé des recommandations et invite les médecins vétérinaires à (5) :
- initier et à encourager des conversations ouvertes et honnêtes sur les honoraires dès les premières consultations;
- afficher une liste de prix pour les services les plus utilisés;
- donner de l’information claire sur les options de paiement disponibles;
- normaliser le principe des soins contextualisés (continuum des soins) dans la culture de leur pratique;
- proposer de manière proactive aux clients de leur remettre une ordonnance lorsque c’est approprié, et à discuter de différents moyens d’obtenir les médicaments prescrits;
- fournir de l’information sur la propriété de la clinique ainsi que sur les services associés.
Je crois que ces recommandations constituent un bon point de départ et que nous devrions tous les prendre en considération.
Enfin, je pense que nous devons raconter nos propres histoires, qui présentent la valeur de notre travail et la manière dont nous relevons les défis avec nos clients, y compris les défis financiers. Je remercie toutes les cliniques vétérinaires qui publient des anecdotes et de courtes vidéos destinées au grand public sur leurs pages Web – c’est fantastique! L’ACMV prépare une campagne nationale de relations publiques axée sur le partage de nos histoires, et nous avons besoin de nos membres pour créer et partager du contenu. Nous faisons partie d’une profession extraordinaire, qui mérite d’être célébrée et dont il faut parler de manière très ouverte et transparente. Le public est en droit de connaître la vérité sur notre profession, avec tout ce qu’elle comporte de positif et de négatif, et nous devrions nous sentir à l’aise de témoigner de notre réalité.
–Dre Tracy Fisher
