Rôle de la profession vétérinaire canadienne dans la lutte aux changements climatiques – Énoncé de position

octobre 21, 2022

Position

L’ACMV reconnaît que la profession vétérinaire canadienne doit jouer un rôle actif de premier plan en appuyant les efforts déployés par la société pour atténuer les effets des changements climatiques et pour se préparer et s’adapter à leurs impacts, conformément à l’engagement de la profession envers l’application des concepts « Une seule santé » et « Un seul bien-être ».

Sommaire

  • La profession vétérinaire canadienne est bien placée et d’une importance cruciale pour fournir un leadership, une expertise et de l’aide dans l’élaboration de stratégies pour la préparation, l’intervention, la durabilité et l’adaptation dans les domaines touchés par les changements climatiques.
  • Il est impératif que la profession vétérinaire canadienne collabore avec les parties prenantes, les partenaires et/ou les détenteurs de droits, y compris des représentants de l’industrie, du gouvernement, du milieu universitaire et des peuples autochtones, et le public afin de reconnaître et de relever les défis liés aux changements climatiques à l’échelle nationale et mondiale.
  • La profession vétérinaire jouit d’une grande confiance de la part du public, et a donc la responsabilité d’agir comme chef de file pour aider le Canada à atteindre ses objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre.
  • L’ACMV appuie l’organisation d’activités de formation pour les étudiants en médecine vétérinaire et les médecins vétérinaires en exercice au Canada sur des sujets tels que l’impact des changements climatiques et l’élaboration de stratégies de réduction des gaz à effet de serre faciles à mettre en oeuvre.

Contexte

  1. La science des changements climatiques est bien acceptée, et la notion que les gaz à effet de serre produits par l’activité humaine en sont la principale cause fait consensus (1,2).
  2. En tant que profession suivant les principes des concepts « Une seule santé » et « Un seul bien-être » (3), la profession vétérinaire a la responsabilité morale et éthique d’aider la société dans ses efforts d’atténuation des changements climatiques et de préparation et d’adaptation à leurs impacts.
  3. Il est reconnu que les changements climatiques actuellement en cours s’accélèrent et ont des effets perturbateurs et néfastes en lien avec les concepts « Une seule santé » et « Un seul bien-être » à l’échelle mondiale (4), en affectant notamment la santé et le bien-être des humains, la santé et le bien-être des animaux, la santé de la faune, et la durabilité des systèmes de production agricole et alimentaire, entre autres. Voici quelques exemples d’événements qui pourraient devenir plus fréquents et plus graves en raison des changements climatiques :
    • inondations;
    • sécheresses;
    • feux de forêt;
    • épidémies de maladies émergentes ou zoonotiques (y compris les maladies à transmission vectorielle), souvent en dehors des régions où elles sont normalement observées;
    • apparition d’espèces envahissantes.
    Ces événements peuvent perturber les activités agricoles, causer une insécurité alimentaire, entraîner une perte de biodiversité et avoir des conséquences néfastes pour la santé et le bien-être des humains et des animaux.
  4. Pour éviter des dommages graves et irréversibles à la santé et au bien-être des humains et des animaux dans les années à venir, il faudra élaborer et mettre en oeuvre des stratégies permettant à la société d’atténuer les effets des changements climatiques et de s’y adapter.
  5. Le climat dans les pays nordiques comme le Canada se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, et trois fois plus vite dans le nord du Canada (4). Ainsi, la communauté vétérinaire canadienne et tous ceux qui s’affairent à promouvoir et à protéger la santé des animaux domestiques et sauvages du Canada risquent d’être touchés beaucoup plus tôt par les changements climatiques que leurs homologues de nombreux autres pays. Il est donc impératif que la profession vétérinaire canadienne collabore avec les parties prenantes, les partenaires et/ou les détenteurs de droits, y compris des représentants de l’industrie, du gouvernement, du milieu universitaire et des peuples autochtones, et le public afin de reconnaître et de relever les défis liés aux changements climatiques à l’échelle nationale et mondiale (5).
  6. La profession vétérinaire canadienne joue un rôle de premier plan dans les approches « Une seule santé » et « Un seul bien-être » puisqu’elle agit sur la santé humaine, animale et écosystémique (6). Elle est ainsi bien placée et d’une importance cruciale pour fournir un leadership, une expertise et de l’aide dans l’élaboration de stratégies pour la préparation, l’intervention, la durabilité et l’adaptation en lien avec les changements climatiques, y compris par son implication et son appui dans les domaines suivants :
    • la détection, la surveillance, la prise en charge et la maîtrise des maladies émergentes et zoonotiques, y compris les maladies à transmission vectorielle;
    • la santé de la faune et des écosystèmes;
    • la sécurité alimentaire et l’innocuité des aliments;
    • les pratiques de productions animales actuelles visant l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation à leurs impacts (par exemple, les efforts de capture de carbone, tels que la régie adéquate des pâturages, la rotation des cultures et la gestion des déchets);
    • la recherche sur l’amélioration et la promotion des pratiques de productions animales mentionnées ci-dessus;
    • la gestion des catastrophes naturelles comme les incendies et les inondations, y compris les stratégies de préparation et d’intervention;
    • le bien-être animal, y compris les défis posés par les changements climatiques en ce qui a trait au bien-être des animaux de compagnie, du bétail et de la faune.
  7. La profession vétérinaire canadienne est bien placée pour créer des ponts et amorcer le dialogue sur le sujet des changements climatiques en raison de ses liens de confiance avec l’industrie, le gouvernement, le milieu universitaire, les peuples autochtones et le public. La profession est notamment une voix essentielle dans la communication des risques concernant les impacts des changements climatiques sur les productions animales, la santé et le bien-être. Les efforts de communication des risques doivent être dirigés vers les intervenants (par exemple, les clients vétérinaires, les autres professionnels de la santé, le grand public, les gouvernements, et les secteurs de la production alimentaire) par des activités de sensibilisation. En outre, les stratégies de gestion des risques visant à améliorer la préparation, l’intervention et l’adaptation dans les domaines des productions animales, de la santé et du bien-être devraient être élaborées dans le cadre d’un processus de collaboration multipartite qui devrait inclure des médecins vétérinaires ou, dans bien des cas, être dirigé par des médecins vétérinaires.
  8. La profession vétérinaire à l’échelle mondiale a reconnu son rôle essentiel pour aider la société à relever les défis actuels et futurs posés par les changements climatiques.
    Voici quelques exemples :
    • Des professionnels vétérinaires témoignent individuellement de l’impact des changements climatiques sur la santé animale et humaine et de la nécessité pour les médecins vétérinaires de jouer un rôle de sensibilisation dans la société (7,8).
    • L’American Veterinary Medical Assocation (AVMA) souligne le rôle clé que les médecins vétérinaires jouent en matière de durabilité et de résolution de problèmes en raison des interrelations entre la science de l’environnement, les changements climatiques et la santé animale (9,10).
    • Des associations vétérinaires en Australie et en Grande-Bretagne reconnaissent le rôle clé de la profession vétérinaire pour aider la société à relever les défis associés aux changements climatiques par l’élaboration de politiques et de publications (11,12).
    • La World Veterinary Association (WVA) a publié en 2020 un énoncé de position sur l’urgence mondiale en matière de changements climatiques (13).
  9. La profession vétérinaire canadienne jouit d’une grande confiance du public, et a donc la responsabilité de jouer un rôle de chef de file pour aider le Canada à atteindre ses objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre en faisant de la sensibilisation et en employant des stratégies et des pratiques individuelles et d’entreprise visant à réduire le plus possible la production de gaz à effet de serre et de déchets et à encourager la réutilisation des matériaux.
  10. L’ACMV appuie l’organisation d’activités de formation pour les étudiants en médecine vétérinaire et les médecins vétérinaires en exercice du Canada sur des sujets tels que les impacts des changements climatiques, la préparation et l’intervention en cas d’urgence, les stratégies d’adaptation pour soutenir la durabilité environnementale des productions animales, des mesures de réduction des gaz à effet de serre faciles à mettre en oeuvre pour les pratiques vétérinaires, et d’autres stratégies d’atténuation des changements climatiques.

Références

  1. Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC). 2022. https://www.ipcc.ch/.
  2. Gouvernement of Canada. Changements climatiques. 2022. https://www.canada.ca/fr/services/environnement/meteo/changementsclimatiques.html. 
  3. Lindenmayer JM, Kaufman GE. One Health and One Welfare. Tanya Stephen, éd. One Welfare in Practice. Publié par CRC Press le 26 octobre 2021. https://www.routledge.com/One-Welfare-in-Practice-The-Role-of-the-Veterinarian/Stephens/p/book/9780367904067 et https://www.onehealthcommission.org/documents/filelibrary/resources/library/book_chapters/One_Health_and_One_Welfare_Chapter__1884F534ED0DD.pdf.
  4. Gouvernement du Canada. Se préparer aux changements climatiques – Stratégie nationale d’adaptation du Canada (Document de travail – mai 2022). https://www.canada.ca/fr/services/environnement/meteo/changementsclimatiques/plan-climatique/strategie-nationale-adaptation/preparer-document-travail-mai-2022.html.
  5. Stephen C, Stemshorn B. Climate Change and Veterinary Medicine: Action is needed to retain social relevance. Can Vet J 2019;60(12):1356-1358. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6855223/. 
  6. Renwick S. Managing global infectious disease threats: The Role of the Veterinary Community. Frontline Safety and Security 2015. https://security.frontline.online/article/2015/3/3537-The-Role-of-the-Veterinary-Community. 
  7. Kramer CG, et al. Veterinarians in a Changing Global Climate: Educational Disconnect and a Path Forward. Front Vet Sci 2020. https://doi.org/10.3389/fvets.2020.613620.
  8.  Kiran D. Empowering Veterinarians to be Planetary Health Stewards Through Policy and Practice. https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fvets.2022.775411/full.
  9. JAVMA. Environment chair sees strong veterinary connection. 2018. https://www.avma.org/javma-news/2018-04-15/environment-chair-sees-strong-veterinary-connection.
  10. Mazet J. Veterinarians could lead sustainability efforts. JAVMA 2020. https://www.avma.org/javma-news/2020-11-01/veterinarians-could-lead-sustainability-efforts. 
  11. Australian Veterinary Association. Climate change and animal health, welfare, and production. 2016. https://www.ava.com.au/policy-advocacy/policies/environment-and-conservation/climate-change-and-animal-health-welfare-and-production/. 
  12. British Veterinary Association. Focus on Climate Change. Veterinary Record 2021. https://bvajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/toc/10.1002/(ISSN)2042-7670.focus-on-climate-change.
  13. Word Veterinary Association. WVA Position on the Global Climate Change Emergency. 2020. https://worldvet.org/uploads/news/docs/wva_position_on_the_global_climate_change_emergency.pdf