Ventriculocordectomie (dévocalisation) des chiens – Énoncé de position

février 22, 2022

L’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV) s’oppose à la ventriculocordectomie (dévocalisation) non thérapeutique des chiens.

Position

L’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV) s’oppose à la ventriculocordectomie (dévocalisation) non thérapeutique des chiens.

Sommaire

  • La ventriculocordectomie (dévocalisation) non thérapeutique des chiens est une intervention chirurgicale visant à réduire de façon permanente les aboiements indésirables.
  • La dévocalisation peut avoir de graves conséquences sur la santé et le bien-être des chiens.
  • L’aboiement est un comportement normal des chiens et un important moyen de communication.
  • La dévocalisation ne corrige pas la cause sous-jacente des aboiements indésirables.

Contexte

  1. La ventriculocordectomie (dévocalisation) non thérapeutique des chiens (aussi appelée ablation des cordes vocales ou suppression de la voix) est une intervention chirurgicale durant laquelle les cordes vocales sont entièrement ou partiellement enlevées pour empêcher un chien d’aboyer ou pour réduire le volume, la tonalité et l’intensité des aboiements du chien.
  2. La ventriculocordectomie thérapeutique des chiens peut être réalisée pour des raisons valables, comme l’obstruction des voies respiratoires, la paralysie laryngée ou un cancer (1).
  3. D’importants problèmes liés à la santé et/ou au bien-être animal peuvent découler de la dévocalisation, notamment :
    1. les risques inhérents à l’anesthésie générale (y compris la mort);
    2. l’inconfort et la douleur postopératoire;
    3. les complications postopératoires à court terme, comme le saignement, l’enflure, l’infection, la toux et les nausées (1,2);
    4. les complications postopératoires à long terme comme la pneumonie par aspiration, le stridor (respiration bruyante), la détresse respiratoire, la sténose (rétrécissement) des voies respiratoires et la formation de tissu cicatriciel, pouvant mener à une intolérance à l’effort ou à la chaleur et au collapsus (2-4);
    5. augmentation de la frustration, de la peur et de l’anxiété.
  4. Le retour d’un aboiement presque normal peut se produire dans les mois qui suivent la dévocalisation non thérapeutique, ce qui peut annuler les avantages perçus de l’intervention (2).
  5. En raison de préoccupations liées au bien-être animal, la dévocalisation non thérapeutique est interdite dans de nombreux endroits du monde, y compris le Royaume-Uni, l’Union européenne, plusieurs États américains, la Nouvelle-Zélande et l’Australie (dans certaines circonstances), ainsi qu’en Alberta (5-9).
  6. L’aboiement est un comportement normal des chiens. Il sert de moyen de communication lors d’interactions comme le jeu, la salutation, l’alerte, la protection et l’avertissement. Il a été suggéré que l’aboiement pourrait avoir évolué afin d’inclure la communication interespèces entre les chiens et les humains au lieu de se limiter à la communication intraespèce (10-12). Plusieurs raisons peuvent expliquer les aboiements excessifs chez les chiens, comme l’ennui, une mauvaise socialisation, l’isolement social, la recherche d’attention, la réponse à un stimulus externe (par exemple, lorsque d’autres chiens jappent) et des troubles du comportement (tels que l’anxiété de séparation) (10,12,13).
  7. Pour contrôler les aboiements indésirables, il est essentiel de comprendre et de traiter la cause sous-jacente. La dévocalisation comme solution aux aboiements indésirables sans traiter la cause sous-jacente entraîne souvent d’autres comportements indésirables de rechange déclenchés par la peur ou l’anxiété (10).

    Un professionnel vétérinaire ayant de l’expérience en modification du comportement devrait être consulté en collaboration avec un éducateur canin recommandé par un médecin vétérinaire pour déterminer les causes sous-jacentes et recommander un programme de traitement pour atténuer les aboiements excessifs. Si un traitement pharmacologique (médicament) est indiqué en complément à la modification comportementale, par exemple dans les cas de vocalisation excessive liée à l’anxiété de séparation, un médecin vétérinaire doit être consulté.

    Les solutions environnementales à envisager comprennent l’installation de barrières visuelles à l’extérieur de la maison, l’insonorisation dans les grands chenils, l’emploi de distributeurs automatiques de nourriture et le recours aux phéromones apaisantes (10,13,14).
  8. Les aboiements excessifs associés à l’anxiété ne sont pas corrigés efficacement par les méthodes punitives (comme l’emploi d’un collier électronique), car ces dernières peuvent exacerber l’anxiété (12,13).

Références

  1. Zikes C, McCarthy T. Bilateral ventriculocordectomy via ventral laryngotomy for idiopathic laryngeal paralysis in 88 dogs. J Am Anim Hosp Assoc 2012;48:234-244.
  2. Fossum TW. Surgery of the upper respiratory system. Fossum TW, éd. Small Animal Surgery, 4th Edition, Mosby Elsevier, 2012, 919-923.
  3. Bahr KL, Howe L, Jessen C, Goodrich Z. Outcome of 45 dogs with laryngeal paralysis treated by unilateral arytenoid lateralization or bilateral ventriculocordectomy. J Am Anim Hosp Assoc 2014;50:264-272.
  4. Holt D, Harvey C. Glottic stenosis secondary to vocal fold resection: Results of scar removal and corticosteroid treatment in nine dogs. J Am Anim Hosp Assoc 1994;30:396-400.
  5. The Animal Welfare Act (2006). Disponible au : http://www.legislation.gov.uk/ukpga/2006/45/contents (dernière consultation en février 2021).
  6. European Convention for the Protection of Pet Animals (1992). Disponible au : http://conventions.coe.int/Treaty/EN/Treaties/Html/125.htm (dernière consultation en février 2021).
  7. American Veterinary Medical Association. State laws governing elective surgical procedures (2019). Disponible au : https://www.avma.org/Advocacy/StateAndLocal/Pages/sr-elective-procedures.aspx (dernière consultation en février 2021).
  8. New Zealand Government. Code of Welfare: Dogs (2018). Disponible au : https://www.mpi.govt.nz/dmsdocument/46030-Code-of-Welfare-Dog (dernière consultation en février 2021).
  9. Queensland Government. Animal Care and Protection Act (2001). Disponible au : https://www.legislation.qld.gov.au/view/html/inforce/current/act-2001-064 (dernière consultation en février 2021).
  10. Overall KL. Miscellaneous behavioral problems: Emphasis on management. Clinical Behavioral Medicine for Small Animals 1997:261-262.
  11. Pongrácz P, Molnár C, Miklósi A. Barking in family dogs: An ethological approach. Vet J 2010;183:141-147. Disponible au: http://molcsa.web.elte.hu/irattar/Pongracz_2009_VetJ.pdf (dernière consultation en février 2021).
  12. Stafford K. Behavioural problems. Stafford K, éd. The Welfare of Dogs, Dordrecht, Pays-Bas, Springer, 2007, 199-213.
  13. Juarbe-Díaz SV. Assessment and treatment of excessive barking in the domestic dog. Vet Clin North Am Small Anim Pract 1997;27:515-532.
  14. Protopopova A, Kisten D, Wynne C. Evaluating a humane alternative to the bark collar: Automated differential reinforcement of not barking in a home-alone setting. J Appl Behav Anal 2016;49(4):735-744.

Lectures additionnelles

  1. ACMV. Interventions vétérinaires non urgentes et non thérapeutiques à des fins esthétiques ou compétitives – Énoncé de position (2019). Disponible au : https://www.veterinairesaucanada.net/documents/elective-nontherapeutic-procedures-for-cosmetic-competitive (dernière consultation en février 2021).
  2. ACMV. Éducation des chiens sans violence– Énoncé de position (2021). Disponible au: https://www.canadianveterinarians.net/documents/humane-training-of-dogs (dernière consultation en février 2021).